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Gamyo Epinal : Le nouveau trio gagnant du hockey ?

Le 09 septembre 2014 par Bruno Veillon

Ils vont se battre pour faire d’Épinal la place forte du hockey sur glace en France. La famille Maurice et Romain Casolari aux manettes du club, avec un nouvel entraîneur de légend : Philippe Bozon. Entretiens.

Totalement inédit en France, pour la première fois un club de hockey prend le nom de son sponsor : les Dauphins deviennent les Gamyo d’Épinal, du nom d’une société de jeux vidéos de Romain Casolari. Nouveaux noms, nouveau dynamisme, nouvelle équipe. Jusqu’où ira le hockey spinalien ?
     
Anthony Maurice, vous êtes un manager général ambitieux aux moyens financiers limités jusqu’à présent. Romain Casolari, vous êtes un Spinalien expatrié qui revient investir sur le territoire sportif. Comment vous êtes vous rencontrés ?
Romain Casolari – Nos familles se connaissaient depuis longtemps à Épinal. Quand je suis parti vivre dans le Var par la suite, en prenant des nouvelles de ma ville d’origine, j’entendais beaucoup parler du bon niveau du hockey spinalien. On s’est contactés quand je suis rentré sur Épinal. Au départ, ma volonté, c’était d’investir fortement dans le basket. Mais j’ai eu vent des difficultés financières du hockey spinalien. Quand je suis rentré ici, et que je regardais tous les sports, j’avais l’impression que les Maurice se battaient pour leur club. Comme je bosse tout le temps et que je connaissais bien Anthony, je lui envoie un mail en pleine nuit, à trois heures du matin.
Anthony Maurice – Ça nous arrive comme ça de temps en temps de recevoir des mails en pleine nuit, qui sont souvent peu porteurs d’espoir… J’ai répondu alors à Romain et tout s’est enchaîné. On s’est vus l’après-midi, le lendemain on était d’accord sur notre partenariat. On a étudié plein de projets différents. On a partagé beaucoup d’affinités et une vision des choses assez proche.

Quelle est la vision que vous avez du hockey ?
R. C. – On voit le sport de la même façon : moderne, business, spectacle et la gagne. Dans le hockey avec très peu de moyens, on arrive à faire beaucoup. Quand vous investissez 1 000 euros dans un club de hockey c’est comme donner au moins 100 000 ou 200 000 euros à un club de football. Ça a le même impact.

Finalement vos discussions aboutissent à la décision du naming. Vous avez tout de suite pensé à rebaptiser le club ?
R. C. – Nous en avions discuté plusieurs fois au cours de la saison, et ça m’a d’abord gêné. Je suis quelqu’un de très discret. Vous trouverez peu d’infos sur moi sur le web et on ne peut pas dire que l’opération du naming soit en adéquation avec ma façon d’être dans la vie. L’idée de départ, c’était d’aider d’abord Anthony à trouver un partenaire de naming, une grosse machine comme Red Bull par exemple. Mais avec les résultats de l’équipe c’était compliqué de s’avancer dans cette voie là. Le choix de Gamyo est arrivé après des centaines d’heures de discussions avec Anthony à bosser sur l’équipe. Le club aurait ainsi pu s’appeler agrojob ou commerce.com mais on s’est dit que le plus fun pour attirer les jeunes c’était un studio de jeux vidéos.
A. M. – Ce qui était compliqué, c’est qu’on a eu une mauvaise intersaison, puis une année très compliquée même si on a accueilli beaucoup de monde à la patinoire, en remportant 11 matchs sur 13 à domicile. On a fait un résultat positif de 130 000 euros ce qui n’a jamais été atteint par le hockey français.

On a l’habitude de dire que celui qui a le plus d’argent dans un club c’est le président. Comment fonctionnez vous avec le président, Claude Maurice ?
A. M. – Pour répondre à la question : mon père est président, donc il décide de tout, même s’il me délègue de plus en plus un certain nombre de décisions. Après il y a un point important, on s’est mis d’accord avec Romain, je ne vais pas le voir tout le temps pour avoir de l’argent, jamais il n’y a de discussions d’argent supplémentaire. Ça me mettrait mal à l’aise.

Romain, votre discrétion génère aussi des interrogations : vous investissez sur le court ou le long terme ?
R. C. – L’idée n’est pas de remettre chaque année de l’argent pour reconstruire de zéro à chaque fois. Nous appelons nos autres partenaires à s’engager dans la durée.
A. M. – Romain porte un élan collectif et dynamique. Il est là pour que tout le monde ait envie de nous accompagner peut-être un peu plus et un peu plus longtemps. C’est le message qu’on fait passer à tous les partenaires.

