Epinal à un match du titre !
En déplacement sur la pelouse de Bobigny, 3ème au classement, les hommes de Fabien Tissot avaient leur destin en main. En cas de succès lors de cette 29ème et avant dernière journée de N2, les Spinaliens auraient un pied en National. La rencontre fut pleine de rebondissements. La note finale, elle, grandiose. Cette après-midi, les joueurs d’Epinal semblent avoir fait le plus dur.
400 kilomètres séparent le stade Auguste Delaune de Bobigny et Epinal. En revanche, pour la passion et la ferveur, aucune barrière n’est trop grande. Nulle contrainte n’est assez puissante. La preuve en est, pour cette rencontre décisive, 57 supporters ont décidé de faire le déplacement jusqu’en Seine St-Denis, dans un bus affrété par le club pour l’occasion. C’est donc en territoire ennemi, mais avec le soutien de leur 12ème homme que les boutons d’or rentrent sur cette pelouse qui leur réussit plutôt assez bien ( 3 victoires lors des 3 derniers déplacements ). Toutefois, les coéquipiers de Sébastien Chéré en ont conscience : faire table rase du passé est primordiale, au risque de vivre une terrible désillusion.
Une entame parfaite
Pour Bobigny, l’enjeu est également de taille. Les Parisiens sont à deux longueurs du leader et adversaire du jour. Un revers viendrait donc balayer les derniers minces espoirs de montée. Cette tension comptable explique celle qui est perceptible sur le terrain. Les 22 acteurs – lors des premières minutes – se jugent, pour ne pas dire qu’elles se craignent. C’est à qui voudra se mouiller le premier. Un craquage de fumigène vosgien viendra réveiller les joueurs, et engager – enfin – les hostilités. Sur le premier corner de la rencontre botté par Arthur Vallon, Marc Laurent profite d’un cafouillage pour pousser le ballon au fond des filets et ouvrir la marque à la 8ème minute, 0 – 1. L’entame est parfaite, d’autant plus qu’en face, les joueurs de Fabien Taine ne semblent pas en mesure de réagir.
Les deux camps se livrent une effroyable bataille tactique au milieu de terrain. La chaleur – 23 °C au compteur – est également l’un des facteurs expliquant le manque de rythme apparent. Les locaux ne se montrent nullement dangereux .. jusqu’au réveil de l’incontournable Farid Beziouen, meilleur buteur et passeur du championnat. L’ancien joueur du Red Star viendra inscrire sur pénalty sa 21ème réalisation de la saison, quelques secondes avant la mi-temps, 1 – 1. À l’entame du second acte, toutes les cartes sont rebattues.
Rocambolesque scénario
En ces instants, nul ne pouvait prédire ce qu’allait prévoir les 45 dernières minutes, à l’antinomie de la première mi-temps. Dans un premier temps, Beziouen prouve une fois encore pourquoi il se dresse comme le meilleur joueur de cette saison. Peu avant l’heure de jeu, il adresse une merveille de coup-franc dans la lucarne de Salim Ben Boina, donnant l’avantage à Bobigny. Les Spinaliens sont menés, les supporters dépités. Les joueurs de la Cité des Images le savent, le prochain but sera décisif. Leur saison toute entière peut se jouer sur le futur fait de match. Un corner, un mauvais marquage ou une erreur d’arbitrage, tout peut décider de leur avenir. Le destin aura voulu que ce soit une parade.
À la 65ème minute, Beziouen, encore lui, se présente seul face à Boina. La balle du triplé, et de la potentiel montée au bout du pied. Mais le portier, dernier rempart de son équipe, sauve les siens avec brio. Voyant ses joueurs aux bords de la rupture, Fabien Tissot l’a compris. S’il veut espérer une remontada, il doit faire preuve de malice. Elle apparaîtra, sous le nom d’Ali Mmadi.
Mmadi, coaching gagnant
L’international Comorien rentre sur le terrain à la 70ème minute. Sa saison a été en deçà des attentes, finissant par être relégué sur le banc des remplaçants au fil des matchs. Toutefois, les plus grands succès proviennent parfois d’éléments inattendus. 4 minutes après son apparition, il adresse une merveille de ballon à Karim Coulibaly, qui égalisera face à Marvin Golotin, 2 – 2. Une passe décisive, avant de rentrer son nom pour toujours dans l’histoire du club Spinalien. Quelques secondes plus tard, il sera à la réception d’un centre de Nicolas Borodine. Sans trembler, il conclut parfaitement l’action, et renverse à lui seul le scénario rocambolesque de la partie, 2 – 3. L’explosion de joie des Vosgiens sera malheureusement bien vite écourtée.
La tension, palpable sur le terrain depuis le coup d’envoi, est également visible en tribune. Cette remontée spectaculaire ne semble pas être au goût du public parisien, créant des heurts et des affrontements violents, qui obligeront le corps arbitral à suspendre le match durant une vingtaine de minutes. Des images que nous détestons voir mais qui, dans un certain sens, ont servi l’intérêt des joueurs d’Epinal. Les locaux ne parviendront plus à se remettre dans la rencontre, permettant au SAS de l’emporter, 2 – 3.
Ce début de soirée irrespirable pourrait, dans une semaine, être l’un des plus beaux souvenirs foot du public Spinalien. Avec le match nul du dauphin Fleury 91, les joueurs de Fabien Tissot devraient, s’ils prennent un point le week-end prochain face à Lusitanos, être sacré champion de N2. Surtout, retrouver la National, qu’ils attendent depuis 2017. Une chose est sûre, le dernier match de la saison à la Colombière s’annonce déjà bouillant.
