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Pour le néo-retraité vosgien Steve Chainel : “Si j’avais su, j’aurais fait différemment” dans le cyclisme

Le 14 mars 2023 par Stéphane Magnoux
Pour le néo-retraité vosgien Steve Chainel : "Si j'avais su, j'aurais fait différemment" dans le cyclisme
Après avoir mené de front sa carrière sur route et le cyclocross, Steve Chainel était revenu à ses premières amours ces dernières années avec une belle réussite, notamment son succès aux championnats de France 2018.
© SM

Fin janvier, le Stéphanois a tiré sa révérence à l’issue de la manche de Coupe du monde de cyclo-cross de Besançon. à près de quarante ans, le champion de France 2018 va rester un ardent défenseur de sa discipline avec le Cross Team Legendre.

Qu’avez-vous ressenti dans les derniers hectomètres de la course à Besançon ?

J’ai été envahi par l’émotion. J’étais nostalgique comme à la fin d’un film triste. Le vélo, c’est toute ma vie. Cela fait plus de vingt ans que j’essaie d’être un bon ambassadeur du cyclisme. Je participais à des compétitions de haut niveau depuis 1998. J’ai gagné des Coupes de France, j’ai été en équipe de France… Tout ça, c’est terminé. 

La « petite mort » du sportif n’est donc pas un cliché…

Plus jeune, quand on m’en parlait, je pensais que c’était dans la tête. Quand on est athlète de haut niveau, on est souvent dans sa bulle. On a le sentiment que c’est la normalité. Ce n’est pas le cas. Le jour où ça s’arrête, il y a un manque. Je ne me suis jamais drogué mais on reste des drogués de sport avec des objectifs. Je sais quoi faire de mon après-carrière et pourtant, cela reste très dur. 

Quels sont vos projets ?

Je me lève désormais avec l’envie d’élever mon troisième enfant dans les meilleures conditions. J’ai aussi l’envie de développer le Cross Team Legendre et je vais poursuivre mon rôle de consultant sur Eurosport. Le vélo fait partie de ma vie et de mon éducation. Je suis devenu la personne que je suis grâce au cyclisme. C’est un cliché mais c’est une école de la vie. Je ne serais pas aussi épanoui aujourd’hui si je n’avais pas été athlète de haut niveau. J’ai toujours été entreprenant et eu l’envie de m’investir. Mine de rien, je suis un têtu ! Je vais retranscrire dans la vie de tous les jours ce que j’ai appris sur le vélo pour mon bien-être et mes projets. 

Au détour d’une discussion, vous m’aviez confié, il y a quelques années, que vous ne seriez plus athlète à quarante ans…

J’ai longtemps pensé que je continuerai jusqu’à ce que j’en ai marre. Aujourd’hui, je n’en ai pas marre ! J’étais juste arrivé au bout de quelque chose. J’aime toujours le vélo, m’entraîner et me faire mal à la tronche. En revanche, tout ce qui est contraignant comme les sorties sous la pluie, partir de la maison et m’occuper de mon matériel me pesait de plus en plus. Il faut aussi reconnaître que je suis moins performant. Sur des coups d’éclat, j’étais encore capable de belles choses mais ma saison n’a pas été régulière. Il ne fallait pas faire la saison de trop. Je me voyais mal arriver sur les Coupes de France et viser le top 15. 

Quelles seront désormais vos missions au Cross Team Legendre ?

Je vais reprendre la place de manager qu’a occupé Rodolphe (Beyer, le directeur de Canyon France) pendant plusieurs années. C’est un chef d’entreprise qui a réussi et il m’a donné un gros coup de main pour développer le projet. Sur le papier, je serai le manager mais on travaillera toujours à deux pour faire grandir l’équipe. Il y a beaucoup de boulot. Il y a un réel engouement pour le cyclo-cross mais avec la crise économique, on est conscient d’être dans une année compliquée. Il va falloir se battre. Mon objectif, c’est de tout donner pour ma discipline et emmener les gamins au plus haut niveau. 

Cette volonté de transmettre, l’avez-vous toujours eue ?

J’ai toujours aimé cela mais je l’ai aussi cultivé. Les jeunes ne sont pas toujours à l’écoute et cela tombe très bien. J’ai été ce gamin-là ! Je refusais, par moments, l’aide de mes managers. Je n’ai pas envie qu’un jeune de mon équipe devienne ce que j’étais à 35 ans et se dise qu’il a fait de la m… Si j’avais su, j’aurais fait les choses différemment. Je n’ai aucun regret mais j’ai envie de donner un maximum de clés aux jeunes de l’équipe. On m’en a donné un paquet et je ne les ai jamais tournées dans le bon sens ! Je comprends que certains soient dans la logique où j’étais. C’est pour cela que je veux transmettre des choses. J’aime discuter, le partage d’expérience, analyser et comprendre. Une carrière, ça passe à vitesse grand V. J’ai souvent pris mon temps. Aujourd’hui, je suis master et je n’ai rien vu passer. Je veux que nos jeunes ne perdent pas leur temps et soient au plus près d’eux pour, s’ils en ont l’envie, qu’ils m’écoutent.

Un coureur populaire

Steve Chainel est un coureur populaire au sens noble. Son palmarès est solide dans les sous-bois (voir ci-dessus) et honnête sur la route (une victoire d’étape aux Trois jours de la Panne 2010 notamment) mais son aura surpasse nombre de coureurs plus huppés. « Quand j’ai débuté sur Eurosport, je me demandais pourquoi j’étais autant apprécié, avoue-t-il. Il n’y a pas photo entre mon palmarès et ceux de Jacky Durand et David Moncoutié. Ils ont gagné des étapes du Tour de France. Moi, je ne l’ai jamais fait. » Le gaillard a la cote dans le milieu. Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert, les tauliers de la planète cyclo-cross, lui ont rendu hommage en vidéo avant son ultime course.

Malgré ses succès, le Stéphanois n’a jamais oublié qui il est : « J’ai beau avoir un dossard, l’essentiel c’est la politesse, le respect et le fair-play. Selon mon chef à Eurosport, si cela marche c’est parce que je ne joue pas au consultant. On me demande d’être naturel. J’ai toujours été disponible pour une photo ou un autographe. Ce qui m’a donné envie d’être coureur, c’est d’être en contact avec des coureurs. Dominique Arnould a été champion du monde de cyclo-cross en 1993. J’ai pu prendre une photo et avoir un autographe. Cela n’a l’air de rien mais ça m’a guidé et mis des étoiles dans les yeux. »

Steve Chainel a toujours voulu rendre au vélo ce qu’il lui avait apporté. « Si un gamin veut une photo, je le fais avec grand plaisir pour lui donner de la motivation. Peut-être que demain, il sera un champion ou simplement épanoui et heureux dans sa vie. Certains athlètes ne se rendent pas compte de l’impact qu’ils peuvent avoir sur les jeunes. »

Initiateur du Cross Team Legendre, Steve Chainel reprendra sa casquette de manager dans quelques mois. Il compte mener les jeunes coureurs français au sommet en partageant son expérience.

Le chiffre : 6

Le Vosgien est monté à six reprises sur le podium des championnats de France de cyclo-cross, toutes catégories confondues. Avant son titre élite en 2018, il avait touché du bronze en 2009, 2010 et 2012. Chez les espoirs, il a été vice-champion de France en 2005 après avoir été titré chez les juniors en 2000. Sur le plan international, il a terminé quatrième des championnats du monde 2006 à Zeddam (Pays-Bas) derrière les Belges Erwin Vervecken et Bart Wellens et son compatriote Francis Mourey.

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