Accueil > Focus > #salonhabitatetbois2023 > Fibois Grand-Est : L’attachement à la forêt et l’engouement pour le matériaux bois sont-ils compatibles ?

Fibois Grand-Est : L’attachement à la forêt et l’engouement pour le matériaux bois sont-ils compatibles ?

Le 12 septembre 2023 par Francoise Fontanelle
Pascal Triboulot, vice-président de Fibois Grand Est, sera sur le stand Fibois du Salon Habitat et Bois 2023.

Le salon Habitat et Bois est un temps fort pour les experts de la filière bois du Grand Est qui, à cette occasion, partagent leur connaissances sur la forêt et la production bois que nous consommons. Pascal Triboulot  – vice-président de Fibois Grand Est, professeur expert filière bois à l’ENSTIB et membre de la Commission des Titres d’ingénieur au collège académique  – analyse cette distorsion émotionnelle encore très présente dans les mentalités et qui est parfois nommée « syndrome Idéfix ».

Pascal Triboulot, vice-président de Fibois Grand Est, professeur expert filière bois à l'ENSTIB et membre de la Commission des Titres d'ingénieur au collège académique.
Pascal Triboulot, vice-président de Fibois Grand Est, professeur expert filière bois à l’ENSTIB et membre de la Commission des Titres d’ingénieur au collège académique.

« Le succès certain du salon Habitat et Bois traduit l’intérêt que peut avoir la société, vis-à-vis du bois je ne sais pas, mais vis-à-vis de la forêt, c’est sûr. C’est d’ailleurs une des difficultés à laquelle nous sommes confrontés.

On parle énormément de la forêt, j’ai écouté, lu et vu pendant cet été le nombre de reportages, d’articles et d’émissions consacrés à la forêt. Cependant, et c’est gênant pour la filière, c’est que l’on en parle toujours de la même manière. Tout le monde est d’accord pour dire qu’elle est essentielle. D’un autre côté, le salon lui-même illustre l’intérêt que l’on porte au bois en tant que matériau et énergie. Or, il existe entre les deux un chaînon manquant que l’on n’arrive pas à combler. Schématiquement, tout le monde voudrait utiliser du bois mais il ne faudrait pas couper les arbres ! Cela pose un vrai problème vis-à-vis duquel il est nécessaire d’apporter des explications et de faire de la pédagogie.

Tout le monde a compris l’intérêt du bois : une ressource locale, un matériau renouvelable issu de cette magnifique machine qu’est l’arbre et qui, lors de sa « fabrication », a un impact positif sur l’environnement puisqu’elle absorbe du C02 !

Christine Farcy (Ingénieur agronome (Eaux et Forêts) de l’Université de Louvain, docteur en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique sur l’aménagement forestier et les nouvelles attentes d’une société en mutation, ndlr), qui s’intéresse beaucoup au problème forêt/bois/société, parle de « continuum émotionnel » entre la forêt et le bois qui, en l’absence de ce chaînon manquant, fait que des militants assidus du bois (parce que c’est mieux que le béton ou ceci ou cela) sont les même que ceux qui vous expliquent qu’il ne faut pas couper les forêts.

Le professeur Natterer (Ingénieur allemand, professeur de construction en bois à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, ndlr) avait dit « Seules les construction bois peuvent sauver les forêts du monde », ce qui peut sembler étrange pour beaucoup de gens. Pourtant, il avait profondément raison, car une des causes principales du changement climatique est la production de C02, or le secteur, qui fait partie des plus gros générateurs de C02, est celui de la construction. De toute évidence, plus on substituera le bois au béton et à l’acier, moins on aura de problématiques liées à la production de CO2, donc moins de réchauffement climatique et moins de forêts en souffrance. Dans les Vosges, il y a toujours eu des scolytes. Les problèmes sanitaires auxquels nous sommes confrontés sont le résultat d’un affaiblissement de la vitalité des arbres, dû au changement climatique, qui les rend incapables de résister à leurs agresseurs.

 « Seule la construction bois pourrait sauver les forêts du monde », c’est une belle affirmation. C’est ce que les acteurs de la filière bois du Grand Est expliquent en permanence, mais ils sont moins entendus que les médias. La réponse à cette question est donc paradoxale, car plus on se passionne pour ce matériau plus on veut l’utiliser et plus il faut de récoltes forestières. Cependant – et sans pour autant ignorer les problèmes liés à la déforestation dans l’hémisphère sud qui sont liés à la montée en puissance de l’agriculture industrielle  –, la forêt, en Europe, est en capacité de le faire, puisque l’on y récolte environs 60 % de la croissance biologique annuelle, malgré la crise des scolytes. 

Résoudre cette ambiguïté entre le fait de vouloir « mettre la forêt sous cloche » et d’utiliser le bois pour la construction ou le chauffage, doit passer par une acculturation. Une acculturation qui aura bien lieu du fait que la société, elle-même, demandera de plus en plus de matériaux biosourcés parmi lesquels le bois figure en première place et parce que le bois est à la fois : un matériau et une énergie qui pousse. »

Retrouvez notre dossier complet consacré au Salon Habitat et Bois 2023 : ici !

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin