AMI, Reval Prest, Le Renouveau : L’union fait la force vers l’insertion !

Depuis presque 40 ans, les associations Le Renouveau et AMI (Activités Multiples d’Insertion) permettent aux personnes en situation d’extrême précarité d’être soutenues pour avoir un logement et surtout retrouver une activité professionnelle. La création de Reval Prest, il y a 20 ans, permet aux personnes en chômage longue durée de reprendre un rythme de travail identique à celui qu’ils retrouveront dans une entreprise. Rencontre avec le président de ces trois entités, Jean-Jacques Croisille, qui ne manque pas d’idées et de motivation pour faire progresser l’insertion dans les Vosges.

Jean-Jacques Croisille, vous êtes le président des trois entités AMI, Reval Prest et Le Renouveau. Pouvez-vous nous rappeler l’historique de création de ces projets qui ont pour vocation de soutenir les publics en difficulté ?

Jean-Jacques Croisille – C’est en février 1982 qu’a été créé Le Renouveau, par Pierre Ravasse, avec l’ambition d’héberger les gens qui sortaient de prison. Ça se traduisait par des caravanes prêtées gracieusement à ces gens, avant de louer des bâtiments pour y loger les nécessiteux. En parallèle, il a créé une activité d’insertion de type « ramassage de cartons », en 1983-84, pour occuper les gens et créer des ressources. À la demande du service de l’état, la DIRECCTE, ils ont séparé les activités d’hébergement d’urgence des activités d’insertion IAE (Insertion par l’Activité Économique), de manière à éviter les confusions. C’est comme ça qu’est née l’association AMI en 1986.

Le Renouveau n’est pas axé sur l’ insertion professionnelle ?

J-J. C. – Si, les missions du Renouveau sont axées sur l’insertion sociale, avec ou sans hébergement. L’association s’est spécialisée sur tout ce qui était l’accompagnement des personnes vers et dans le logement, aussi bien dans les foyers comme à la Magdeleine, dans les appartements que loue l’association, dans la médiation locative et la gestion des budgets familiaux. Notre rôle est essentiellement d’accueillir les personnes sans solution d’hébergement et les accompagner afin qu’ils retrouvent une situation sociale stable et un lieu de résidence. Nous avons 4 services : l’hébergement avec 6 dispositifs adaptés à la situation des personnes, un Point Accueil Ecoute, un service d’accompagnement social au domicile des personnes et le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation (SIAO). Généralement, les hébergés restent 4 à 5 mois avant d’être accompagnés pour retrouver un logement. Nous avons des partenariats noués avec les bailleurs sociaux comme Vosgelis et Epinal Habitat. Toutes les actions sont financées par l’Etat et le CD 88.

Les gens hébergés par Le Renouveau sont-ils orientés vers AMI ?

J-J. C. – L’essentiel des hébergés au foyer sont des gens à la marge. Mais, nous nous sommes aperçus qu’ils étaient capables de reprendre une activité. Le Renouveau peut leur proposer ce rôle de « réapprendre » à se lever, à gérer leur budget et à retrouver une vie sociale. Une fois qu’ils ont acquis ces bases, il a été décidé de créer ce palier qui les mènerait vers le marché de l’emploi : l’insertion par l’activité économique.

Quand et pourquoi a été créé Reval Prest ?

J-J. C. – AMI s’est développé en faisant des activités de recyclerie (récupération, remise en état, vente). En 2003, pour répondre aux demandes d’entreprises, il a été décidé de créer Reval Prest. Plutôt que de sectoriser les activités, le choix a été fait de créer cette EURL dont le seul actionnaire est AMI. Reval Prest est, donc, une entreprise d’insertion et pas une association.

Malgré ce statut, vous bénéficiez, comme AMI d’aide de l’état ?

