Deux livres pour voyager durant l’été avec l’auteur spinalien Claude Vautrin
Pour la parution de son nouvel ouvrage, l’auteur vosgien Claude Vautrin nous emmène dans un nouveau voyage. Ou plutôt dans quatre voyages entre les Caraïbes, les Balkans, le Portugal et l’Atlantique Nord. Des destinations qui peuvent faire rêver mais qui sont le reflet de ce grand reporters, qui a parcouru le monde, rencontrer des personnalités passionnantes et découvert des lieux magiques. “Faire peau neuve à l’épreuve du monde” apporte quatre récits basé sur des sites géographiques splendides et de véritables faits historiques, avec une pointe d’imaginaire, pour rendre le récit encore plus passionnant. Rencontre avec cet auteur passionné et passionnant qui n’a pas fini de nous faire voyager, qui nous présente également la réédition d’un ouvrage sur les Vosges, réactualisé.
Claude Vautrin, vous présenter votre nouvel ouvrage “Faire peau neuve à l’épreuve du monde” qui mêle fiction et faits historiques, qui est une véritable invitation au voyage. Pouvez-vous présenter ce nouveau livre ?
Ce livre s’inscrit dans la logique de « 7 voyages initiatiques » qui sont des nouvelles tirées de mon vécu de bourlingueur, grand reporter à travers le monde, avec les personnes d’exception que j’ai pu rencontrer. Mais, j’y mets de la fiction, de l’imaginaire, à travers 4 récits de personnes en mouvement : des pièces des jeux d’échecs disparus dans l’Atlantique Nord, à des quêtes spirituelles. Ils se confrontent à des rituels, de passage par exemple. L’idée est qu’on peut se changer à travers le monde grâce à nos actions.
Vous nous faites voyager dans chacun de vos romans. Où nous menez-vous dans ces différentes nouvelles, que l’on retrouve dans ce nouvel ouvrage ?
Un petit mot déjà sur la couverture qui est une photo que j’ai faite au domaine Guillevic à Darney, du sculpteur Yves Humblot, qui représente un œil. Cette image est forte et énigmatique et je trouvais qu’elle illustrait bien ce recueil.
Dans ces différents voyages, la première histoire nous mène dans le Caucase dans cette région très agité, qui l’a toujours été d’ailleurs. Nous partons du Kosovo en passant par le sud de la Russie et la Turquie, à la frontière Arménienne. C’est le fruit d’un reportage que j’ai fait l’année dernière dans cette région d’Anatolie Orientale, à 2 000 m d’altitude, où il y a un ancien site archéologique d’une ville qui comptait 200 000 habitants et qui s’appelait Any. Il y a une quête : recherche le fruit perdu qui est le coing, qualifié de pomme d’or dans l’Antiquité. J’utilise l’image du « banquet géorgien » que j’ai pu vivre.
Le deuxième récit poirte sur l’Atlantique Nord est un jeu d’échec qui avait été ciselé dans l’ivoire de baleine par des sculpteurs viking, au XIIe siècle. Il avait été caché et redécouvert sur une plage sous un rocher au début du XIXe. Il manque des pièces et nous partons dans une enquête pour redécouvrir où elles sont, pourquoi elles ont été ciselées… Ce récit porte sur la thématique de la paix.
Dans le troisième, nous partons au Portugal et dans l’Afrique lusophone : Guinée Bissau, Cap Vert, Mozambique, Angola… La quête est celle d’un enfant colon portugais-angolais, qui tombe dans un puits de mine et passe 3 jours sous terre. Une épreuve qui l’a marqué bien sûr à vie et lorsqu’il revient au Portugal après l’indépendance, il fait tout un travail de réflexion sur « comment passer des ténèbres à la lumière » et il rencontre un sorcier blanc. Ces sorciers existent toujours au Portugal aujourd’hui et sont reconnus par le Vatican. Ils prennent les tourments des gens pour leur faire du bien. On part dans le puits initiatique de Sintra, qui existe vraiment et qui est un ouvrage étonnant de 35 m de profondeur, avec un escalier en colimaçon. Puis on descend dans les ténèbres et les grottes.
Enfin, nous terminons à Saint-Domingue, mais pas à Punta-Cana sur la côte, davantage dans les terres, ce qui m’a permis de rencontrer les barons des cigares dominicains. C’est la rencontre avec l’un d’entre eux, Carlito, qui m’a inspiré. Il m’a conté l’histoire de sa famille partie de Cuba pour Tampa Bay aux États-Unis, où ils créent une manufacture, qui sera incendiée. De là, ils repartent au Nicaragua mais au mauvais moment car ils seront dans la ville bombardée par un dictateur, à l’occasion de luttes armées. Ils perdent leur 2e manufacture, également incendiée. Ils seront ensuite recueillis en République Dominicaine. Sur 3-4 générations, ils sont en mouvements permanents et Carlito m’a confié son histoire, qui a donné ce récit imaginaire que je vais poursuivre. Il ne sait d’ailleurs pas encore que j’ai écrit sur lui (rire). De ce posteriori réel, je pars dans un récit imaginaire où petit Carlito rencontre au Nicaragua un vieil Indien qui lui recommande de rechercher les plans de tabac géants qui ont disparu. Il est richissime mais il lui manque cette quête. En parallèle, un Haïtien a cherché toute sa vie le nom d’un jeune maçon qui a créé la citadelle La Ferrière, symbole de ce premier pays noir à s’être émancipé du colonialisme. De cela est née une immense forteresse où le ciment a été fait grâce à du sang de chèvre, mais aussi du sang des quelque 2 000 ouvriers qui ont disparu pendant cette construction. Lui sa quête est de donner un nom à la pierre d’angle où il y a eu le sang de cet ouvrier.
Vos récits permettent de faire voyager le lecteur en mêlant fiction et véritables expériences que vous avez vécues ?
Oui, c’est ce qui me plaît. J’aime voyager dans l’actualité et me servir des mouvements du monde. C’est mon créneau et c’est ce que j’aime faire.
Le confinement que nous avons vécu en 2020 vous a lancé dans ce type d’écriture fictive qui semble vous apporter un certain plaisir littéraire ?
Oui, avant j’écrivais davantage des essais, des réflexions sur la Corée-du-Nord, les Mapuches… et mon expérience vécue. J’en ai d’excellents retours. Je sors généralement un livre par an. Sauf cette année où mon éditeur m’a demandé de rééditer un livre paru il y a 11 ans : « Les Vosges : 100 lieux pour les curieux ».
C’est un livre qui présente les coins indispensables à connaître dans le département des Vosges ?
C’est un peu ça, oui. Des lieux qui sont soit insolites, soit différent. L’idée est de valoriser le département en abordant par un angle différent que même les Vosgiens ne connaissent pas forcément. On ne parle pas assez de l’Ouest, à mon avis et je pense qu’il faut savoir faire la part belle à tout le département. J’en suis le fruit puisque mon père vient de la plaine tandis que ma mère est originaire des Hautes-Vosges et ils se sont rencontrés à Épinal, je coupe donc la poire en deux (rire). C’est un travail plaisant à faire car je rapporte des anecdotes, des légendes mais il y a aussi une part historique. Il y a tellement de petites merveilles que l’on ne connaît pas ou peu. On passe devant, tous les jours sans savoir parfois l’histoire qui colle à un lieu que l’on pense connaître par cœur. J’ai actualisé cet ouvrage, j’ai supprimé des sites qui ont pu disparaître et j’en ai ajouté d’autres.