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Un chef-d’oeuvre en voyage entre Epinal et Madrid

Le 18 février 2016 par Bruno Veillon

D’habitude, il trône au milieu des oeuvres du 17e siècle, à l’étage de la peinture ancienne, du Musée départemental d’Épinal. Job raillé par sa femme, de Georges de la Tour, s’offre pourtant quelques vacances en Espagne, prêté au musée du Prado.

Illustration typique de l’art de Georges de la Tour avec son clair-obscur et son jeu de couleurs, le tableau Job raillé par sa femme, fait la fierté du Musée Départemental d’Épinal. ”  C’est notre chef-d’oeuvre “, avoue Suzanne Stemmer, attachée de conservation. ” Il est dans nos collections depuis 1829, alors même que son auteur n’était pas reconnu “. 

Près d’un siècle plus tard, le talent du peintre lorrain fait l’unanimité et le chef-d’oeuvre s’offre une restauration en 1972, avant son premier prêt au musée de l’Orangerie de
Paris.

Qu’un tableau voyage, ce n’est pas si atypique finalement. ” L’une des missions des musées, c’est de veiller à mettre à la portée du plus grand nombre ses collections. Le prêt d’oeuvre, c’est donc une pratique assez courante ” et gratuite. 

Mais l’exercice nécessite une organisation monumentale ! Le musée emprunteur doit faire une demande très précise, près de deux ans en avance. ” Pour que le prêt soit accepté, on évalue l’intérêt scientifique : l’oeuvre est-elle indispensable à l’exposition ? On s’enquiert des conditions de conservation : le tableau peut-il voyager sans être endommagé ? Puis on vérifie que le musée prêteur n’a pas de projet à venir impliquant l’oeuvre “, explique Suzanne Stemmer.

Les conditions respectées, Job raillée par sa femme doit être assuré avant de prendre la route. Le tableau ” étant inestimable “, c’est l’État espagnol qui s’en charge, pour une somme de plusieurs milliers d’euros qui n’a pas été révélée. ” C’est une assurance de clou à clou : à partir du moment où le tableau est décroché jusqu’à son retour, voyage et exposition compris “, précise l’attachée de conservation.

Un transport sur-mesure

Un constat d’état est réalisé pour noter chaque détail de la peinture avant et après son périple. Et pour le transport, c’est la société spécialisée, choisie après un appel d’offres, qui recentre l’essentiel des responsabilités. ” Les transporteurs sont chargés du décrochage, de la construction des supports et du raccrochage “.

L’oeuvre, d’une dizaine de kilos, est placée dans sa caisse, fabriquée sur-mesure pour l’occasion, et posée sur une mousse rigide spéciale. Là aussi, un processus est nécessaire : ” Un jour avant, la boite doit s’acclimater à l’environnement de l’oeuvre, de manière à garder la température et l’humidité idéales. Les matériaux sont neutres pour une meilleure conservation de l’oeuvre “. 

Fermé hermétiquement et vissé, sanglé à l’intérieur d’un camion, le tableau prend enfin la route. Première étape à Paris avant de gagner l’Espagne. Température ou amortisseurs, le véhicule, spécifique lui aussi, est conçu pour limiter les risques. ” Nous avons demandé à ce que quelqu’un fasse le voyage avec l’oeuvre ” 

L’attachée de conservation est donc présente à chaque étape, ouverture et accrochage compris : ” Finalement, c’est le tableau qui décide de son transport et de ses conditions de voyage “, sourit Suzanne Stemmer. 

Veinard, Job raillé par sa femme n’en est pas à sa première excursion internationale puisqu’il s’était déjà affiché en Italie en 2002, pour une exposition à Cremone.

=https://www.centpourcent-vosges.fr/culture/expo/job-quitte-le-musee-d-epinal-pour-le-prado-de-madrid-photos-a3897.html]Pour revivre en photos le départ de l’oeuvre Job raillé par sa femme, cliquer ici.

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