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Régis Ruer : “Nous sommes numéro 1 chez les jeunes en saut-combiné”

Le 02 mars 2018 par Clément Thiriau
Le Gérômois Maxime Laheurte, leader de l’équipe de France de combiné aux Jeux Olympiques d’hiver 2018.

Le ski nordique vosgien a ramené des Jeux Olympiques de Pyeongchang une belle médaille (le bronze pour Adrien Backscheider en relais ski de fond). En combiné nordique (saut à ski + ski de fond), Maxime Laheurte et Antoine Gérard ont été à la hauteur de l’événement.

La discipline, associée au saut spécial, fait partie de celles qui font briller notre Massif et ça n’est pas près de s’arrêter. Entretien avec Régis Ruer, conseiller technique et sportif saut-combiné au Comité régional, qui passera le relais dans quelques semaines.

 

Régis Ruer, quel bilan tirez-vous de ces Jeux Olympiques en combiné ?

Régis Ruer – Ce que j’en retiens, c’est qu’on n’a toujours pas de podium olympique (rires). Pour Max (Laheurte), le bilan est bon. C’est le meilleur Français sur ces Jeux. Sur la lancée de son début d’hiver, il a fait son meilleur résultat en 4 participations (11e sur le petit tremplin). Il a vraiment franchi un cap physiquement et mentalement. Le fait de devenir papa lui a fait du bien ainsi que le travail entamé avec Stéphane Brogniart (prépa mentale). Pour Antoine Gérard, c’est une première expérience olympique mitigée (26e et 32e). Il n’a pas eu un niveau suffisant en saut pour espérer mieux. En relais, ils pouvaient viser une médaille, ils sont finalement tout près (5e).

Quel est l’avenir de ces deux fers de lance vosgiens ?

Maxime a 33 ans, je n’ai pas l’impression qu’il va arrêter. Vu son niveau, il peut faire encore deux ans, deux championnats du monde. Quant à Antoine, il a seulement 23 ans, il a tout l’avenir devant lui. Dans quelques années, ce sera lui le leader français. Dès lors qu’il saute bien, sur les skis c’est un gros moteur et il ne se pose pas de questions. Il a de grosses capacités et après avoir fait plusieurs Top 10, il devrait vite faire des podiums en coupe du monde. Dans quelques années, ce sera bientôt lui le leader français. Et puis n’oublions pas en saut spécial Paul Brasme (20 ans), qui a connu un passage à vide mais qui devrait rebondir.

Et la relève est déjà là…

Les Xonrupéens Théo Rochat (18 ans) et Lilian Vaxelaire (20 ans), vice-champions du monde en relais l’an dernier, font partie des 3 ou 4 meilleurs juniors français en combiné. Ils sont au pôle France. Ils sont perfectibles en saut mais sont déjà à un très bon niveau en ski. Théo a un peu le même profil qu’Antoine, Lilian est lui un gros sauteur. Nicolas Didier n’est pas loin. Concernant les plus jeunes, lors des premiers championnats de France saut spécial et combiné U15 organisés à La Bresse début février, ce sont les deux petits frères de Théo et Lilian, Tom Rochat et Antonin Vaxelaire, qui ont fait 1er et 2e. Le groupe Vosges a globalement fait 4 titres de champions de France et 4 autres podiums.

Quelle est la place du Massif en saut-combiné en France ?

Sur le plan sportif et du développement, ça va très bien. Aujourd’hui on a 5 clubs capables d’organiser des compétitions en autonomie. On a une quarantaine d’entraîneurs formés, ce qui fait de notre comité le numéro 1 en France, comme en nombre d’officiels. On est aussi passé premier comité en nombre de pratiquants. C’est également nous qui organisons le plus d’épreuves à l’année (une trentaine dont 12 nationales). Aujourd’hui nous fournissons, avec le Jura, le gros des athlètes au plus haut niveau. Mais en terme de moyens et de structures, on ne peut pas comparer. Les Jurassiens ont le centre nordique Pôle France à Prémanon et 3 gros tremplins, dont un de 120 mètres à Chaux-Neuve où a lieu l’étape française de Coupe du monde. Ils vont organiser les JOJ en 2019.