Quels sont les objectifs sportifs dont vous rêvez pour le club ?
A. M. – Une seule place nous intéresse, la première. Nous sommes des compétiteurs, des anciens sportifs, on en a la mentalité. Après clairement, on est sur un projet qui se construit sur les 6 ans à venir, il ne faut pas s’attendre à ce qu’on soit champions de France dès cette année. Si on parle d’ambition sportive, c’est gagner un maximum de matchs, de faire le plein à domicile. Objectivement on a la place pour être dans les six premiers cette année, ça me semble cohérent.

Vous avez des premiers signes en ce sens ?
A. M. – On en est seulement à la première étape : 10 joueurs français c’est pour moi la base du projet et d’avoir un coach qui sache travailler avec les joueurs français. Ensuite on a le naming, le changement de couleurs et l’arrivée de 10 internationaux dans l’équipe (lire ci-contre), le tout coaché par Philippe Bozon. C’est un enchaînement parfait. On ne sera pas champion, mais on va être une attraction dans la ligue. On vient de signer deux nouveaux joueurs (Mathieu Le Blond et Aziz Baazzi, ndlr), on a donc besoin de quelques semaines pour vraiment voir où ils se situent. En plus, avec le problème de refroidissement de glace de la patinoire, on a perdu deux semaines qui sont vraiment cruciales dans une saison de hockey. Donc on va avoir un peu de retard à l’allumage… Cela va t-il avoir une incidence sur le résultat global de la 
saison ? Je n’en sais rien. Il faudra que le public soit patient, les joueurs et le coach aussi.
R. C. – Le plus important pour les joueurs et le coach, c’est qu’ils soient convaincus qu’ils sont au bon endroit et qu’ils aient envie de rester les prochaines années. L’objectif c’est que tout le monde se donne à fond, pour que le coach reste, parce que là il est là, pour un an, mais s’il signe l’année prochaine, c’est sur du long terme aussi.

Vous avez aussi le meilleur public de France. Qu’attendez-vous des supporters ?
A. M. – Beaucoup ! Un nouveau club de supporters a vu le jour, les GénératYON Cannibales. On est très heureux qu’ils reviennent. Les supporters donnent tout un spectacle, parce qu’il nous donnent de l’ambiance, ils se prennent au jeu, les gens adorent ça. On a mis sept ans à remplir à nouveau la patinoire, ça a pris beaucoup de temps. Il faut maintenant fidéliser. On réfléchit aussi à un projet hors normes, comme aux Winter Games, c’est de faire un match en plein air, que j’aimerais faire dans un grand stade pour passer un moment unique avec notre public.

Épinal va devenir le petit village gaulois du hockey, comme Guingamp pour le football ?
A. M. – Le hockey est le seul sport collectif en France qui permette d’atteindre des objectifs incroyables. Pourquoi pas par exemple un jour jouer la Coupe d’Europe ? Ce serait impossible pour tous les autres sports collectifs vosgiens. Mais pour le hockey, c’est envisageable. On est le seul club local qui peut avoir des objectifs très importants avec des budgets maîtrisés, il ne nous manque que 500 000 à 1 million d’euros pour rivaliser avec les gros clubs.

Si vous parvenez à réaliser vos objectifs, au rythme qui est le vôtre, une patinoire plus importante, c’est quelque chose que vous projetez ?
A. M. – Si on continu à remplir la patinoire pendant 3 ou 4 saisons, un projet d’extension de 500 places est envisageable.
R. C. – Il ne faut pas imaginer un jour à Épinal une patinoire à 25 millions d’euros et 10 000 places. Ce qui compte aussi ce sont les droits télévisuels de retransmission.

C’est-à-dire ?
A. M. – La fédération cherche plutôt des grosses villes avec des grosses patinoires pour générer des droits télévisuels importants, c’est leur objectif à dix ans. La vision de la fédération s’arrête à Rouen et Grenoble. Demain, il faudrait que la fédération apporte 200 à 300 000 euros par club pour faire monter le niveau général et intéresser vraiment les grandes chaînes de télévision… Aujourd’hui on n’a pas cet argent. Mais nous avons ici à Épinal le meilleur taux de remplissage du hockey français, même si nous ne sommes pas le plus gros club. Maintenant qu’on a pris dix internationaux, la fédération va être obligée de compter avec nous.

Et la coupe du monde en 2017 ?
A. M. – Les 50 % de Français dans l’équipe c’est aussi dans l’objectif de la coupe du monde de hockey en France. Si en 2017 on a dix joueurs de l’équipe de France qui sont à Épinal, imaginez la vitrine pour la ville, pour une coupe qui sera suivie par 1,5 milliard de téléspectateurs !

