Passion, Motivation et Transmission. Le parcours inspirant du Chef Jean-Christophe Jeanson, parrain du Salon de la Gourmandise 2025 à Épinal

« J’étais au boulot ce matin à 5h, je viens de rentrer. Je n’ai pas vu passer la journée, je vous assure. » Voilà une phrase qui pourrait résumer la vie de ce chef au parcours peu ordinaire. Du CAP à MOF, son histoire est celle d’un homme qui a su écouter son instinct et faire de ses choix des tremplins vers l’excellence. Comme nous vous l’indiquions dans notre article (à retrouver ici), Jean-Christophe Jeanson sera le prochain parrain du Salon de la Gourmandise les 14, 15 et 16 novembre prochains à Épinal. Rencontre.
Jean-Christophe, vous n’êtes pas tombé dans la pâtisserie tout de suite, il y avait d’abord un lien avec votre père, non ?
“Oui, enfant, je traînais beaucoup dans son restaurant. À 13 ans et demi, lorsque j’ai quitté l’école, mon père m’a pris sous son aile. Comme il détestait la pâtisserie, j’ai proposé de l’aider sur cette partie et notamment pour les pièces montées. Je me suis dit : si je prends ce poste-là, il me laissera tranquille et ne sera pas toujours sur mon dos (rires).
À la base, je voulais être ébéniste, mais je n’ai pas pu suivre cette voie en raison de mon jeune âge et des restrictions concernant l’utilisation des machines dangereuses. Ce “coin-pâtisserie”, je l’ai d’abord pris pour fuir… avant d’y découvrir une vraie vocation. À force de pratiquer, le meilleur ami de la famille, boulanger-pâtissier, m’a proposé de travailler avec lui. C’est à partir de là. que l’aventure a commencé.”
La pâtisserie sera finalement une porte d’entrée et vous passez votre CAP en candidat libre.
“Exact. Deux ans de préapprentissage, un an au CFA. J’ai eu la pratique, pas la théorie. Du coup, j’ai repassé le CAP complet l’année suivante. Après, j’ai bossé quatre ans… puis j’ai failli tout arrêter.”
Pourquoi ?
“J’étais fêtard. J’aimais sortir. Mais il fallait être au fournil à 3 h du matin et on n’avait qu’un jour off, le mardi. Tiraillé entre passion et besoin de liberté, j’ai découvert le métier de traiteur. Des week-ends pour profiter, mais aussi plus de rythme, plus de défis, plus d’adrénaline. Je dis souvent que si j’avais été médecin, j’aurais bossé aux urgences ! “
Votre carrière décolle alors et vous intégrez de prestigieuses Maisons…
“Oui, Rainier Marchetti, Le Nôtre… Des lieux incroyables. J’ai toujours aimé les challenges. J’aime quand je suis débordé, quand je dois improviser.”
Relever les challenges, c’est justement ce qui vous anime…
“C’est exactement ça ! J’ai horreur de la monotonie et c’est ce qui m’a aussi poussé vers le métier de traiteur où chaque jour est différent. J’aime relever les défis et je suis meilleur quand je travaille sous pression.”
Jusqu’à tenter le concours de MOF …
“En tant que Chef pâtissier chez Lenôtre, à la tête de 250 professionnels – je ne sais pas si vous vous rendez compte… – je me suis heurté à un constat : autour de moi, tout le monde était titré: meilleur ouvrier de France, champion du monde, etc. Et moi, je n’avais qu’un CAP.
La première tentative est un échec, car je n’avais jamais fait de concours. La seconde fois, je pose ma démission et dis à mon patron que je ne reviendrai qu’avec le col tricolore. Vous savez quoi, une fois le concours en poche, nous avons pleuré. C’était très fort !”
Puis, vous avez quitté Le Nôtre après 20 belles années pour la Maison Caffet.
“C’est ça, pour rejoindre Pascal Caffet à la tête de l‘entreprise familiale. On se connaissait depuis 25 ans et on s’est toujours dit qu’il fallait qu’on travaille un jour ensemble. Il voulait un chef pour chapeauter ses deux laboratoires, j’ai accepté sans hésiter. Avec Pascal, on partage cette envie de casser les codes, d’innover, sans peur. Mais toujours en veillant à ne pas brusquer les équipes. Nous sommes très similaires, on a la même vision du métier. “
Et si vous transformez votre métier en passion, vous ne travaillerez plus jamais un seul jour de votre vie
Et la transmission est toujours au cœur de votre démarche.
“Complètement. Je consacre beaucoup d’énergie aux apprentis. Et je dis constamment : il n’y a pas de mauvais apprentis, que des mauvais maîtres d’apprentissage.”
Cette année, vous êtes parrain du Salon de la Gourmandise, des Vins & des Arts de la Table, un rendez-vous incontournable à Épinal. Racontez-nous.
“C’est Christophe Raoux, Parrain de l’Édition 2023, qui m’a recommandé et quand Gérard Michel (membre du Rotary Club d’Épinal) m’a appelé, j’ai dit oui sans hésiter. Les démonstrations culinaires étant des moments très prisés du salon, j’ai pensé qu’il serait intéressant de laisser un jeune apprenti réaliser la préparation pendant que j’expliquerai la recette. J’ai donc proposé cette idée à Gérard Michel qui a tout de suite été conquis. Une fois de plus, ce sera l’occasion parfaite pour illustrer l’importance de transmettre.”
Le jeune apprenti en question est au courant ?
” Pas encore. Il nous rejoint en août, ce sera une vraie surprise !
Quel message souhaitez-vous transmettre durant cet évènement très attendu ?
“Je dirai aux jeunes présents, ayez des étoiles plein les yeux et n’allez jamais travailler à reculons. Sinon, il vaut mieux changer de métier ou de maison. Je crois dur comme fer en l’apprentissage par la passion. Je veux que les jeunes, et leurs parents surtout, comprennent qu’un métier, ça doit être du plaisir avant tout. On ne choisit pas sa voie pour faire plaisir à son entourage. J’ai hâte d’échanger avec le public, les familles, c’est très important. Il est essentiel de rappeler qu’il n’y a pas d’échec, il faut rester motivé et tout est possible. Certes, il y aura des sacrifices à faire, mais cela en vaut vraiment le coup.
Comme disait Nelson Mandela : on ne perd jamais, soit on gagne, soit on apprend.
Et si vous transformez votre métier en passion, vous ne travaillerez plus jamais un seul jour de votre vie.”
