Du Thillot aux circuits internationaux, la trajectoire passionnée du Vosgien Jordan Mougenot

Parti du Thillot avec pour seule richesse sa passion, Jordan Mougenot a tracé sa route jusqu’aux circuits européens. Aujourd’hui instructeur de pilotage et pilote de course, ce Vosgien prouve qu’avec du travail, de la ténacité et beaucoup de cœur, les rêves d’enfant peuvent devenir réalité.
Natif du Thillot, Jordan Mougenot n’a jamais oublié ses racines, même s’il a quitté depuis plusieurs années les montagnes pour vivre à Lyon. Aujourd’hui instructeur de pilotage et pilote de course, il revendique haut et fort son attachement à son territoire natal. « Je viens du Thillot et j’en suis plutôt fier. Bien que je n’y habite plus pour des raisons professionnelles, je reste très attaché à ce petit morceau de montagne qui m’a vu grandir. »
Son histoire avec le sport commence sur les terrains de football, dans les cages du Club Sportif Thillotin. Mais très vite, une autre passion prend le dessus : le sport automobile. Un héritage familial, transmis par son père, passionné de vitesse. « Depuis tout gamin, je me suis toujours dit : je serai à la place de ces gars-là, peu importe le prix à payer humainement parlant. »
En 2011, à seulement 18 ans, le jeune homme se qualifie pour la finale nationale de Rallye Jeunes, organisée par la Fédération française du sport automobile. Une révélation. « Je me suis dit : bordel, je me sens bien derrière un volant ! » Mais de retour dans les Vosges, ses ambitions sont accueillies avec scepticisme. « Tout le monde me rigolait au nez. Excès d’ego ou jalousie ? Je ne le saurai jamais. »
Malgré tout, il persévère. En 2014, une rencontre change sa trajectoire, Benoît Perrin, figure du sport auto vosgien, l’encourage à devenir instructeur de pilotage. « Tu as de la tchatche, tu te débrouilles bien derrière un volant et tu es empathique. Ce job est fait pour toi », lui dit-il. Le Thillotin n’hésite pas ! Il se forme, décroche son diplôme début 2015 et se lance à fond dans ce nouveau métier.
Les débuts sont rudes. Le milieu est compétitif, les places rares. Mais sa détermination et son talent finissent par payer. Le pilote travaille avec de grandes marques comme Porsche, BMW, Alpine ou Renault Sport, enchaînant circuits et événements à travers l’Europe. « J’ai décidé de mettre ma vie personnelle entre parenthèses pour performer au maximum dans ce qui m’anime le plus : le sport auto. »
En 2017, il rencontre Fabian Duffieux, instructeur belge, qui deviendra son meilleur ami. Ensemble, ils parcourent le continent, animés par la même passion pour la transmission et le pilotage. « J’ai toujours aimé les gens, et plus le temps passe, plus j’aime transmettre mon savoir. »
Trois ans plus tard, lors du Rallye des Vallées, Jordan Mougenot croise la route de Thierry Chkondali, chef d’entreprise et pilote Nancéien. Sur cette épreuve, les deux hommes se livrent une bataille acharnée pour la troisième place, à coups de dixièmes de seconde. Une rencontre décisive : « Ce rallye a été le point de départ d’une belle aventure. Un an plus tard, Thierry m’a appelé pour me prendre sous son aile et rouler à ses côtés en endurance. J’ai une reconnaissance infinie envers lui. Je lui dois beaucoup, et sa générosité m’honore. »
Grâce à lui, l’ex-gardien de but réalise un rêve : participer à de grandes courses d’endurance à travers la France et le monde. Engagé sur plusieurs épreuves d’endurance dans l’Hexagone, le point d’orgue reste sa participation aux 24 Heures de Portimão (Portugal) en 2022, puis aux 24 Heures de Dubaï en 2023, avec à chaque fois des performances de haut niveau. En parallèle, toujours désireux d’être le plus polyvalent possible, il prend également le départ de plusieurs rallyes et courses de côte. En 2025, il prend le départ des 24 Heures de Barcelone au volant d’une Porsche GT4 RS Clubsport. Résultat : une superbe deuxième place. « C’était un rêve éveillé. J’en suis la preuve, je suis parti de rien. »
Aujourd’hui installé à Lyon, le pilote a recentré son activité autour du pilotage loisir et compétition pour particuliers et entreprises. Fini les missions pour les grands constructeurs. « La voiture électrique, même si c’est un super outil du quotidien, m’ennuie un peu. Ce qui me plaît, c’est la passion, le bruit, le ressenti. »
Après plus de dix ans dans un milieu exigeant, il garde les pieds sur terre et le regard tourné vers l’avenir. « Pas de secret : le travail est la clé. Même avec peu de moyens, avec de la passion et de la détermination, tout est possible. » Et Jordan Mougenot en est la parfaite incarnation. Du Thillot, en passant par Dubaï et Barcelone, il a prouvé qu’aucune ligne d’arrivée n’est trop loin pour celui qui ose tracer sa propre trajectoire.


