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Téachel : poète marginal, musicien anti-conformiste, à Gérardmer

Le 15 juin 2016 par Bruno Veillon

À soixante ans, il signe son premier album. Téachel, musicien vosgien, amoureux des mots et marginal touchant, propose sa « Démocratie du comptoir ». Le récit de la vie de ce poète provocateur, pas encore prêt à raccrocher la plume. Une affiche de Germinal, un crucifix à l’envers et des affiches contre la construction de la centrale de Cattenom. À côté de la guitare, Léo le chat, miaule.

La boule de poils porte « un collier rouge, habituellement ». Là, « il a le modèle vert-écolo ». Dans la salle de répétition de Téachel, Thierry Lalevée, le décor est planté, d’emblée. Le musicien est un anti-conformiste assumé. Il se dit anarcho-poétique et joue de son personnage provocateur, « même s’il s’est un peu calmé maintenant ».

« Courir les bois »

Vêtu de noir, de la tête aux pieds, seuls ses yeux enfantins, couleur bleu océan, font contraste. Son histoire commence simplement : « J’ai toujours été attiré par la chanson ». Le Vosgien originaire de Moussey est un autodidacte. Il se souvient avoir passé son enfance à « courir les bois ». Petit, il improvise des mises en scène et imite Chaban-Delmas devant ses copains.

La maladie de la scène le regagne plus tard. À seize ans, il achète sa première guitare. À dix-huit, il en joue à l’armée «  un comble pour un anti-militariste comme moi ». À vingt ans, c’est la révélation. « Un soir, un pote me dit qu’il a acheté le dernier album de Bernard Lavilliers ». Ce mélange de samba, de rock avec ces textes d’ouvriers change sa vie. Quelques années plus tard, ce sera Léo Ferré. Un père spirituel qui apprend à Thierry l’importance des mots. Le musicien commence à écrire et part pour Paris mais l’ambiance lui déplaît.

« J’ai une petite ritournelle dans la tête »

L’amoureux des forêts revient vite dans les Vosges, attaché « viscéralement » à la ruralité. Une période de marginalité s’en suit. « C’était la fin du mouvement hippie. Puis j’ai rencontré ma femme. Il fallait que je me soucie de notre avenir concret. Nous avons eu notre fille. » La scène est de retour dans sa vie dès 1998. Téachel ne s’arrête plus de noircir les pages : sur Paris, son enfance, la Belgique, les bars, les gens.

Il se dit engagé et aborde ses thèmes : la « connerie humaine,  l’individualisme ou la  destruction de la planète ». Sur son carnet, les idées s’accumulent. En vrac. « En général, quand je commence à écrire, j’ai une petite ritournelle dans la tête ».

Il chante la rudesse de l’école de l’époque et la « démocratie du comptoir, celle où les classes et les différences disparaissent ».  Il se souvient des « vraies bringues dans les supers bistrots et de la liberté ».

Ferré, Brassens et Brel

Il cite les arabesques de givre qui se dessinaient sur les vitres d’antan, formant des fleurs, les « carreaux marguerites ». Il se passionne pour le langage halieutique, lui, « terrien des bois » attiré par la mer de Bretagne.

La soixantaine arrivée, il sort alors son premier album, une tranche de vie. De la chanson réaliste, comme celle des années 1930. Thierry, devenu Téachel, pour ses initiales, fait des clins d’œil à Ferré, Brassens et Brel dans ses textes et défend la langue française. Il s’applique à expliquer l’origine de ses chansons, réel exutoire et moyen d’expression, à son public. Il dévore l’actualité, « au point que ça devienne pathologique ». Envisageant déjà les albums à venir, il se définit comme un adolescent éternel, un compositeur amateur.

Provocateur et joueur, le voilà « de retour à la marginalité », ayant mis tout de même « la soupape », mais il persiste et signe : « J’en ai gardé sous la pédale. »

Téachel
En concert aux Copains d’abord, à Gérardmer, le 16 juillet
Salle Jeanne d’Arc, à Allarmont, le 8 octobre

L’album de Téachel
La Démocratie du comptoir en souscription sur www.teachel.fr

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