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Hohneck 4808 : le nouveau défi fou de Stéphane Brogniart

Le 28 avril 2022 par Jordane Rommevaux
Pour Hohneck 4808, Steph Brigniart s'est préparé en gravissant plusieurs kilomètres avec des pneus dans le dos.

A pied, à vélo, à la rame, d’année en année l’aventurier Stéphane Brogniart, originaire de Rochesson, se lance des défis physiques toujours plus fous, les uns des autres. Cette fois, il veut relier le Hohneck au Mont-Blanc à pied, en empruntant le chemin le plus court possible. Il s’élance lundi 2 mai, pour une quinzaine de jours en autosuffisance. Rencontre avec ce personnage attachant mais un peu fou quand même !

Stéphane, après les ultra-trails, votre traversée des Vosges en courant, votre traversée de l’Atlantique à la rame et votre tour de France à vélo, vous revoici sur le point de vous lancer un nouveau défi pédestre : Hohneck 4808, entre le Hohneck et le Mont-Blanc. Pouvez-vous nous le présenter brièvement ?
D’abord le nom : Hohneck 4808, c’est le nom de mon lieu de départ : le Hohneck et l’altitude de mon site d’arrivée, le Mont-Blanc. Et c’est surtout parce que « Hohneck 1363 Mont-Blanc » moins clinquant (rire).

Pourquoi est-ce que vous vous lancez encore un tel défi ?
C’est sur qu’on pourrait être considéré que c’est pour me rendre intéressant. Et c’est un peu le cas (rire) mais avec une bonne raison, tout de même car le but est d’exprimer ce qui m’attise. Je veux donner plusieurs messages, à commencer par celui de profiter de notre magnifique environnement, chez nous. Nous ne sommes pas obligés d’aller à l’autre bout de la terre pour faire une photo magnifique, alors qu’on a tout sous la main. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Je vais le prouver en partant du pas de ma porte pour rejoindre le Mont-Blanc.

Pourquoi vous donnez-vous l’objectif du Mont-Blanc ?
Parce que c’est lui qui fait rêver lorsque l’on est au sommet du Hohneck. Les randonneurs ou traileurs confirmés le savent, au lever de soleil, au sommet du Hohneck, on essaye tous de repérer ce fameux Mont-Blanc et on finit par le voir très bien.

C’est un parcours que vous voulez faire en « Azimut Brutal », c’est-à-dire « aller toujours tout droit », dans le langage militaire. C’est quelque chose de réalisable ?
Oui, ça me correspond bien de ne pas vouloir fouler les sentiers de tout le monde mais de faire le choix de passer à un endroit que je serai le seul à fouler, pour la première et certainement la dernière fois.
Ça a été un long travail pour recherche le parcours idéal. J’ai fait des coups d’essais pour respecter la règle et je me suis rendu compte qu’il y a des endroits incroyables à découvrir, même dans les Vosges que j’avais l’impression de connaître par cœur.
Je me suis surtout rendu compte que je m’étais mis une sacrée contrainte. Bien sûr, j’évite les terrains privés, les barres rocheuses ou les aéroports (rire). J’ai réussi à établir un tracé qui ne m’éloigne jamais de plus de 400 m de mon tracé GPX sur ma montre.

Lundi 2 mai, à 10 h, vous serez donc au sommet du Hohneck pour le départ de ce défi un peu fou. Pouvez-vous nous donner les étapes approximatives que vous avez tracé ?
Du Hohneck au Mont-Blanc c’est 247 km, à vol d’oiseau. Après tous les tests et entraînement, je rajoute 35 % de distance en plus car je ne peux jamais être exactement sur une ligne droite exacte. J’aurais 3 zones distincte à traverser :
– Le Massif des Vosges : du Hohneck à la banlieue de Belfort : entre 20 et 25 km d’azimut brutal par jour. Je ne pourrai pas trop déroger au tracé.
– De Belfort au Lac Léman : j’entre dans le Jura et Jura Suisse, moins abrute et plus dégagé que dans les Vosges. Il faudra que je me méfie de quelques parois rocheuses très raides, tout de même. C’est un autre type de terrain, peut-être plus commode mais un avancement plus rapide, donc près de 35 km par jour. Il est à noter que le lac de Neuchâtel est à traverser dans sa largeur donc 9 km dans un bateau qui m’attendra sur place. Puis la découverte du Jura Suisse avec des pentes abruptes, des bords d’autoroute, plus d’urbanisme et un avancement plus facile que dans les Vosges. Avant de refaire 4 km de traverser du Lac Léman.
– Du Lac Léman au Mont-Blanc : j’entrerai dans le massif du Chablais qui va me faire grimper à 3 000 m d’altitude, avant de redescendre à Chamonix, en 2-3 jours. Ensuite, il m’attend un vrai mur avec le Grand Ruan. La compagnie des guides de Chamonix ne sont pas favorables et me déconseillent de me lancer tout seul. Donc on avisera suivant les conditions climatiques d’avoir leur ultime avis. Sinon, je ferai un grand détour avec un gros dénivelé, mais je connais le tracé car je reprends le tracé de l’arrivée de l’Ultra Trail du Mont-Blanc. Là-bas, je retrouve Guillaume Pierrel, bressaud d’origine qui vit à Chamonix et qui sera mon guide de haute montagne jusqu’au 4 808 m. Arrivé là-haut, j’aimerais redescendre en parapente mais les conditions climatiques dicteront les possibilités. Sinon, ça sera à pied et j’aurai validé ce projet.

