Valéry Magnan : copiste et restaurateur vosgien
Formé aux Arts-Déco de Strasbourg, Valéry Magnan a oeuvré dans de prestigieux musées californiens et norvégiens. Rencontre avec un artiste spinalien capable de faire renaître des tableaux anciens et de réaliser des copies uniques.
” Avec un tableau en main, tu as une part d’histoire. Tu rentres en résonance avec lui. Quand il peint, un peintre y met sa propre énergie. Pour que je puisse copier un peintre, il faut, au maximum possible, que je devienne lui. Face à un tableau à restaurer, c’est pareil. ” Valéry Magnan est copiste et restaurateur de tableaux.
Dès l’âge de 11 ans, ” une boîte de couleurs offerte à Noël “, l’artiste spinalien s’essayait déjà à la peinture à l’huile. Un livre médical découvert chez ses grands-parents et bourré de dessins d’anatomie le séduit tout autant. Il sera ” chirurgien réparateur “.
Des émissions audiovisuelles consacrées à la peinture renforcent son goût pour l’art. ” Ne suis-je pas devenu chirurgien esthétique, en réparant des tableaux ! “, sourit celui qui, contre vents et marées familiaux, franchit le pas au lycée. Ce sera une seconde artistique, la rencontre d’une ” prof d’arts plastiques géniale “, puis les Arts Déco à Strasbourg. La voie est tracée.
D’autant plus qu’en 1ère, Valéry a découvert le métier de restaurateur de tableaux lors d’un stage effectué chez Hollard, une vieille maison spinalienne connue des artistes. ” Ce fut une révélation. Les odeurs, les matières, et ce côté magique d’une renaissance. On t’amène un tableau jauni, tu le dévernis, le revernis. C’est tout un monde qui s’ouvre à toi. ” Valéry Magnan poursuit, ” on restaure une oeuvre au plus proche de son état originel. Cela confine à la magie. Les gens se projettent, car on leur rend une part de leur vie qui s’était empoussiérée “
À 26 ans, un autre rendez-vous majeur renforce la vocation. Au J. Paul Getty Museum à Los Angeles. En Californie, plus de huit ans durant, Valéry ” fait de la maintenance “, ” répare ” des tableaux, tout en réalisant des peintures de décor. Quelques années plus tard, il fait oeuvre de restauration au Munchmuseet d’Oslo en Norvège, pays où il réalise en parallèle la copie de tableaux mythologiques.
“Chirurgien esthétique pour tableaux !”
Autant d’expériences vécues, de connaissances acquises qu’il va mettre au service de son art de retour à Épinal, ” 50 % dans la restauration, les 50 autres dans la copie “.
Maîtrisant les techniques de ” restauration et conservation de peinture de chevalet ” ainsi le veut la formule , Valéry Magnan travaille essentiellement les peintures sur toile. Huile de noix, siccatif de Courtrai, vernis cristal n’ont plus de secrets.
Trous d’envol d’insectes, cloques, taches d’humidité, soulèvements de matière, châssis vermoulus : la magie opère. Un paysage champêtre ” Ecole de Barbizon ” du XIXe siècle retrouve son éclat, comme une Vierge allaitante du XVIIIe.
Côté copie, l’éventail est tout aussi large. Ici Impression, soleil levant de Claude Monet (1872), là Terrasse de café le soir de Vincent Van Gogh (1888) ou encore Nu couché au coussin bleud’Amédéo Modigliani (1916). ” Je ne fais jamais de Picasso. Il ne me parle pas “, confie l’artiste, en train de copier un Gauguin Femmes de Tahiti (1891).
L’enjeu majeur étant de susciter l’émotion du client, et de ” restituer aussi fidèlement que possible les éléments techniques de l’oeuvre originale : qualité de la toile, préparation des fonds, aspect final “, souligne le copiste.
Autre certitude : ” il faut se ré-imprégner du moment où cela a été fait, de l’intention, de l’état d’esprit et de ce qu’il était “. ” On me demande beaucoup de modernes, mon rêve serait de copier un Caravage “, conclut avec espoir Valéry Magnan. Pari tenu, pour de toute façon avoir en tête que toute copie digne de ce nom reste ” une oeuvre unique “.
