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Gilles Francescano : “Les Imaginales d’Épinal peuvent devenir le plus grand festival de fantasy européen”

Le 08 mai 2023 par Jonathan Blanchet
Gilles Francescano, directeur artistique des Imaginales.
© Ville d'Épinal

Les Imaginales entrent dans une nouvelle ère. Illustrateur reconnu, Gilles Francescano devient cette année le nouveau directeur artistique de la manifestation spinalienne qui célèbre l’imaginaire depuis plus de vingt ans. Son arrivée s’accompagne d’une mission et d’un défi : élargir cet incontournable rendez-vous littéraire à d’autres médias et supports. Il nous dit tout sur ses ambitions.

Affiche Imaginales 2023.

Quel était votre rapport aux Imaginales avant d’en prendre la direction artistique ?

J’exerce comme illustrateur de Science-Fiction et de Fantasy depuis 1988. C’est comme ça que j’ai été régulièrement invité au festival depuis ses premières heures au début des années 2000, même si je n’y étais pas présent comme auteur pur et dur. Par la suite, on m’a même confié la réalisation de l’affiche de l’édition 2004. En prenant la présidence d’une association d’illustrateurs de genre, j’ai proposé au festival des activités, dont la fameuse fresque (réalisée depuis par des artistes invités pour illustrer la thématique de chaque édition). C’est une idée que nous avons d’ailleurs reprise aux Utopiales à Nantes, où j’exerce comme commissaire d’expositions. J’ai rarement raté une édition, sauf les trois dernières, puisque j’exerçais en parallèle à la direction d’une école de jeux vidéo que j’avais créée dans le Vaucluse.

Qu’est-ce qui vous a conduit du Vaucluse aux Vosges ?

Je dirais, une belle synchronicité des choses. Quand j’ai su que Les Imaginales souhaitaient impulser une nouvelle direction au rendez-vous, j’ai voulu, au moins, pouvoir prétendre proposer un projet pour défendre l’imaginaire en France au sein d’un festival que j’estime. Je ne me suis pas posé plus de questions que cela et j’ai défendu mon projet.

Quel est ce projet ?

Avant toute chose, la littérature doit rester au cœur du festival. Les Imaginales ont une identité forte qui s’est bâtie au cours des années. Il est hors de question de changer cela. Que ce soit dans l’illustration ou au travers de mon parcours dans le jeu vidéo, ma volonté a toujours été la même : ramener les différents médias à l’œuvre d’origine. C’est elle qui prime, mais je ne veux pas me priver des autres entrées. Élargir, c’est aussi convier d’autre formes de littératures. Il y a beaucoup d’imaginaire dans des genres peu habitués à ce type de festivals. On pourra le constater sur les tables rondes : il y a davantage de pluralité dans les genres représentés. On y parlera polar et thriller aux accents fantastiques, et il y aura de la Science-Fiction, bien entendu. J’ai voulu amener ce que j’aimais bien dans ce milieu et rendre hommage aux univers qui m’avaient fait vivre tout au long de mon parcours.

À travers cela, il y a aussi une volonté de renouveler le visitorat ?

J’espère que cela pourra capter l’attention de familles. Un festival comme Les Imaginales ne doit pas s’adresser qu’aux connaisseurs. Au-delà des polémiques, ma volonté était d’œuvrer pour l’imaginaire en général. En France, c’est un petit milieu, ce n’est pas la littérature qui est la plus représentée… et mon idée est de montrer toute sa diversité. D’où l’ambition d’ouvrir le festival au plus de public possible. C’est d’ailleurs aussi ce qui a conduit à un rapprochement avec la Fête des Images (les deux rendez-vous se tiendront pour la première fois en même temps cette année). Il y a déjà de la porosité entre les deux évènements et j’espère qu’il y en aura encore plus l’an prochain.

Envisagez-vous de l’ouvrir au jeu vidéo, domaine que vous connaissez bien ou à d’autres supports ?

On le fera oui, mais toujours en gardant l’œuvre originale au centre du propos. Il y aura notamment, cette année, un espace de démonstration autour de la réalité virtuelle. À l’avenir, j’aimerais bien convoquer quelques personnes du milieu au festival, et pas seulement dans le jeu vidéo, mais aussi dans le cinéma. J’ai envie que la pluralité du public se ressente aussi dans la programmation.

Ce festival a vingt ans d’avance sur les autres. Il y a encore de belles choses à faire

Gilles Francescano, directeur artistique des Imaginales

La programmation est traversée par un fil rouge : le futur de la cité.

C’est quelque chose dont nous avions discuté avec le Maire d’Épinal. J’ai trouvé pertinent d’ouvrir le sujet pour que cela puisse intéresser le citoyen lui-même et ne pas seulement se cantonner à l’urbanisme du futur, dont on a connu pléthore d’exemples dans toute la littérature de Science-Fiction. Je suis moins branché béton que humain ! J’ai voulu créer un dialogue entre des thèmes abordés dans des œuvres de fantasy et des études et recherches qui ont eu lieu sur le sujet. C’est pour cela que nous aurons des chercheurs qui viendront aux Imaginales parler de leurs travaux.

Qu’est-ce qui fera que cette édition sera une réussite ?

Le sourire, vraiment. Je ne me fais pas tellement de souci sur la présence du public. Mais, en ayant vécu différents festivals de l’intérieur, je sais très bien que, quand il y a du mécontentement, l’ambiance générale s’en ressent. Je sais pertinemment qu’au mois de mai, Épinal sera regardée, et pas que par les visiteurs du festival. Bien entendu, pour moi, cette édition aura une certaine valeur de test. J’espère donc que tous les auteurs et autrices seront contents d’être là et que tout le monde sera satisfait de cette belle fête. Ce sera déjà une belle réussite pour moi.

Vous vous êtes engagé pour trois ans. Quels sont les challenges et ambitions pour les prochaines éditions ?

Je pense honnêtement que les Imaginales peuvent réellement devenir le plus grand festival de fantasy européen. Ce festival a encore des possibilités de développement. Nous pouvons peut-être travailler à une plus grande présence des Imaginales à l’année dans tout le Grand Est, que ce soit par le biais d’interventions en milieu scolaire ou dans une structure, quelle qu’elle soit.

Qui dit dimension européenne, dit élargissement à l’international, notamment dans l’accueil d’auteurs étrangers.

C’est effectivement un sujet et il se travaille sur du long terme. Nous en avons quelques-uns cette année, dont Brian Evenson (etats-Unis), qui est rarement venu en France. Mais la venue d’auteurs étrangers se travaille parfois deux à trois ans en amont. Pour l’année prochaine, j’ai déjà posé quelques jalons dont j’espère qu’ils aboutiront. Je ne raisonne pas à l’échelle de mon mandat, mais à horizon plus lointain. Si les Imaginales gagnent en visibilité se posera aussi la question des infrastructures d’accueil pour les divers rendez-vous et expositions. Nous profitons aujourd’hui de nombreux établissements, mais j’espère que nous aurons d’autres possibilités à l’avenir. Ce festival a vingt ans d’avance sur les autres. Il y a encore de belles choses à faire.

Infos : www.centpourcent-vosges.fr/onsecapte/evenement/les-imaginales-fete-des-images-2023

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