Champion du monde, double champion d’Europe, sextuple champion de France en titre, Titouan Perrin-Ganier règne sans partage (ou presque) sur le cross-country eliminator. Le VTTiste bressaud compte sur son départ pour conserver son titre planétaire le 9 novembre à Chengdu (Chine). En pleine préparation, il se confie à 100% Vosges.

Titouan Perrin-Ganier, on peut dire que votre saison se déroule plutôt bien…

T.P.-G. – Oui je suis très content. Je suis numéro 1 mondial, je me suis qualifié pour la finale quasiment à chaque fois que j’ai pris le départ d’un XCE, j’en ai gagné 6 et j’ai réussi à garder mes titres de champion de France et d’Europe.

Comment s’articule votre préparation pour les Mondiaux ?

La préparation dure un mois environ. Le XCE est une discipline qui requiert des qualités différentes et antagonistes. Un tournoi complet c’est près de 4 heures où on n’arrête pas de pédaler. Je fais donc d’abord de grosses séances d’endurance, des sorties de 4 ou 5 heures sur route. Après on axe sur l’intensité un peu longue puis l’intensité plus courte, plus ciblée.

“Le maillot de champion du monde, je le mets tout le temps à l’entraînement”

Le maillot arc-en-ciel, ça représente quoi ?

Être champion du monde c’est le top. C’est incroyable de rouler avec ce maillot sur les épaules, je prends beaucoup de plaisir, je le mets tout le temps à l’entrainement, je profite à fond. Si je peux le garder un an de plus je ne me priverai pas. Je vais tout faire pour. Si je rentre sans médaille je serai forcément déçu. Je veux tout donner pour ne pas avoir de regret.

Le titre se joue comme l’an dernier à Chengdu (Chine). La stratégie sera-t-elle la même ?

Le parcours est un peu modifié sur la fin mais l’esprit reste le même. Le début du parcours me convient parfaitement, avec notamment une grande descente où j’avais fait la différence l’an dernier. Je suis sans doute le meilleur au monde sur le départ donc l’objectif sera encore de faire l’écart et de gérer ensuite. Le circuit fait 1,2 km, on est sur des run d’un peu plus de 2 minutes. Ce sont des durées qui me conviennent bien.

Allez-vous profiter de l’occasion pour faire du tourisme en Chine ?

A l’inverse de l’année dernière on court le vendredi. Chengdu c’est une mégapole de 7 millions d’habitants et ce n’est pas très beau. Il y a juste une réserve de pandas qu’on essaiera d’aller voir cette fois. Mon voyage est pris en charge à 100% par la Fédération. Je partirai avec ma coéquipière Coline Clauzure, a priori 10 jours avant la course.

“Je me focaliserai dans le futur sur le classement général de la Coupe du Monde”

Les compétitions d’un jour vous réussissent très souvent. Comment l’expliquez-vous ?

Oui je suis un homme de grand championnat, j’aime beaucoup quand il y a de la pression, l’enjeu me galvanise, j’arrive à me surpasser. Dans les années qui viennent je me focaliserai plus sur le classement général de la Coupe du Monde, que je n’ai encore jamais remporté. A 27 ans, je suis dans la fleur de l’âge au niveau physique. Le VTT, c’est ma passion.

Entre 2015 et 2017, le XCE a été retiré du calendrier de la Coupe du Monde de VTT. Est-il aujourd’hui installé pour de bon ?

La discipline a énormément d’atouts, un parcours de XCE c’est très facile à mettre en place, il suffit d’un semi-remorque, c’est très télégénique et il y a de plus en plus de spectateurs. Mais nous ne sommes à l’abri de rien car c’est un organisateur privé (Wanda Sports) qui a repris le flambeau. Ça restera de toute façon un circuit parallèle. Sur les Jeux Olympiques ils cherchent des disciplines dynamiques, rapides donc on peut rêver à voir le XCE intégrer le programme un jour.

En vivez-vous ?

J’ai eu la chance de passer semi-professionnel l’an dernier. J’arrive à en vivre partiellement avec mon Team (Focus MTB Racing). En complément, je suis entraîneur vacataire de ski de fond au club de La Féclaz (Savoie) une partie de l’année, je suis consultant pour la chaîne L’Equipe pour le XCO, j’ai des contrats divers et j’interviens en licence STAPS à Chambéry.

« Mes parents ont donné toutes les qualités d’endurance à mon frère. j’ai eu les fibres rapides »

Le VTT, c’est une affaire de famille chez les Perrin-Ganier. Votre Team Manager n’est autre que votre père, Stéphane…

C’est assez confortable, tout est simple. Je suis 100% libre de mon calendrier, j’ai mon mot à dire sur le matériel. Focus est un partenaire fidèle. Le partenariat grandit doucement et le Team se structure. Avec cette belle marque allemande, nous avons des projets un peu multi-disciplines (e-bike, marathon, cross). L’effectif du Team devrait passer de 7 à 5 membres.

Et vous suivez forcément de près les performances de votre petit frère Neïlo en cross-country olympique* ?

Évidemment ! Je suis presque plus stressé par ses courses que par les miennes. C’est un pilote d’avenir. On connaît son potentiel, cette année ça n’a pas trop souri en raison de sa toxoplasmose. Sa vraie carrière va commencer l’an prochain avec le passage en catégorie Elite, je ne me fais pas de souci pour lui. Mes parents ont donné toutes les qualités d’endurance à mon frère. Moi j’ai eu les fibres rapides, je suis très explosif à l’image d’un sprinteur sur la route. Je m’épanouis vraiment dans ce que je fais.

Un retour dans les Vosges est-il envisageable ?

Avec Marion (Colin) ma compagne, on vient d’acheter une maison près de Chambéry, mais on revient souvent. Et les Vosges, pour l’entrainement VTT, il n’y a pas mieux, donc ce n’est pas exclu !

 

Le palmarès de Titouan Perrin-Ganier :

> Champion du monde 2017

> 2 fois champion d’Europe (2017 et 2018)

> 6 fois champion de France (2013 à 2018)

Le Cross-country Eliminator, quesaco ?

Le Cross-country Eliminator (XCE) est un format court de course de VTT, de type sprint, qui voit s’affronter quatre coureurs sur un circuit d’environ 1 km. Les 2 coureurs les plus rapides peuvent participer à la manche suivante (qualification, 8e de finale, quart, demi et finale).

Le XCE est officiellement intégré à la Coupe du monde de VTT en 2012 par l’UCI puis disparaît du calendrier en 2015, la discipline n’ayant pas réussi à attirer l’intérêt des sponsors et des meilleurs coureurs. Elle est réintégrée en 2017. Depuis cette date, les mondiaux de cross-country eliminator sont organisés dans le cadre des championnats du monde de cyclisme urbain.

Le chiffre : 10 000 €, la prime offerte au vainqueur des Mondiaux

 

*Dernière minute : quelques semaines après la fin de son aventure chez Absolute Absalon, Neïlo Perrin-Ganier vient d’annoncer qu’il revenait dans le giron familial chez Focus. Titouan s’est dit “vraiment très heureux de recommencer l’aventure” aux côtés de son frère.

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