Salon Habitat et Bois d’Épinal : bûches ou granulés pour vous chauffer cet hiver ?
Les Français ont un attachement fort au chauffage bois. Mais la hausse du prix des énergies impacte également les prix de ce combustible. Comment les consommateurs réagissent-ils ? Éléments de réponse avec Dominique Ferry, gérant de Pierres – Décor.
Du bois bûche au granulé, comment le marché a-t-il évolué ?
Il y a une dizaine d’années, les Français avaient un gros engouement pour le bois bûche et les belles cheminées. À la fin des années 2000, et jusqu’à 2010, il y a eu un tournant. Une désaffection complète pour ces foyers traditionnels avec poutre et pierre sculptée. Beaucoup de monde nous a demandé de casser ces cheminées pour installer des poêles à bois. Le poêle prenait le pas sur le foyer car les gens le trouvaient plus pratique et moins encombrant, plus en accord avec l’aménagement de leur espace intérieur. La tendance, en termes de décoration, était aussi à de petits foyers très sobres : fini les volutes sculptées dans la pierre et les poutres.
Puis le poêle à granulés est apparu…
Il était déjà en place depuis un certain nombre d’années, mais les retours sur ces produits étaient tellement négatifs que les gens s’en détournaient. Jusqu’à ce que nos fournisseurs se mettent sur les rangs du granulé avec des appareils beaucoup plus performants et moins bruyants que leurs prédécesseurs. En 5 ans, ils ont supplanté le bois bûche. Aujourd’hui, les primo accédants (mais aussi les personnes de plus de 65 ans) ne veulent plus s’embêter avec les corvées de bois et pouvoir appuyer sur un bouton pour piloter le feu.
La hausse des prix, freine-t-elle cet engouement ?
Il y a encore un an et demi, le granulé bois était très compétitif. Aujourd’hui il a plus que doublé. Et je pense que cela ne va pas s’arrêter tout de suite. Ni que le tarif reviendra à son niveau initial ; ce qui nous fait nous questionner. J’espère que ce sera momentané, mais nous nous attendons à des pénuries cet hiver, ce qui fera encore monter les prix.
Matière première pour nombre d’usages, le bois est-il une ressource en danger ?
C’est exact. Le lobbying est réel. Je suis adhérent à Propellet, un organisme qui défend le pellet. Dans le même temps, je me dis que l’on ne peut pas continuer à produire à partir des seuls bois d’éclaircie ou de récupération de sciures et que, forcément, du bois noble part dans ce produit, auquel il n’est pas destiné. Et ça je le déplore. En fait, les clients reviennent au bois bûche, même si son prix augmente lui aussi. Ils en attendent de moins dépendre des fournisseurs et des intermédiaires qui font la pluie et le beau temps. De plus, dans notre région le bois bûche est très accessible et a toujours de l’avenir. Dire si cette situation de retour au bois bûche sera pérenne ou momentanée ? On ne peut pas le savoir pour l’instant. La situation est plus difficile pour les fabricants de poêles à granulés du fait de la pénurie de matériaux et de composants. Les clients qui commandent un appareil aujourd’hui ne seront livrés qu’en février 2023. Pour finir, il y a également la menace de coupures d’électricité cet hiver, qui inquiète et incite à choisir le bois bûche.
Prolongez la discussion avec Dominique Ferry au stand n°17 de la Grande Halle.
