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Réindustrialiser les territoires ruraux et semi-urbains. Le point avec Simon Leclerc, président de la CCOV et maire de Neufchâteau.

Le 29 mars 2024 par Francoise Fontanelle
Simon Leclerc, président de la communauté de communes de l’Ouest des Vosges (CCOV) et maire de Neufchâteau
© Ville de Neufchâteau

L’Ouest des Vosges démontre, par sa situation géographique, que ruralité et développement industriel ne sont pas antinomiques. Simon Leclerc, président de la communauté de communes de l’Ouest des Vosges (CCOV) et maire de Neufchâteau nous explique pourquoi.

Entre ruralité et industrie, comment la communauté de communes de l’Ouest des Vosges se définit-elle ?

L’ouest Vosgien est un territoire historiquement rural qui s’est tourné vers l’artisanat et l’industrie pour assurer son développement. L’industrie y occupe aujourd’hui une place centrale et participe, à l’accroissement du dynamisme de l’intercommunalité. C’est un levier capital pour la bonne santé économique et sociale de notre territoire.

Actuellement, nous devons faire face à une conjoncture économique vulnérable, à des liens de convergences entre taux d’emploi et démographie plus prégnants. Aussi, la reconquête et le développement industriel deviennent des enjeux prépondérants. Or, le contexte est très différent, l’industrie doit s’observer de manière pluridimensionnelle. Vectrice de transition écologique, elle dépasse le cadre des enjeux économiques et sociaux et est amenée à se transformer en prenant en compte de nombreux aspects et perspectives, comme la réduction de l’empreinte carbone ou encore de l’économie des ressources.

Quelles sont les filières phares du territoire de la communauté de communes ?

Au moment d’évoquer les filières majeures de notre territoire, il est essentiel de mettre en lumière celle du bois et de l’ameublement.

Historiquement installée sur notre territoire en raison de la proximité des ressources, héritage multiséculaire d’une tradition et d’un savoir-faire, l’ameublement, et plus largement la filière bois, a longtemps été le poumon économique et reste aujourd’hui un vecteur indispensable de notre rayonnement industriel. Cette filière illustre parfaitement la résilience qui caractérise notre territoire. Elle a connu le succès, puis les crises. Elle s’est transformée, réformée et reste aujourd’hui, malgré les épreuves, l’emblème d’excellence du tissu industriel de l’ouest vosgien, notamment à Liffol-le-Grand avec des entreprises incontournables comme Laval, Counot Blandin ou encore Henryot & Cie.

L’ouest vosgien se démarque également avec des filières innovantes dans le domaine de l’emballage et du recyclage du verre et du plastique, avec la présence de O-I Manufacturing à Gironcourt-sur-Vraine, de Wellman à Neufchâteau, ou encore de Sibelco-Girev à Saint-Menge et à Châtenois. Il est aussi dynamique dans le domaine de l’agroalimentaire avec des entreprises telles que Rians à Neufchâteau ou la conserverie La Vosgienne à Châtenois.

Pourquoi conserver l’existant et accompagner le développement sont-ils liés ?

Comme je viens de l’évoquer, la filière du bois et de l’ameublement est un exemple type de cette double exigence : d’une part s’adapter pour maintenir les savoir-faire sur son territoire et d’autre part se transformer pour continuer à exister sur un marché toujours plus concurrentiel en entrant dans une nouvelle dimension économique, sociétale et environnementale. La succession de crises économiques, la modulation des modes de consommation et l’accroissement d’une concurrence féroce – inhérente au développement des échanges internationaux et du commerce mondialisé – ont fragilisé l’équilibre de la filière. C’est en se forgeant une image de marque qu’elle est parvenue à tirer son épingle du jeu et à faire face à une concurrence venue d’Europe de l’Est et d’Asie qui bénéficie de coûts de main-d’œuvre moins élevés. Ne pouvant rivaliser en termes de compétitivité de prix, nos entreprises se distinguent par un appareil de production qui repose sur un savoir-faire particulièrement adapté à la petite série, qui leur permet de se démarquer par des productions diversifiées et de grandes qualités.

