Rencontre avec une star du violon bientôt à Épinal : Renaud Capuçon

Malgré une actualité chargée : Renaud Capuçon rentre du Japon, repart à Stockholm, Londres et Aix en Provence avant de venir jouer à Epinal, le violoniste prend le temps de nous accorder une interview.
Quelle différence y a-t-il entre les publics japonais et français ?
Renaud Capuçon – Les Japonais ont une faculté de concentration extrême et une écoute extraordinaire. C’est différent de l’Europe. à Epinal, on sent un public qui aime la musique.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Un amour de la musique sans fin. Il me faudrait je ne sais combien de vies pour jouer tous les compositeurs, sans parler des contemporains. Ma motivation, c’est le bonheur de partager avec le public.
Quel est le secret d’un concert réussi ?
Une bonne préparation des artistes, l’alchimie, la confiance, la prise de risque à deux comme avec mon ami Gérard Caussé. J’ai la chance de choisir mes partenaires, de gérer mon agenda. Il n’y a pas un concert qui n’ait pas été désiré.
Votre meilleur souvenir de concert ?
Avec Martha Arguerich (la pianiste argentine), avec Gérard Caussé (altiste), avec Claudio Abbado (chef d’orchestre italien décédé en 2014).
Et le pire ?
Une mauvaise fièvre, un décalage horaire monstrueux. Plus jeune, on pense qu’on est Superman, on ne peut pas lutter contre son corps.
Quelques mots sur le festival Floréal et sur les Petites Fugues Musicales ?
L’après-midi, pour les Petites Fugues, je joue deux duos de Mozart joyeux, virtuoses. Je termine avec la Passacaille d’Haendel, presque du bel canto italien. Le soir, je joue un chef d’œuvre de Mozart: la Symphonie Concertante, troublante, presque romantique.
Quelle est votre actualité ?
La sortie d’un album de concertos pour violon de Béla Bartók , le
23 mars. Et à la rentrée, un disque de musiques de films.
“Il faut être persévérant pour réussir”
Quel rapport entretenez-vous avec votre instrument ? (Un guarnerius de 1737 ayant appartenu à Isaac Stern)
C’est un instrument précieux qui a été aimé, soigné. J’y fais attention comme à un bébé. C’est le partenaire de ma vie.
Quels conseils donneriez-vous à un enfant qui voudrait débuter le violon ?
D’être patient : les résultats sont longs. Il faut des voisins compréhensifs et des parents encourageants pour ne pas arrêter au bout de quinze jours !
De qui êtes-vous le fils spirituel ?
De Gérard Poulet, d’Isaac Stern, mais surtout de Veda Reynolds ma professeure à Lyon et Paris, qui jouait magnifiquement.
Quels sont vos compositeurs préférés ?
Brahms, Bach, Beethoven…
Qui n’avez-vous pas envie de jouer ?
Paganini : il y a des gens qui le font beaucoup mieux que moi, aujourd’hui !
Si vous n’aviez pas été musicien, qu’auriez-vous fait ?
Lettres et sciences po !
Quel est votre livre de chevet ?
J’ai fini Confiteor de Jaume Cabré. Et je commence le nouveau Pierre Lemaître. Pour arriver à transcender la musique, il faut être ancré dans son temps. Je suis réceptif à ce qui se passe autour de moi. Avant de connaître ma femme, j’étais dans une bulle, plus maintenant !
Une devise ?
Ne jamais abandonner !
Votre plus grande qualité et votre plus grand défaut ?
La volonté et la susceptibilité.
Comment vous voyez-vous dans vingt ans ?
Avec le même genre de vie. Le même amour pour la musique. La même curiosité.
Propos recueillis par Muriele Charlet-Dreyfus
INFOS PRATIQUES
1er concert : 17 h
TEMPLE PROTESTANT – Rue de la Préfecture
2e concert : 20 h 30
AUDITORIUM LA LOUVIÈRE – Rue la Louvière