Dossier Seniors : le saviez-vous ?
Dans son rapport paru début octobre, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) indique qu’en 2030, la France comptera 20,6 millions de seniors de 60 ans ou plus, soit 1,9 million de plus qu’en 2023. Cette évolution démographique nécessitera un personnel plus important et qualifié pour prendre soin des personnes âgées en perte d’autonomie, car les seniors aspirent à rester chez eux autant qu’ils le peuvent. Un souhait rendu possible grâce aux aides et aux services existants pour bien vieillir à domicile, ainsi que dans notre société.
Emploi des seniors, activité physique, voyages, participation à la vie citoyenne… Et si les années n’étaient plus un fardeau, mais une ouverture offrant de nouvelles opportunités ?
Seniors actifs
À compter du 1ᵉʳ décembre 2024, les règles d’indemnisation de l’assurance chômage devaient changer. Avec cette réforme, la période d’indemnisation allait être plafonnée à 15 mois pour les chômeurs de moins de 57 ans et à 22,5 mois pour les plus de 57 ans. Finalement, ce projet a été mis de côté, mais ce n’est que partie remise. En effet, Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a invité les chefs d’entreprise et les syndicats à entamer des négociations “dans les semaines à venir” concernant l’emploi des travailleurs seniors et l’assurance-chômage. À noter que, selon l’Unédic, chargé de la gestion de l’Assurance chômage, les seniors restent plus longtemps inscrits à France Travail : 520 jours en moyenne en 2021, contre 340 pour les 25-49 ans. Dans les Vosges, trois demandeurs sur dix ont plus de 50 ans.
Plus isolés dans le Grand Est
Chaque année, début octobre, à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, l’association les Petits Frères des Pauvres dévoile un rapport sur la situation des seniors. Cette neuvième édition offre un aperçu de la situation de pauvreté des 60 ans et plus, et analyse leurs conditions de vie ainsi que leurs privations. Les constats sont préoccupants : le taux de pauvreté des personnes âgées est en augmentation depuis 2015, atteignant désormais 11 % et même 18 % pour les aînés vivant seuls, alors qu’il s’était maintenu aux alentours de 8 % pendant plusieurs années. En 2024, on estime à environ 2 millions le nombre de personnes de 60 ans et plus vivant en dessous du seuil de pauvreté (établi à 1 216 € pour une personne seule). Le minimum vieillesse, qui est l’allocation destinée aux personnes âgées touchant les retraites les plus basses, s’élève à 1 012 €, soit plus de 200 € en dessous du seuil de pauvreté. Autre constat, selon l’association, 69 % des seniors pauvres se privent de repas, de chauffage, de soins, mais aussi de lien social. Un isolement plus marqué dans le Grand Est notamment en milieu rural dans les Ardennes et la Meuse.
Le vieillissement n’est pas linéaire
Des scientifiques américains ont identifié deux moments clés de la vie où le processus de vieillissement s’accélère. Ces résultats ont été publiés dans la revue Nature l’été dernier. Comprendre les changements moléculaires du vieillissement et trouver des cibles thérapeutiques pour les maladies liées au vieillissement sont essentiels pour prolonger la durée de vie. Contrairement à une progression linéaire, les chercheurs ont observé une accélération de la prévalence des maladies liées au vieillissement et du risque de mortalité à des moments précis de la vie, soulignant ainsi l’importance d’étudier les changements moléculaires de manière non linéaire. L’étude a été très approfondie, avec la collecte de 5 405 échantillons biologiques et l’analyse de 135 239 caractéristiques biologiques, ce qui a permis d’obtenir près de 246 milliards de points de données.
Au cours de cette étude, les chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) ont suivi les résultats des analyses de 108 volontaires âgés de 25 à 75 ans pendant plusieurs années. Ils ont identifié deux périodes majeures de dérégulation : vers 44 ans et 60 ans (durant lesquelles le processus de vieillissement semble s’accélérer).
Ces deux stades correspondent à des phases de vieillissement accéléré pour la peau, les muscles et le système cardiaque. Après 44 ans, le corps supporte moins bien l’alcool, la caféine et les graisses. Après 60 ans, les systèmes immunitaire et rénal montrent des signes de fragilité, et la capacité d’assimilation des sucres diminue, augmentant ainsi le risque de diabète de type 2.
Contrairement aux idées reçues, les hommes et les femmes sont affectés de la même manière. Néanmoins, cette étude doit être davantage approfondie et élargie, car le processus de vieillissement dépend de plusieurs facteurs qui varient d’une personne à une autre.