Cinéma : Orpheline d’Arnaud des Pallières (bande annonce)
C’est d’abord l’histoire d’une rencontre. Celle d’un cinéaste (Arnaud des Pallières) et d’une scénariste (Christelle Berthevas). Sur la production du précédent film du premier (Michael Kohlhaas), cette dernière lui confie les souvenirs de sa jeunesse. Orpheline est le fruit de cette fertilisation croisée.
Un portrait de femme (dans la filmographie d’un réalisateur qui en manquait cruellement jusque-là), en quête d’une liberté dont elle ne parvient pas bien à définir les contours. Cette quête de soi donne lieu à une merveilleuse idée de cinéma : faire jouer le même rôle par quatre actrices différentes à quatre étapes de sa vie. Soit Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et la petite Vega Cuzytek.
Quand le film commence, c’est sous les traits d’Adèle Haenel que se dévoile l’héroïne. Institutrice, celle qui mène une vie bien rangée va recevoir la visite d’une vieille connaissance (jouée par Gemma Arterton) qui vient remuer les souvenirs d’un passé pas si lointain… S’engage un récit à rebours, pour tenter de capter les nuances du personnage.
Tout au long du film, des Pallières opte pour une narration fragmentaire, multiplie les ellipses. Un dispositif scénaristique de petit malin qui permet aussi au spectateur de ne pas chercher à systématiquement justifier le comportement de l’héroïne (tout en en rejetant toute tentative d’interprétation psychologique).
Tantôt Kiki, Karine, Sandra ou Renée, la jeune femme du film demeure insaisissable. On comprend mieux, alors, pourquoi des Pallières a voulu quatre actrices (toutes très bien) pour un même personnage, qui ne cherchent jamais à se raccrocher à l’interprétation d’une autre mais jouent leur partition à leur façon, comme autant de facettes d’une même personne qui cherche par tous les moyens l’émancipation. Beau et puissant.
Un film d’Arnaud des Pallières, avec Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, Adèle Haenel,… 1h51. Sortie le 29 mars.
Bande annonce d’Orpheline :