Vous partez pour une quinzaine de jours en autosuffisance. Quel matériel emportez-vous ?
Je pars avec un sac particulier, en bâche de camion de 90 litres, posé en clé de portage, comme le porteur en montagne. Entre 20 et 25 kg, composé essentiellement de nourriture.
Je pars avec 2 500 calories par jour, c’est à dire 7 à 8 kg de nourriture. Mais aussi, un réchaud, une scie pour faire un feu, une corde, un baudrier, un descendeur… Et du couchage qui réponde aux conditions climatiques. A la sortie du Lac Léman, je m’équiperai de chaussures qui permettent d’adapter des crampons nécessaires pour évoluer dans les zones montagneuses, d’un piolet, d’une pelle à neige. Et à partir de Chamonix, je m’équipe de skis de randos, car là on sera en haute montagne…

Comment avez-vous préparé ce nouveau défi ?
Pour réaliser ce défi, mon corps à dû évoluer car ce n’est le même « véhicule » pour traverser l’Atlantique ou pour faire le tour de France cycliste. Pour l’habituer, il faut l’agresser, et il s’adapte assez vite. Pendant 12-13 jours, je l’ai bien compris en mettant une roue de voiture dans mon dos. Mon corps souffrait, puis quand il l’a supporté plus facilement, j’en ai ajouté une seconde.

Le poids de ces roues équivaut à celui de votre sac à dos pendant votre périple ?
Oui, les 2 roues pèsent 30 kg au total et elles ont la particularité de ne pas bouger de faire une bonne répartition dans mon dos, sans dépasser et donc ne pas prendre le risque de s’accrocher dans des branchages. Au total, j’ai effectué 16 montées du Tétras à Gérardmer, c’est-à-dire 85 km Azimut. C’est ce défi qui m’a fait bien ressentir les conditions que je subirai.

En parallèle, vous préparez avec votre compagne, Joy Imbert, un docu sur cette expérience ?
Le message principal qui sera relaté dans un court métrage de 20 minutes : rendre compte de l’aventure, avec des images très qualitatives. Je veux embarquer les personnes pour qu’ils découvrent ce que j’ai vécu et leur faire passer le message de suivre leur propre trace dans la vie. Je n’ai pas les qualités artistiques de Vincent Munier, bien sûr, mais l’état d’esprit est le même : proposer aux gens de découvrir la nature autrement. Nous voulons le présenter dans les festivals de films d’aventure à La Rochelle, Millau, Val d’Isère…

Mais avant de découvrir le film, pourra-t-on vous suivre pendant votre parcours ?
On pourra me suivre en live sur le live traking de la balise owaka qui me suit en temps réel. On saura exactement ou je me trouve. Et bien sûr, via les réseaux sociaux, Joy postera régulièrement des points sur ma progression, sur mon état de santé et de fatigue, ainsi que sur les conditions météo que je pourrais subir. D’ailleurs, je préviens déjà les Vosgiens que les 15 premiers jours de mai vont être exécrables en termes de météo car à chaque fois que je fais un défi de ce genre, il y a un temps difficile (rire).

Hohneck 4808 – Stéphane Brogniart
A partir du 2 mai, 10 h
Départ du sommet du Hohneck
Arrivée au sommet du Mont-Blanc
Pour suivre Stéphane Brogniart en live, à partir du 2 mai : https://owaka.live/hohneck-4808

Entraînement de Stéphane Brogniart à la Station de ski de la Mauselaine de Gérardmer :

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