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Sécheresse et canicule : premier bilan de l’été vosgien

Le 02 septembre 2015 par Bruno Veillon

2015 est l’été le plus chaud de tous les temps derrière celui de 2003 et l’une des pires sécheresses d’après-guerre. Retour sur les effets de cette canicule exceptionnelle.

Canicule, sécheresse, records de chaleur sont des termes récurrents en cette année 2015 dans les Vosges où l’été a été exceptionnel par la fréquence et l’intensité de ces pulsions chaudes en provenance d’Afrique du Nord.

Un chiffre pour illustrer : 9, comme le nombre de fois où ont été dépassés les 35°C cette année à Épinal (9 également en 2003), alors qu’en moyenne, sur les 30 dernières années, cela n’arrive qu’une fois tous les deux ans. Dans un contexte climatique réchauffé, tout s’est clairement accéléré depuis le début du siècle dans la mesure ou entre l’après-guerre et l’an 2000, ces 35°C n’avaient été dépassés qu’à deux reprises. 

L’été a commencé par un mois de juin déjà chaud, avec 1°C de plus sur les normales saisonnières. Puis les événements ont clairement pris une autre dimension début juillet avec une canicule de grande ampleur, dont la comparaison avec celle de 2003 n’a rien d’aberrant. 

Records de chaleur à Epinal…

Il a alors été relevé 36,7°C à Épinal le dimanche 5 juillet, nouveau record mensuel, l’ancien, datant du 19 juillet 2006, s’élevait à 35°C. La nuit précédente, le mercure n’était descendu qu’à 20,6°C, soit la deuxième nuit la plus chaude de tous les temps (record absolu de 20,7°C le 21 juillet 1998). 

La chaleur a été omniprésente durant tout le mois de juillet, avec une température moyenne de 21,9°C, soit +3,2°C sur les températures normales, qui fait de juillet 2015 le deuxième mois le plus chaud de tous les temps derrière juillet 2006.

Il s’en est suivi le mois d’août où les jours de fraîcheur ont, également, été peu nombreux et de nouveaux pics de chaleur, dont un incroyable 37,1°C (7 août), à seulement quelques dixièmes du record absolu de 38,0°C établi en août 2003. 

Et enfin, le thermomètre s’est envolé à 33,3°C, le 30 août. Du jamais vu !

Au final, cet été 2015 à Épinal s’achève sur une température moyenne de 20,1°C contre une norme de… 17,9°C ! Seul l’incroyable été 2003 avait fait mieux avec une température moyenne de 21,4°C.

… et sur les hauteurs

De début juillet à fin août, le thermomètre s’est envolé à des niveaux hallucinants avec de nombreux records de chaleur à la clé et une aisance incroyable à franchir le fameux seuil des 35°C en plaine, si difficilement atteignable il y a encore quelques années. Même à Gérardmer, à quasiment 700m d’altitude, les 35,0°C ont été atteints à une reprise tandis qu’au Markstein, à 1 187m, il a été relevé 30,1°C le 07 août, un nouveau record absolu sur les crêtes vosgiennes. 

Les générations passées se souviennent des grandes vagues de froid de 1956, 1963, 1985. Nous nous souviendrons des canicules et des sécheresses de 2003, 2015 et sûrement encore d’autres dans les années à venir ; les temps changent…

Sur-mortalité, problèmes d’eau potable, danger pour la faune et la flore locale, rendements agricoles très bas. L’été 2015 laisse des traces. Le ministère de la Santé estime à 700 le nombre de décès liés à la canicule de début juillet en France. Les agriculteurs ont énormément souffert du manque d’eau, et en souffrent encore. L’ensilage du maïs s’est fait beaucoup plus tôt qu’à l’accoutumé et les rendements sont faibles, ce qui aura forcément des répercussions économiques, tant pour les agriculteurs locaux que la population.

De sérieux dégâts pour l’environnement

La flore locale constituée d’espèces hygrophiles (appréciant les milieux humides) présente des signes de stress hydrique parfois marqués, c’est le cas de la linaigrette ou des droséras, deux emblèmes des tourbières vosgiennes aujourd’hui méconnaissables. 

Certaines espèces végétales les plus fragiles évoluant sur des affleurements rocheux avec donc un système racinaire peu profond sont également en situation de stress hydrique et certains spécimens ne s’en remettront peut-être pas. L’image d’un massif vosgien verdoyant avec ses rivières abondantes est bien lointaine. 

Concernant la faune, il a été observé des espèces habituellement habituées des régions les plus méridionales. Il était ainsi fréquent d’observer des mantes religieuses et également des abeilles charpentières, habituellement observées dans les pieds de lavandes provençaux. 

La situation hydrologique des cours d’eau de la région reste préoccupante, malgré une amélioration au 15 août. La situation est devenue critique dès juillet. Certains cours d’eau avaient des débits similaires à ceux de la sécheresse de 1976, mais pour la Moselle, la situation était tout bonnement inédite et sa température a atteint près de 22-23°C en milieu de mois de juillet, mettant en danger les salmonidés et bon nombre d’invertébrés aquatiques. La source de la Moselle, à Bussang, s’était même tarie plusieurs semaines durant. 

Pour contrer cette sécheresse, les lâchers d’eau depuis le barrage de Pierre-Percée ont été très nombreux afin de réguler le débit de la Moselle, éviter une catastrophe environnementale et permettre le bon fonctionnement de la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle. Si bien que le niveau du barrage a baissé de plus de 10m depuis début juillet.

Les conséquences

Si le pire semble être derrière nous, le déficit en pluie est très conséquent avec seulement 119,0mm d’eau ces trois derniers mois à Épinal soit plus de 50 % de déficit, du jamais vu (124mm en 2003). Un automne pluvieux est primordial pour l’environnement. Le Préfet des Vosges a d’ailleurs renforcé les restrictions des usages de l’eau jusqu’au 1er octobre. 

Quentin Colle (Météo des Vallées)

Pour connaître les prévisions dans les Vosges, connectez-vous à Météo des Vallées, pour davantage de précisions dans les prochains jours : =https://www.facebook.com/meteodesvallees]www.facebook.com/meteodesvallees

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