C’est dans cette double logique d’accompagnement et de développement que s’inscrivent la CCOV, ses partenaires et l’ensemble des acteurs de la filière pour mener des actions collectives dans les domaines de la formation, de la transmission des savoir-faire, de l’innovation, du design et de l’export. Depuis 2016, l’IG Sièges de Liffol, première indication géographique dédiée aux produits manufacturés, est venue récompenser et sacraliser l’artisanat et l’industrie locale. Un label qui garantit la provenance, la qualité et l’authenticité des savoir-faire locaux.

Quels sont les atouts de l’ouest vosgien pour maintenir les industries existantes et en attirer de nouvelles ?

Notre territoire est un territoire où il fait bon vivre. Nos entreprises et nos industries trouvent tout ce qu’elles recherchent et ont besoin : la qualité de vie, les infrastructures routières et ferroviaires, les ressources et, surtout, les savoir-faire ancrés sur le territoire depuis des décennies.

Si son éloignement avec les possibles synergies et apports des pôles d’attractivités et des métropoles régionales ont pu présenter un frein au développement industriel par le passé, sa situation géographique et sa position stratégique au carrefour d’un axe de passage européen nord/ sud reliant les axes rhénan et rhodanien deviennent un atout. En effet, notre positionnement au centre du « Y » vosgien fait de notre territoire la porte d’entrée stratégique entre le nord et le sud. Aujourd’hui, la proximité de l’autoroute A31 et de la RD166 reliant Neufchâteau et Épinal, ainsi que l’embranchement existant sur l’axe de fret Neufchâteau/Gironcourt sont des éléments qui renforcent de facto notre attractivité territoriale.

« Les évolutions successives du cadre normatif en matière d’urbanisme et la réduction drastique du foncier disponible
à proximité des métropoles renforcent l’attractivité de notre territoire. »

Simon Leclerc, président de la communauté de communes de l’Ouest des Vosges (CCOV) et maire de Neufchâteau.

Le foncier disponible est aujourd’hui un critère prévalent pour les industriels…

C’est exact. Les évolutions successives du cadre normatif en matière d’urbanisme et la réduction drastique du foncier disponible à proximité des métropoles renforcent notre attractivité. Offrant la possibilité de s’installer sur des zones d’activités viabilisées et proches des réseaux de transport, notre foncier devient un capital intéressant pour les porteurs de projets. Avec des zones d’activités comme la Petite Champagne à Neufchâteau ou la zone du Neuilly à Châtenois – qui a d’ailleurs obtenu le statut de « Zone clé en main » –, nous sommes en capacité d’accueillir des projets industriels pour renforcer et/ou diversifier nos filières phares.

La proximité des ressources essentielles, couplée à un capital humain important fort d’expérience et de savoir-faire, représente également des atouts notables. Avec les forêts présentes en nombre pour la filière bois, la vitalité et le dynamisme de notre agriculture, une riche production laitière idéale pour la filière agroalimentaire par exemple, sont autant d’atouts indispensables qui concourent à faire fusionner ruralité et développement industriel.

Quel rôle la CCOV tient-elle dans le processus de réindustrialisation du territoire ?

À l’échelle de la Communauté de Communes, nous accompagnons, en particulier, les entreprises dans leur projet d’installation sur le territoire, mais aussi dans leurs demandes de subventions sur des projets d’investissements. C’est également dans cette logique que nous répondons aux programmes et labellisations mises en place par l’État. À ce titre, la CCOV a récemment été labellisée « Territoires d’Industrie* » qui encourage le développement et la transformation industrielle pour tendre vers un modèle écologiquement plus vertueux. Il est aussi important de préciser que la lutte pour le rayonnement industriel de l’ouest vosgien n’est pas la chasse gardée de l’intercommunalité, mais le fruit d’un travail coopératif entre différents acteurs. État, Région, Département, EPCI – notamment au sein de la nouvelle agence de développement économique des Vosges « Vosges&co » – travaillent de concert et se mobilisent conjointement pour mener des actions de promotion du territoire. Accroître l’attractivité et le dynamisme de l’ouest vosgien pour y favoriser le développement industriel, les créations d’emplois et le maintien démographique sont des enjeux interdépendants auxquels nous portons une attention particulière.

* Ce programme a pour objectif de créer un terreau fertile au développement de l’industrie dans les territoires par la mobilisation de tous les acteurs, d’accompagner la transition vers une industrie verte, de développer les filières et savoir-faire industriels, et d’accélérer les implantations industrielles et les créations d’emplois dans ces bassins situés dans les campagnes, les espaces périurbains, les villes petites et moyennes.

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