Diana Kennedy, une artiste vosgienne hors du temps
Originaire de Bâle, en Suisse, Diana Kennedy vit dans les Vosges depuis 20 ans. C’est à Harsault qu’elle conçoit bandes dessinées et dessins animés. Son surprenant parcours se nourrit de rencontres, de références historiques et de projets multiples.
Vue de l’extérieur, la maison de Diana Kennedy est une petite fermette qui ne paye pas de mine. C’est en entrant que l’on est frappé par son atmosphère unique. Partout sur les murs, des images de John Fitzgerald Kennedy et d’Aldo Moro, président du conseil italien assassiné par les brigades rouges en 1978. Diana Kennedy (de son vrai nom) ne cache pas son admiration pour ces deux grandes figures historiques. « Ce sont deux progressistes, avec chacun un penchant pour le passé », pense t-elle. C’est aussi comme cela que l’on peut définir la dessinatrice. « J’ai assez peu de liens avec le monde moderne », avoue l’artiste de 52 ans.
Une vie nomade
Américaine par son père, Suissesse alémanique par sa mère, Diana Kennedy a longtemps mené une vie nomade avant de poser ses valises dans l’Est de la France. Après une séparation, elle décide de retrouver un nouveau corps de ferme : c’est dans les Vosges qu’elle trouve son bonheur. Installée à Harsault, cela ne l’empêche pas de continuer à voyager. « En 2015, je suis partie sur les traces d’Aldo Moro avec mon âne, Gamin ». Elle y rencontre les descendants de l’homme politique, et pense un temps rester sur place. « J’ai eu peur que les Vosges me manquent », avoue t-elle. Entourée de ses chats et de son âne, elle n’envisage plus vraiment de partir.
« Il me faudrait 300 ans pour tout faire ! »
Dans sa petite maison de pierre, elle exerce avec passion ses projets artistiques. Il est difficile d’en évoquer un seul, tant la dessinatrice fourmille d’idées. « Il me faudrait 300 ans de vie pour tout faire ! », rit-elle. Dans ses oeuvres, on retrouve souvent ses personnages historiques fétiches : JFK et Aldo Moro sont les héros de sa bande dessinée Riverboat. « Je m’inspire de mes rêves pour créer cette série, à la fois fantastique et inspirée de faits réels », raconte t-elle. Edité tous les trimestres, le nouvel album sortira fin juin.
Un projet de dessin animé
Actuellement, c’est son projet de dessin animé Thyla qui retient la majeure partie de son attention. Le film raconte l’histoire d’un tigre de Tasmanie capturé pour être envoyé en Angleterre. La dessinatrice souhaite réhabiliter cet animal méconnu, disparu en 1936. « Beaucoup ont été envoyés dans des zoos sans aucun respect de l’animal », explique Diana Kennedy. Un projet à visée pédagogique, mais aussi écologique.
Pour donner vie à ses dessins, l’artiste réalise des crayonnés de personnages et tous ses décors à la main, pour ensuite les animer grâce à un logiciel dédié. Un travail de titan qu’elle réalise seule, aidée par des comédiens pour le doublage, et des compositeurs pour la musique. Thyla devrait être terminé fin 2018 : en attendant, elle recherche des pistes de diffusion sur le département vosgien et au delà. Malgré une certaine reconnaissance, la dessinatrice peine à vivre de ses projets artistiques. Invitée au ClallamBay Comicon, un salon de BD aux Etats-Unis en juillet 2017, l’auteur a dû lancer un financement participatif pour se payer un billet d’avion. Heureusement, elle peut compter sur un fort soutien populaire. « J’ai la chance d’être bien implantée dans le territoire vosgien, et d’avoir une communauté autour de moi ». Un engouement légitime pour une artiste à suivre !
En vidéo, une ébauche du dessin animé :
Retrouvez le travail de l’artiste sur : www.kennedyworld.net