Sport Auto: Le vosgien Antoine Leclerc « rêve de participer aux 24 Heures du Mans »

Vice-champion d’Europe de GT4 la saison passée avec Alpine, le pilote vosgien a rempilé avec la marque française, tout en poursuivant un programme en endurance et ses activités de coach. À 42 ans, le gaillard est loin d’être rassasié
et veut croquer à pleines dents la dernière ligne droite de sa carrière de pilote.
Vous êtes engagé sur plusieurs fronts en 2024. Comment s’articule votre saison ?
J’ai renouvelé mon contrat avec Alpine pour le championnat d’Europe de GT4. En revanche, ce ne sera plus en pro-am (l’équipe est mixte avec un pilote professionnel et un amateur) mais uniquement en pro. La saison passée, on était passé tout près d’être champions puisqu’on avait terminé deuxièmes en pro-am. Après trois saisons en pro-am, la marque et moi avions envie d’un challenge différent. J’ai aussi un programme en endurance avec la double casquette de coach et de pilote avec le team Orchid Racing sur Porsche. Je ne serai pas tout le temps engagé en tant que pilote mais j’y serai systématiquement comme coach. Cela fait six ans que je bosse avec cette équipe qui est le team du centre Porsche de Genève.
J’ai renouvelé mon contrat avec Alpine pour le championnat d’Europe de GT4. En revanche, ce ne sera plus en pro-am (l’équipe est mixte avec un pilote professionnel et un amateur) mais uniquement en pro. La saison passée, on était passé tout près d’être champions puisqu’on avait terminé deuxièmes en pro-am. Après trois saisons en pro-am, la marque et moi avions envie d’un challenge différent. J’ai aussi un programme en endurance avec la double casquette de coach et de pilote avec le team Orchid Racing sur Porsche. Je ne serai pas tout le temps engagé en tant que pilote mais j’y serai systématiquement comme coach. Cela fait six ans que je bosse avec cette équipe qui est le team du centre Porsche de Genève.
Jongler entre deux voitures au fil de la saison, est-ce compliqué ?
Avec l’expérience, ça l’est moins qu’en début de carrière. En 2022, le même week-end à Spa, j’étais engagé sur deux fronts lors des 24 Heures ! Sur une Alpine et une Audi. Les voitures étaient très différentes. C’était un défi bien plus compliqué. Là, je connais bien les deux voitures. Je n’ai besoin que de quelques tours pour me remettre à 100 % dedans et exploiter l’auto comme il faut.
Vous courez même un troisième lièvre ! Vous avez remporté, pour la deuxième année consécutive fin décembre, le rallye du Sainte-Baume. Aimeriez-vous approfondir l’expérience ?
En circuit, on est sur du micro-détail qu’on essaie de reproduire et d’optimiser sur tous les tours. En rallye, on est sur de la lecture de route, de l’instinct et de l’improvisation. Jongler entre les deux disciplines n’est pas courant mais le rallye me plaît énormément. Je pousse auprès d’Alpine pour en faire plus. Malheureusement, mes calendriers ne s’y prêtent pas toujours. Cette année, il y aura encore le Sainte-Baume fin décembre. Il devrait aussi y avoir un rallye du côté de Reims, sans doute celui des Vins de Champagne (début novembre). On espère aussi participer à une manche du championnat de France, le Rallye du Mont-Blanc ou le Rallye Vosges Grand Est (au moment du bouclage de ce magazine, la décision n’était pas encore arrêtée).
« Mon enfance, c’était Prost contre Senna »
Antoine Leclerc, pilote
Avec les années, votre façon de piloter a-t-elle évolué ?
Très franchement, non. J’ai toujours le même engagement et la pointe de vitesse est encore là, mais je ne suis pas capable de dire si je suis un ou deux dixièmes moins rapide qu’à 25 ou 30 ans. Ma part d’instinct, comme sur les départs, est toujours présente. Le jour où je sentirai que je commence à la perdre, sur des prises de décision, ce sera le moment d’arrêter. Je ne vois pas encore de différence. La seule, c’est l’expérience. Je fais beaucoup d’entraînement au niveau de mes yeux. Il y a plusieurs muscles qui interviennent et tout part de là : le regard, la façon de gérer les informations et prendre des décisions. Le jour où cela baisse, il sera temps de passer à autre chose car ce sera impactant sur la performance.
Plus jeune, vous étiez fan d’Ayrton Senna. Qu’avait-il de plus que les autres ?
Son attaque sur un tour, tout d’abord. C’était un spécialiste des qualifs’. La qualification, pour un pilote, c’est un moment spécial. Tu lâches tout et ta voiture est la plus performante possible. Tu as peu d’essence, des pneus neufs, etc. Il n’y a pas de retenue, tu délivres tout ce que tu as à l’instant T. Cet exercice est grisant. J’aimais aussi son « agressivité » en course et ses batailles face à Alain Prost. Mon enfance, c’était Prost contre Senna. à chaque fois, le petit plus d’agressivité de Senna pour doubler et remonter était fascinant et inspirant. Alain Prost était tout aussi rapide mais plus metteur au point. Senna était plus instinctif. Il s’est servi de Prost pour aller vite et ensuite, en course, il faisait la différence avec son surplus d’agressivité.
Quel rêve n’avez-vous pas encore accompli au cours de votre carrière ?
(Sans hésitation.) Participer aux 24 Heures du Mans ! J’ai coché les cases que je voulais comme être champion de France, pilote officiel… La seule qui manque à mon « tableau de chasse », c’est Le Mans. Je n’ai jamais eu l’opportunité et le budget. à un moment, j’aurais pu être au départ mais il aurait fallu apporter un partenaire. Je ne l’avais pas à cette période. La sélection se fait de plus en plus par l’argent dans les sports mécaniques. Les constructeurs avec qui j’ai été sous contrat n’étaient pas engagés aux 24 Heures du Mans quand j’étais avec eux. Il en avait été question chez Bentley mais cela n’avait pas abouti. Le Mans, c’est l’un de mes projets pour les deux ou trois ans à venir.