À Épinal, le MUDAAC soutient la création contemporaine et enrichit ses collections
Le Musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC), à Épinal, vient d’acquérir “L’effondrement commence par celui du langage“, un pastel grand format de l’artiste franco-suisse Tudi Deligne. Une œuvre puissante qui marque l’entrée de cet artiste reconnu sur la scène internationale dans une collection muséale française et confirme l’engagement du musée en faveur de la création contemporaine.
Le MUDAAC poursuit l’enrichissement de ses collections avec l’acquisition d’une œuvre majeure de l’artiste franco-suisse Tudi Deligne. Intitulé L’effondrement commence par celui du langage, ce pastel grand format entre pour la première fois dans une collection muséale française, alors même que son auteur bénéficie d’une reconnaissance internationale.
Né en 1986, Tudi Deligne a été formé à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Depuis plus de quinze ans, il développe une œuvre dans laquelle le corps, le geste et la matière entretiennent un dialogue étroit. Deux axes structurent son travail : l’exploration des arts graphiques et celle du champ chorégraphique. Cofondateur de la compagnie Infradanse, l’artiste inscrit ses recherches dans la lignée du butô, en explorant un corps affranchi des habitudes gestuelles occidentales.
Parallèlement à ce travail chorégraphique, Tudi Deligne développe une pratique du dessin, utilisant le graphite, le crayon de couleur et surtout le pastel sur papier. Longtemps centré sur le noir et blanc et leurs nuances, son travail se caractérise aujourd’hui par des choix chromatiques puissants, nourris de références aux maîtres du baroque. Ses compositions, à la fois éclatées et denses, brouillées et riches de détails précis, provoquent une forme de sidération recherchée par l’artiste.
Longtemps fondé sur l’usage de la photographie, son processus de création intègre désormais l’intelligence artificielle, lui permettant de croiser des références visuelles multiples. De cette hybridation naît un trouble chez le spectateur, partagé entre une impression de familiarité — liée à des compositions héritées de l’histoire de l’art — et une perte de repères plus contemporaine. À travers ce travail, l’artiste interroge le rapport aux images, à leur accumulation et au chaos informationnel qui caractérise nos sociétés.
Inspirée par La Parfaite Réconciliation de la reine et de son fils de Pierre Paul Rubens, l’œuvre acquise par le MUDAAC convoque également des éléments de notre monde actuel : décor urbain, drapeaux, véhicules brisés, figures filmant la scène. Si le pastel séduit par la richesse de ses couleurs et l’écho d’une composition ancienne, il renvoie aussi à des images politiques sombres, évoquant émeutes, violence et tensions contemporaines. Le titre de l’œuvre, comme l’impression qu’elle laisse, suggère une faillite de notre société et marque une rupture avec la sérénité du modèle baroque qui l’a inspirée.
Lauréat de nombreux prix prestigieux — Fondation Kiefer Hablitzel, Prix DDessin, Prix Pierre-David Weil, Prix Yishu8 2025 — et représenté par la galerie By Lara Sedbon, Tudi Deligne voit ainsi son travail rejoindre, avec cette acquisition, une collection publique française. Un choix fort pour le MUDAAC, qui affirme à travers cette entrée son soutien à la création contemporaine et son rôle dans la diffusion de l’art actuel sur le territoire.