J-J. C. – Oui, mais nous sommes soumis à un taux de « sorties positives » fixé par l’état, qui nous incite à atteindre un taux de 60 % de personnes à entrer dans la vie active : trouver un emploi (cdd, cdi ou intérim) ou une formation qualifiante. C’est ce qu’on appelle le champ de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire). AMI et Reval Prest disposent de conseillères à l’insertion professionnelle, qui reçoivent chaque mois les employés pour faire un point sur leur projet.

Une personne qui ne trouve pas d’emploi et qui serait intéressée pour intégrer AMI ou Reval Prest peut-elle vous contacter directement ?

J-J. C. – Bien sûr. Il faut simplement rentrer dans les critères d’éligibilité, qui sont vérifiés par AMI et Reval Prest. Il est possible de candidater, également, sur la plateforme de l’inclusion https://inclusion.beta.gouv.fr, seul ou accompagné d’un référent, pour intégrer nos structures IAE, entre autres être au RSA, être chômeur de longue durée…

Les employés d’AMI et Reval Prest signent des contrats de quelle durée ?

J-J. C. – Des contrats de 4 mois renouvelables 24 mois au maximum. Il y a des cas particuliers comme lorsqu’une personne est proche de la retraite, nous pouvons la conserver jusqu’à la fin de ses droits. La durée moyenne des contrats de travail chez Reval Prest est de 10 mois et chez AMI, on se rapproche des 12 mois. Il y a des cas, bien sûr où nos employés reçoivent des propositions d’emploi ailleurs. Et bien sûr, nous n’allons pas les retenir, même si parfois cela peut nous mettre dans l’embarras car nous avons des commandes ou des chantiers en cours. Il faut donc retrouver et former des remplaçants. Nos encadrants ont cette capacité d’adaptation. Ils savent que dès qu’un employé est là depuis plus de 12 mois, il est susceptible de partir et il faut rapidement en reformer un autre.

Quels sont les services que propose AMI ?

J-J. C. – AMI propose son « Pôle ménager » avec de la couture, du repassage, du nettoyage de locaux, dont Vosgelis, la maison de la Région et le Conseil Départemental sont nos principaux clients, ainsi que les petits travaux de bricolage. Nous proposons un « Pôle collecte » avec des enlèvements d’objets et meubles chez les particuliers ou professionnels. Ils seront relookés réparés, recirés… Depuis peu, nous avons un « Pôle SAV » sur les articles blancs de type réfrigérateurs, machines à laver ou lave-vaisselles, ainsi que les jouets. L’idée est de vendre des appareils que nous aurons remis à neuf, après avoir été testés. Enfin, notre dernière activité est la vente : nous avons d’ailleurs 3 magasins ouverts à tous : Avrin’style, place d’Avrinsart, une brocante et une friperie, à la Magdeleine et Les Fées d’AMI, rue des Minimes. Je tiens également à mettre en avant l’activité de valoriste, dans les déchèteries du Sicovad (Épinal, Thaon, Golbey, Nomexy…). Le rôle est de diagnostiquer le potentiel réemploi des objets et de mettre de côté un article qui peut être réemployé.

Et à Reval Prest, quel est l’essentiel de l’activité ?

J-J. C. – Une grosse partie de notre activité est liée aux déchets puisque nous ramassons les textiles qui sont dans les bornes containers, installées partout sur le territoire vosgien. Après avoir mis ses vêtements et chaussures dans ces bornes, un tri est réalisé pour évaluer la qualité du vêtement effectué par une autre entreprise d’insertion : Vosges TLC à Girmont. Tout est réutilisable car ce qui n’est plus vendable est transformé en chiffons. AMI accueille également tous les jours des dépôts de vêtements et meubles, dans ses locaux, pour alimenter ses différents magasins. Nous récupérons aussi les marchés D3E (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques). Un service financé par l’éco-taxe écosystème qui est prélevée sur le montant d’achat d’un produit neuf. L’objectif est de tendre vers le 0 déchet. Notre rôle est de stocker tous les appareils qui sont collectés dans les déchèteries, ainsi qu’en magasins d’électroménager. On les trie et ils sont envoyés en démantèlement aux 4 coins de la France pour être recyclés. On travaille également pour Citraval à Chavelot, qui traite les déchets industriels, pour le démantèlement au niveau des huisseries. Une fenêtre usagée sera démontée pour séparer le verre du PVC, afin d’être recyclée à hauteur de 96 %.

