Saint-Dié, capitale mondiale du Nippon Kempo le temps d’un week-end

Durant trois jours, vendredi 23, samedi 24 et dimanche 25 mai, le Palais Omnisports Joseph-Claudel de Saint-Dié-des-Vosges a accueilli près de 250 combattants venus du monde entier pour célébrer les 40 ans du Nippon Kempo en France. À l’origine de cet événement d’ampleur internationale, Ali Zoubiri, ceinture noire septième Dan, détenteur du plus haut grade hors Japon, revient sur ces journées marquantes organisées dans la ville berceau du Kempo français.
– Pour commencer, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce qu’est le Nippon Kempo et en quoi il se
distingue des autres arts martiaux ?
“Le Nippon Kempo est un art martial japonais complet, fondé dans les années 1930 par Muneomi
Sawayama, un élève de jiu-jitsu et de kendo. Il se distingue des autres disciplines martiales par sa
richesse technique et sa pratique en situation réelle. Le Nippon Kempo combine des techniques de
frappes (atemi) avec les poings, les pieds, les coudes et les genoux, des projections (nage waza), des clé
articulaires (kansetsu waza) et du combat au sol (ne waza). Ce qui le rend unique, c’est l’utilisation d’un équipement de protection complet (casque grillagé, plastron, gants, coquille), qui permet aux pratiquants de s’engager dans des combats à contact réel, en toute sécurité. Cela offre un entraînement réaliste, sans pour autant négliger le respect, le contrôle et la progression technique. Contrairement à d’autres arts martiaux qui se concentrent sur un seul aspect — comme le judo pour les projections ou le karaté pour les frappes —, le Nippon Kempo intègre plusieurs dimensions du combat, ce
qui en fait une discipline polyvalente, éducative et formatrice, aussi bien sur le plan physique que
mental.”
– Pourquoi était-il important pour vous que l’anniversaire des 40 ans du Nippon Kempo en France se tienne ici, à Saint-Dié-des-Vosges ?
“Parce que c’est ici même, à Saint-Dié-des-Vosges, dans ce Palais des Sports, qu’a eu lieu la toute première démonstration de Nippon Kempo en France, le 19 mai 1984. À l’époque, j’étais déjà professeur de judo, et cette découverte m’a profondément marqué. Je me suis immédiatement dit que, si un club venait un jour à voir le jour dans la région, je m’y engagerais pleinement. C’est ce que j’ai fait. Mais à l’époque, il a fallu franchir les frontières et partir en Italie pour suivre les premiers stages, car aucune structure n’existait encore en France. Revenir ici, 40 ans plus tard, pour célébrer cet anniversaire, c’est à la fois un symbole fort et un hommage à cette histoire fondatrice.”

– Comment s’est déroulé l’événement sur les trois jours ? Quel a été le programme pour les
compétiteurs et les visiteurs ?
“L’événement s’est déroulé sur trois jours riches et intenses, mêlant sport, formation, échanges culturels et découverte de la région. Le programme comprenait un stage d’arbitrage, une compétition de haut niveau, ainsi qu’un stage technique encadré par des experts reconnus.
En parallèle, les délégations étrangères ont eu l’opportunité de découvrir les richesses des Vosges et du terroir local. Pour beaucoup de participants, c’était la première fois qu’ils mettaient les pieds en France. Certains en ont profité pour prolonger leur séjour et visiter Paris, en partant directement de Saint-Dié-des-Vosges, ajoutant ainsi une dimension culturelle et touristique à leur expérience.”
– Quelles ont été les réactions des délégations étrangères, notamment du Japon, ainsi que du public
déodatien ?
“Les délégations étrangères, notamment celles venues du Japon (Tokyo, Nagoya, Osaka), mais aussi de Mexico, Milan, Kiev, Rome, Los Angeles ou encore du Texas, ont été unanimement séduites par le cadre
paisible et naturel de Saint-Dié. Habituées aux grandes métropoles, elles ont particulièrement apprécié le calme, la verdure et l’atmosphère à taille humaine de la ville. De leur point de vue, Saint-Dié offrait un
véritable contraste apaisant, propice aux échanges et à la convivialité. Quant au public déodatien, sa réaction a été extrêmement positive. Fier d’accueillir un événement
d’envergure mondiale, il s’est pleinement mobilisé et a chaleureusement accueilli les délégations. Durant quelques jours, Saint-Dié est véritablement devenue “la capitale des capitales”, rayonnant bien au-delà de ses frontières habituelles.”
– Et vous, en tant qu’organisateur et acteur historique du Kempo français, que retenez-vous
personnellement de cette édition anniversaire ?
“Ce que je retiens personnellement de cette édition anniversaire, c’est la preuve que notre passion
commune peut rassembler des personnes de cultures et de langues différentes. Avec de la volonté, tout
devient possible. Cette dynamique d’unité par-delà les différences est, à mon sens, transposable à bien
d’autres domaines de la vie.”