     

Philippe Bozon : ” Mon arrivée est un gros challenge quoiqu’il arrive “

Philippe Bozon, votre aura de légende est un avantage dont de nombreuses formations de Ligue Magnus aimeraient profiter. Pourquoi un symbole, comme vous l’êtes pour de nombreux supporters, a-t-il décidé de signer pour les Gamyo d’Epinal ?
Philippe Bozon – Très simplement. Je venais de terminer ma mission auprès de la Fédération Française de Hockey qui n’a pas décidé de pérenniser le poste fixe que j’occupais. J’étais en quête d’un nouveau challenge et après avoir constaté la défection de l’entraîneur annoncée, j’ai rencontré les dirigeants et nous nous sommes accordés sur l’ambitieux projet du club.

Vous êtes proche de l’entraîneur spinalien de la saison dernière, Raphaël Marciano. Sa présence au club vous a-t-elle encouragé à entamer les discussions ?
P. B. – Il a été l’intermédiaire entre moi et le club. Mais c’est moi qui me suis rapproché de Féfé pour prendre le pouls de la situation. J’étais à la recherche d’un emploi et eux recherchaient un entraîneur. Je ne suis pas du genre à me dorer la pilule (rires, ndlr), je voulais retrouver rapidement un poste et je crois que les deux parties y ont trouvé leur compte. J’aurais aimé avoir Féfé dans mon staff comme assistant coach. Malheureusement, un désaccord entre lui et les dirigeants, sur lequel je ne veux pas m’étendre, fait qu’il ne sera pas de l’aventure. Ma relation avec Nico Martin, qui sera assistant, est excellente. Il a l’expertise de la situation et connaît parfaitement le club. Nous devons faire du bon travail ensemble.

Vous sortez d’expériences mitigées en tant qu’entraîneur en Suisse et à la tête de l’équipe de France U20. Vos résultats avec les Gamyo vont être attendus au tournant par vos pairs ?
P. B. – Certainement, mes expériences suisses ont été frustrantes car j’arrivais dans un contexte similaire à celui d’Épinal : reconstruction de clubs à grosses ambitions. Seulement, les premiers résultats n’ont pas été au rendez-vous immédiatement et la pression est vite arrivée.

Craigniez-vous pareille mésaventure dans les Vosges ?
P. B. – Ça a fait partie de nos discussions avec le président et le manager du club. Mon arrivée est un gros challenge et quoi qu’il arrive, il n’y a que le résultat qui compte. J’ai signé pour une saison car les deux parties doivent apprendre à se connaître. Mes dirigeants veulent voir ma manière de travailler et m’ont demandé de commencer le chantier de construction du club.

Pour débuter ce chantier, qu’avez-vous demandé ?
P. B. – L’utilisation de la vidéo pour préparer les matchs, la nécessité d’obtenir un staff médical autour de l’équipe et l’amélioration de la préparation physique car certains joueurs ne sont pas du tout en forme. C’était indispensable pour partir sur de bonnes bases car il y a beaucoup de manquements par rapport aux gros clubs de Ligue Magnus. Il faut franchir les paliers un à un sans griller les étapes.

Justement, votre effectif est-il conforme à vos désirs et prêt pour le début de saison ?
P. B. – Le groupe semble bon mais il est possible que nous le renforcions si une opportunité se présentait. Nous avons encore un gros travail de préparation pour bien commencer la saison. Dans son passé, Épinal a toujours évolué avec deux lignes, la 3e n’étant que trop peu utilisée et la 4e inexistante. Moi, je veux responsabiliser tous les joueurs et leur donner un rôle à chacun. Je ferai jouer la concurrence et tous auront la possibilité de démontrer leur talent sur la glace.

Une glace de la patinoire de Poissompré qui a eu du mal à être utilisable…
P. B. – C’est un problème indépendant au club qui nous a contraint à faire une préparation tronquée dans les Alpes, puis en alternance à Amnéville ou Colmar. Ces problèmes provoquent un retard dans notre planning pour ce début de saison et j’espère qu’il n’entachera pas trop nos résultats. Mais tout semble s’arranger.

Quels sont vos objectifs cette année ?
P. B. – Nous n’avons pas défini un objectif précis en championnat car nous sommes en reconstruction. Je veux une attitude exemplaire hors et sur la glace et être aussi performant hors de nos bases qu’à domicile, à l’inverse de l’an dernier. Nous allons nous concentrer sur chaque match et j’ai bon espoir que les résultats arriveront quand tout sera respecté. Côté coupe, nous allons les jouer à fond car ces rencontres sont toujours galvanisantes.

Le public spinalien est considéré comme le meilleur public de France, il a donc beaucoup d’espoir et d’exigence sur vos résultats.
P. B. – Le meilleur public de France va nous mettre la pression, indéniablement. Mais elle doit être positive. C’est un élément de plus pour la motivation. Nous devrons profiter de leur soutien et régaler nos supporters.

Premier match officiel de la saison :

Gamyo Epinal – Etoile Noire Strasbourg
Coupe de la Ligue
Mardi 9 septembre, 20h15
Renseignements : =http://gamyoepinal.com/]http://gamyoepinal.com/

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