Vous avez invité vos salariés à s’impliquer lors de l’apparition de la pandémie de Covid-19 ?

J-J. C. – En mars 2020, nous avons proposé nos services à la Préfecture bénévolement. Nous avons donc été invités à trier les masques offerts par les entreprises. Tous les Ehpad devaient être livrés avec des colis conditionnés. Aujourd’hui, nous continuons à livrer les vaccins. Autre service que nous proposons depuis peu, nous sommes capables de déménager et de déblayer des plateaux de 6 000 m2, en livrant ce que nous avons débarrassé. Nous proposons aussi des travaux de maçonnerie et d’aménagement intérieur des maisons. Reval Prest a une décennale. Nous avons aussi des contrats avec de grandes entreprises qui nous font confiance comme Vosgelis, BNP ou Vinci. Nous avons d’ailleurs d’excellents retours de nos travaux, ce qui est très gratifiant pour les employés.

Il y a un an, vous avez créé A2RI. Qu’est-ce qu’elle apporte à vos trois entités ?

J-J. C. – A2RI, c’est une SIC (Société Coopérative d’intérêt collectif) qui a en charge la gestion du patrimoine. C’est un regroupement qui permet la gestion des moyens du Renouveau, d’AMI et de Reval Prest. Par exemple, si nous achetons un bâtiment pour Reval Prest, c’est A2RI qui s’en rend acquéreur et qui lui met à disposition. Autre exemple, pendant la pandémie, nous nous sommes aperçus que notre matériel informatique était obsolète et nécessitait d’être remplacé. A2RI a permis de faire un achat groupé et donc de faire des économies sur les dépenses. De plus, nous avons un serveur global qui permet de connaître les besoins et les moyens. Nous avons l’objectif d’aller vers la qualité Iso
9000, vers le document unique. L’idée pourrait être, à terme, d’embaucher quelqu’un qui aurait les connaissances des trois entités et qui pourrait répondre aux appels d’offres plus facilement.

Quels sont, justement, les projets sur lesquels vous travaillez pour l’avenir ?

J-J. C. – Nous avons des projets sur le recyclage des DAE (Déchets d’Activité Économique) et nous envisageons des investissements immobiliers pour y parvenir. Lorsque nous avons opéré la déconstruction du site Bragard à Épinal, notre travail a été reconnu par les professionnels pour notre sérieux. Ça a été une expérience de qualité et AMI a assuré la vente. Cela nous a confortés dans l’idée de répondre aux appels d’offres de marchés de la déconstruction avec Reval Prest. AMI assurera, elle, la création d’une « matériauthèque », c’est-à-dire la possibilité à des entreprises ou particuliers de venir se procurer des matériaux d’occasion issus de déconstruction : portes, fenêtres, chéneaux… L’idée serait d’investir dans un site qui répertorierait les matériaux que la matériauthèque possède pour que tout un chacun ait une vision de ce que l’on possède. Nous espérons être soutenus par les collectivités pour y parvenir. C’est un nouveau défi à enjeu car il y aura des nouveaux emplois qui pourront être créés pour la gestion des stocks. C’est AMI qui s’occuperait de la vente. Un projet ambitieux qui sera une nouvelle activité commune entre AMI et Reval Prest.

16 Quartier de la Magdeleine, 88000 Épinal

> Reval Prest
26, avenue Rose Poirier, 88000 Épinal

 

 

Article rédigé par :

Jordane Rommevaux

Journaliste web