“L’avenir va se conjuguer au féminin”

Est-ce à dire que le Massif fait figure de pépinière de talents ?

Oui, les Vosges, c’est avant tout un Massif formateur jusqu’à la catégorie U17. Au collège on a 3 sections sportives en saut-combiné à Gérardmer, La Bresse et Cornimont (qui vont bientôt se regrouper), ce qui représente environ 20 élèves. Et après, on a le Pôle Espoir de Gérardmer qui est l’un des plus réputés de France en nordique, incontournable pour les athlètes du Grand-Est. On a 120 sportifs au Pôle dont 35 skieurs et 7 élèves en saut-combiné pour 6 à 7 entrainements par semaine, et ce toute l’année. Le Lycée La Haie Griselle aménage la partie scolaire pour les départs en compétition (cours à distance…)

Le principal souci aujourd’hui concerne l’encadrement, même si on a des pistes. Sur trois postes on est en difficulté car sur deux d’entre eux on n’a plus d’aide (gel des contrats aidés). On a des partenaires qui nous soutiennent, notamment les collectivités et la Fédé. On pensait qu’on allait pouvoir s’autogérer, or aujourd’hui on génère 40% de la somme. Pour le poste de CTS, la Fédération est informée. Jérôme Laheurte, le frère de Maxime, actuellement à la tête de l’équipe de France de combiné, est un candidat potentiel.

Comment se positionne-t-on en termes de tremplins ?

Nous disposons de 5 sites de saut construits entre 2009 et 2011 : 3 sites initiation-découverte pour les scolaires et les centres de vacances à Bussang, Ventron et Xonrupt (30 mètres environ) ; un tremplin perfectionnement où s’entraînent les sections sportives à La Bresse (45 mètres) ; et un tremplin Pôle espoirs interrégional à Gérardmer (75 mètres). Tous sont équipés pour être utilisables en été comme en hiver. Deux sont équipés pour une utilisation nocturne : Gérardmer et Xonrupt et trois disposent de neige de culture : Gérardmer, La Bresse, Bussang. Nous pouvons accueillir des compétitions régionales, nationales et internationales jeunes. En seniors, compte-tenu de la taille du tremplin, la seule chose qu’on pourrait obtenir c’est un championnat de France.

Et comme pour les stations, en été l’activité perdure…

C’est beaucoup plus simple pour nous en été. C’est d’ailleurs là qu’on a d’ailleurs deux tiers des activités. En été, le gros temps fort reste le grand prix d’été à Gérardmer où on a chaque année les meilleurs sauteurs et combinés français (tremplin des Bas Rupts). On a même organisé l’an dernier pour le 8e Grand prix une épreuve de combiné avec une course de ski-roue. Les Vosgiens ont fait très bonne figure puisque Maxime Laheurte a remporté le concours de saut (4 Vosgiens dans les 5 premiers) et Antoine Gerard l’épreuve combinée en seniors. Et en U17, c’est le Gérômois Naokin Jacquel qui l’a emporté en saut spécial.

Quelles sont les pistes de développement ?

Nous envisageons d’intensifier nos échanges avec le Pôle espoir allemand de la Forêt Noire à Hinterzarten, près de Fribourg, qui a un tremplin de 110 mètres. C’est à deux heures de route, on fait 2 séances d’entrainement sur la journée. Un autre axe de développement c’est la filière féminine. La tendance est en train de s’inverser, on arrive presque à 50 % de filles. On a la Bressaude Maela Didier et d’autres. Quatre ou cinq filles sont capables de sauter sur 70 mètres. L’avenir va se conjuguer au féminin (combiné inscrit au programme olympique dès 2022), y compris en saut spécial. Julia Clair a tourné la page de sa non sélection pour les JO. Elle a envie de bien finir la saison sur le circuit coupe du monde et se dit motivée pour repartir sur une olympiade. Chez les hommes, Paul Brasme n’a pas concrétisé les espoirs cette année mais je pense que c’est juste un passage à vide.

Que peut-on espérer pour les Jeux de Pékin en 2022 ?

On espère qu’il y aura 2 combinés + 1 ou 2 sauteurs à Pékin : 3 à 5 athlètes du Massif c’est l’objectif.

 

 

 

 

 

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