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Plongée au cœur de la mémoire guyanaise avec le journaliste et écrivain Claude Vautrin

Le 17 décembre 2025 par Adel Saoud
Claude Vautrin
© JR

Grand reporter longtemps attaché à La Liberté de l’Est, ancien collaborateur de 100 % Vosges et fondateur de la revue Montagne des Vosges, Claude Vautrin poursuit son itinéraire d’écrivain-journaliste loin des sentiers battus. Dans un récent article consacré à la Guyane-Amazonie, il explore la mémoire du bagne, entre îles du Salut et rives du Maroni. Un travail de fond, nourri par l’histoire et le terrain, fidèle à une certaine idée du reportage.

Il y a des journalistes que l’on reconnaît à leur manière d’entrer dans un paysage. Claude Vautrin est de ceux-là. Qu’il arpente les vallées vosgiennes ou les confins amazoniens, son regard reste le même : attentif aux traces, aux silences, à ce que les territoires disent de l’histoire des hommes. Avec son article publié sur lespistesduvoyage.com, consacré à la Guyane-Amazonie et à l’héritage du bagne, le grand reporter signe une plongée dense et documentée dans l’une des pages les plus sombres – et les plus complexes – de l’histoire française.
De Kourou à Saint-Laurent du Maroni, des îles du Salut aux fleuves-frontières, le reportage avance comme une marche mémorielle. Claude Vautrin ne se contente pas d’aligner des faits : il décrit, contextualise, interroge. La nature luxuriante, omniprésente, dialogue en permanence avec les vestiges pénitentiaires. Palmiers, singes capucins et eaux turquoise côtoient cellules disciplinaires, cimetières oubliés et transbordeurs rouillés. Le contraste est saisissant, et voulu.
Le bagne, rappelle-t-il, n’est pas un simple décor patrimonial. Il est un système, pensé par l’État, qui a broyé des dizaines de milliers de destins : plus de 67 000 bagnards envoyés en Guyane entre le XIXᵉ et le XXᵉ siècle, dont des figures restées dans la mémoire collective comme Alfred Dreyfus. À travers les îles Royale, Saint-Joseph et du Diable, le journaliste restitue l’organisation méthodique de cette machine pénitentiaire, ses hiérarchies, ses violences, mais aussi son absurdité.
Cette rigueur historique, Claude Vautrin la met depuis toujours au service du récit. Dans les Vosges déjà, il s’attachait à faire parler le patrimoine, les paysages façonnés par le travail et les conflits, les villages marqués par l’exode ou l’industrie. Fondateur de la revue Montagne des Vosges, il a contribué à transmettre une mémoire régionale exigeante, loin du folklore, attentive aux hommes et aux mutations du territoire.
En Guyane, la même démarche s’impose. Le reportage ne se limite pas au bagne : il s’ouvre aux peuples autochtones, aux cultures vivantes, à la pluralité linguistique et humaine de ce territoire français d’Amérique du Sud. Sur les rives du Maroni, dans un marché amérindien ou au centre culturel Kalawachi de Kourou, l’auteur montre que la mémoire n’est pas figée. Elle se transmet, se transforme, irrigue le présent.
Ce regard global, qui combine histoire, géographie et rencontres, s’inscrit dans une tradition journalistique que Claude Vautrin n’a jamais reniée. Celle du reportage de terrain, patient, incarné, où l’écriture sert à comprendre plutôt qu’à survoler. À l’heure des récits rapides et des images consommées à la chaîne, son travail rappelle l’importance du temps long.
Pour les lecteurs de 100 % Vosges, il y a là plus qu’un simple détour exotique. Il y a la trajectoire d’un confrère qui, de la montagne vosgienne à l’Amazonie, poursuit le même objectif : éclairer les territoires par leur mémoire, donner du sens aux paysages, et rappeler que le voyage, comme le journalisme, commence toujours par l’écoute.

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