Accueil > Actu > Bernard Flavien : “Ne pas rajouter du stress à ses collaborateurs”

Bernard Flavien : “Ne pas rajouter du stress à ses collaborateurs”

Le 23 janvier 2018 par Clément Thiriau
Bernard Flavien était à Epinal en novembre dernier
© CT

Bernard Flavien est venu à Epinal en novembre dernier à l’invitation du réseau des dirigeants commerciaux des Vosges. Tour à tour producteur, acteur, directeur artistique, collaborateur dans le sport et le monde de la chanson, il est aujourd’hui expert APM (Association pour le Progrès du Management), coach et formateur en entreprise. Il intervient comme conférencier en France et en Europe sur le thème de l’intelligence émotionnelle. Entretien.

Bernard Flavien, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Bernard Flavien – Ma vie m’a sauvé la vie. Lorsque j’ai pris conscience que je perdais le fil, ça été positif. C’est la résilience conceptualisée par Cyrulnik. On a tous des opportunités qui nous échappent. Tout dépend de notre capacité à attraper la circonstance. Souvent, on utilise cette expression passive, « avoir de la chance », alors qu’aux Etats-Unis c’est plutôt « take a chance » (saisi ta chance). On a tous des opportunités même si être né à Racca (Syrie) ou dans le Béarn, ce n’est pas la même chose. Tout ce qui ne tue pas rend plus fort.

Comment définiriez-vous l’intelligence émotionnelle ?

BF – C’est un concept né il y a 25 ans, importé des Etats-Unis, qui consiste à être aware (conscient). La première qualité d’un patron et d’un citoyen, c’est de faire attention plutôt qu’avoir de l’intention. Tous les détails comptent. Selon Antonio Damasio, père de l’intelligence émotionnelle, la raison et l’émotion ne sont pas opposées. C’est le même circuit, mais pas au même stade : la raison, c’est de l’émotion qui a refroidi. L’intelligence émotionnelle c’est l’art de faire de l’émotion son allié. Les émotions sont nos gardes du corps, la peur étant la plus utile.

“Ne pas chercher à être aimé”

Quels conseils donneriez-vous aux dirigeants et entrepreneurs ?

BF – Un manageur n’est pas un « manage peur ». Son rôle est de ménager son équipe. Il ne faut pas rajouter de la peur, du stress, protéger ses collaborateurs contre toute émotion inutile, éviter la peur, ne pas être lunatique. Tout repose sur ce triptyque : apporter une base de sécurité, être utile et être juste. Celui qui y parvient est dans l’intelligence émotionnelle, c’est la base de la confiance. Comme le disait Françoise Dolto, un patron n’a pas à chercher à être aimé. L’amour est un résultat, un sous-produit.

Mais toutes ces notions ne sont-elles pas très subjectives ?

BF – Bien sûr, tout est toujours relatif concernant les relations entre les hommes. L’intelligence émotionnelle ne marche que par deux. C’est très personnel, ça ne se décrète pas, sinon tout le monde voudrait la même femme (rires). Et ça s’entretient. Il faut dire à ses proches qu’on les aime, savoir prendre le temps de méditer et réfléchir pour s’améliorer. Il y a deux types de personnalités énergétiques : les personnes « vitesse » qui n’aiment pas la surprise et les personnes « accélération » qui aiment le changement, la variété.

Comment voyez-vous l’avenir ?

BF – Plus on aura d’intelligence artificielle, plus on aura besoin d’intelligence émotionnelle. Le paradoxe c’est que le management est plus important. Il faut remettre de l’organique dans un monde de plus en plus mécanique. Georges Brassens m’a dit un jour : « personne n’écoute mes plus beaux textes parce que j’ai raté la musique ». On peut toujours se poser la question : Donald Trump parle-t-il trop vite ? Est-ce une mise en musique digne d’un chef d’Etat ? Les paroles et la musique c’est un tout, c’est quand je le dis et comment je le dis.

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin