Douleurs chroniques : Un enjeu sociétal
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la douleur, la sortie du premier Baromètre de la douleur sonne comme un appel à l’action. En effet, 28,7 millions de Français sont concernés par la douleur chronique. Pour le Pr Nicolas Authier, président de la Fondation Analgesia, ce chiffre est l’occasion de rappeler que l’on ne peut réduire la douleur à un symptôme et que l’amélioration de la prise en charge est une urgence.
Le Baromètre de la Douleur 2025 révèle une pré- valence de la douleur supérieure de plus de 10 points à la dernière mesure réalisée en 2008. Une situation dégradée qui témoigne de la nécessité d’améliorer le diagnostic, la prise en charge et la coordination des soins pour améliorer la qualité de vie de ces patients. En France, 42 % de la population adulte est concernée, dont 57 % de femmes et 43 % d’hommes, présentant un âge moyen de 46 ans.
La douleur, une source de handicap pour les patients
L’impact de la douleur sur la vie quotidienne des Français est majeur. 36 % des personnes concernées présentent un score d’impact de la douleur modéré à sévère, témoignant d’un handicap fonctionnel majeur au quotidien et de répercussions sur leur sommeil, leur mémoire ou leur mobilité. La majorité d’entre eux présente de la fatigue et des symptômes anxieux ou dépressifs. Toutes les sphères sont atteintes, jusqu’à la vie sociale et professionnelle. Les douleurs les plus fréquentes concernent les troubles musculosquelettiques (36 %), les douleurs céphaliques (33 %), les douleurs abdominales (15 %), les douleurs neuropathiques (12 %) et les douleurs en lien avec un cancer (4 %).
Les failles du parcours de soins
Les résultats soulignent l’insuffisance de la prise en charge pour une majorité des patients. Malgré la prescription fréquente de médicaments antalgiques (92 % des patients) et en particulier d’opioïdes (27 % des patients), moins d’un patient sur 3 voit ses symptômes s’améliorer.
Avec un accès difficile aux Structures de Douleur chronique (moins d’un tiers en a bénéficié ou en bénéficie) et une prise en charge souvent assurée exclusivement par le médecin traitant pour 60 % des patients, il n’est pas étonnant que 2 patients sur 3 considèrent celle-ci est moyenne ou mauvaise. Ils sont ainsi près de 9 sur 10 à avoir recours à de l’automédication, parfois même à des antidouleurs opioïdes sans ordonnance (16 % des patients).
Douleur aiguë ou douleur chronique ?
La douleur brève et intense est une fonction physiologique qui constitue une alerte vis-à-vis d’agressions externes et participe ainsi au maintien de l’intégrité de l’organisme. Même elle peut parfois justifier le recours à un traitement antalgique, elle est différente de la douleur chronique qui, elle, peut être associée à une maladie.
La douleur chronique est une douleur permanente. Subie pendant au moins 3 mois consécutifs et entraînant des conséquences physiques, morales et sociales importantes, elle altère la qualité de vie des patients de façon durable. Les traitements antidouleurs sont souvent insuffisants pour traiter ces patients.
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