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Répondre à la nuit, le nouveau roman d’Agnès Ledig. Rencontre

Le 12 février 2025 par Francoise Fontanelle
© Pascal Ito

Si dans ce roman, on retrouve la vie sauvage en lisière de forêt et la vie  de personnages en lisère de la société, de Un abri de fortune*, Répondre à la nuit  n’en constitue pas une suite. Ici, Agnès Ledig pose la question de la limite de l’action pour défendre la nature. Une nature pour laquelle elle se fait nos yeux et nos oreilles à travers ses personnages et les animaux de la forêt.

Agnès, ce roman est un véritable plaidoyer pour le monde sauvage…

L’idée que j’avais envie de transmettre était de montrer à quel point nous sommes la nature et qu’en l’exploitant, nous ne faisons que nous détruire nous-même. 

J’aimerais que les lectrices et les lecteurs ressortent de ce roman en se posant ces questions : « Mais qu’est-ce que l’on fait maintenant ? » ; « Quels sont les enjeux ? » ; « Qu’est-ce que l’on accepte et qu’est-ce que l’on accepte plus ? ». Je n’ai pas forcément les réponses, mais changer le récit (ce qui est mon métier) me permets d’agir à ma petite échelle. Par exemple, si tout à coup être à la mode est de porter des vêtements issus du recyclage et qu’acheter des vêtements neufs devient ringard, nous n’aurons plus le problème de la fast fashion et des déchets liés à cette industrie. 

L’intrigue a pour sujet la chasse. Pourquoi ? 

Cela m’intéressait de tirer ce fil-là. La déesse de la chasse était une femme qui ne souhaitait pas être reléguée au rang de sa condition de femme. Elle était allée chez son père réclamer un arc et des flèches qui étaient réservés aux hommes.

Je suis tellement émerveillée, depuis que je suis dans les Vosges, d’entendre le brame du cerf juste au bout du champ… Cela nous renvoie à la petitesse et à l’humilité que nous devrions avoir envers le monde sauvage. Pour autant, il ne faut pas s’y frotter de trop près… Thémis, le fait car elle n’a pas peur. Elle accepte le danger parce qu’elle fait partie de la nature.  D’ailleurs les animaux sauvages ne veulent pas de mal aux humains. Tout comme Thémis, même si elle chasse de temps en temps. Cela fait partie de la nature où il y a des prédateurs et des proies.

Le lynx est, lui aussi, un personnage à part entière…

Les Lynx sont en danger d’extinction. Et je rejoins Vincent Munier sur ce point : pourquoi essaie-t-on de réintroduire le Grand Tétras qui ne peut plus s’adapter au changement climatique, et pas le lynx qui est plus  efficace que les chasseurs pour  limiter les populations de cervidés qui, trop nombreuses, empêchent la forêt de se régénérer ? (…)

On a affaire à des choix politiques qui ne respectent pas le monde sauvage, et c’est cela que je voulais mettre en lumière dans ce roman. 

Car la réponse est là, sous nos yeux…

Oui. Pour reconnecter les gens au  vivant, il faut leur montrer à quel point nous sommes dépendants de son fonctionnement ; ne serait-ce que se nourrir. Exploitation forestière, exploitation agricole… Il faut arrêter d’exploiter, mais prélever les ressources à hauteur de ce qu’elles peuvent donner. Moi je suis au milieu de tout cela et je me demande pourquoi cela s’aggrave encore plus ? Or, on ne peut pas détruire quelque chose que l’on trouve merveilleux. Alors si les lecteurs referment le livre en se disant : qu’est-ce que ça à l’air beau la forêt ! Qu’en allant s’y promener ils reconnaissent le cri du Pic noir, ils auront envie de protéger cet écosystème. Pour cela, à la fin du livre un QR Code renvoie à une version sonore des différents cris que je décris dans ce roman.

Répondre à la nuit
Agnès Ledig
Éditions Albin Michel 
Février 2025 – 22,90 €

* Voir le numéro de Tandem février 2023 ICI

Un article réalisé en partenariat avec le Magazine Tandem, à consulter ICI .

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