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Tour de France : Thierry Gouvenou assure que “Rien ne sera joué avant le sommet du Platzerwasel”

Le 30 juin 2023 par Jordane Rommevaux
Tour de France : Thierry Gouvenou assure que "Rien ne sera joué avant le sommet du Platzerwasel"
Avec le micro, Thierry Gouvenou, avant le départ du Tour de France 2023.
© ASO / Gautier Demouveaux

Samedi 22 juillet, l’avant-dernière étape du Tour de France, entre Belfort et le Markstein Fellering traversera le département des Vosges sur une soixantaine de kilomètres. Directeur technique de l’épreuve, Thierry Gouvenou en dessine le parcours. L’ancien professionnel a trouvé dans le massif vosgien un terrain de jeu idéal pour dynamiter la course.

Tour de France femmes Selestat - Le Markstein.
Tour de France femmes Selestat – Le Markstein ©ASO / Thomas Maheux

Cette étape entre Belfort et le Markstein Fellering comprend tous les ingrédients pour que le Tour puisse basculer jusqu’à l’ultime ascension…

Ce n’est pas toujours facile mais on aime maintenir le suspense le plus longtemps possible. Les coureurs décident mais on espère, avec une étape de ce style, que le Tour ne sera pas joué tant qu’on ne sera pas au sommet du Platzerwasel. A la veille de l’arrivée sur les Champs-Élysées, c’est une étape concentrée mais très dure. On espère qu’elle sera très rythmée. Un par un, les cols ne sont pas excessivement durs mais les enchaîner, avec la fatigue de trois semaines de course, c’est costaud.

Peut-on comparer ces 133 km à des montagnes russes ?

Oui. Cette étape est issue d’un long travail de mise en avant des cols vosgiens. Ces dix dernières années, on a travaillé sur différentes options. Le résultat nous permet d’être confiant pour cette étape. Ce ne sont que des routes qu’on connaît mais elles sont toutes concentrées en une étape. On n’y est pas à l’abri d’une défaillance. Quand les coureurs attaqueront le Petit Ballon avec sa chaussée rugueuse, celui qui montrera des signes de faiblesses passera un mauvais moment.

Avant, les Vosges étaient loin d’être exploitées comme on le fait maintenant.

Thierry Gouvenou, Directeur technique du Tour de France 2023

Les pentes vosgiennes n’ont rien de comparables aux Alpes ou aux Pyrénées mais les coureurs redoutent ces cols aux routes étroites et au revêtement délicat…

Cela accentue la difficulté. Un fort pourcentage sur une route lisse et large, ce n’est pas la même chose que si c’est bosselé et étroit. On n’appréhende pas la montée de la même manière. C’est surtout vrai pour les équipiers qui perdent leurs repères. On espère que cette étape se jouera entre favoris.

Thierry Gouvenou.
Thierry Gouvenou. ©ASO / Pascal Perrève

D’où est venue cette volonté de venir régulièrement dans le massif ces dernières années ?

C’est aussi vrai pour le Massif central et le Jura. On voulait multiplier les rendez-vous importants entre les champions. Avant, le Tour c’était 8 à 10 jours de plaine puis 3 étapes dans les Pyrénées et 3 dans les Alpes. On a cassé ce scénario avec des étapes dans les massifs intermédiaires. Il a fallu prospecter pour dénicher de belles montées. Cette année, les cinq massifs montagneux de France sont au programme. Chacun aura l’occasion de briller.

Les cols vosgiens n’étaient-ils pas sous-estimés ?

Au fil du temps, on s’est rendu compte que 4 grands cols alpins ne permettaient pas forcément de faire des différences. Les équipes se régulaient aux capteurs de puissance. En revanche, quand on enchaîne les montées et les descentes, c’est plus difficile de gérer son seuil de tolérance. Parfois, on a de plus gros écarts dans les cols des massifs intermédiaires. Je ne dis pas qu’on ne refera jamais 4 grands cols dans les Alpes ou les Pyrénées mais la tendance, c’est des étapes de montagne un peu moins dures qu’avant mais plus nombreuses. On privilégie la succession des cols. Le format court, comme entre Belfort et Le Markstein Fellering, permet souvent d’assister à de belles étapes. Elle est faite pour les leaders comme Tadej Pogacar (vainqueur des Tours 2020 et 2021). Y aura-t-il une échappée ? Le parcours ne laisse pas beaucoup de temps pour ça. On pourrait assister à une belle dernière explication entre les leaders !

Thibaut Pinot m’a souvent réclamé des étapes courtes. Parfois, il regrettait qu’il y ait 40 à 50 kilomètres de plat avant le premier col. Là, dès les premiers kilomètres, on sera dans le Ballon d’Alsace. Il sera sur ses terres et dans une étape qui devrait lui convenir. 

Thierry Gouvenou, Directeur technique du Tour de France 2023

Vu votre connaissance des cols vosgiens, j’imagine que les repérages n’ont pas pris trop de temps ?

Quand j’ai pris la tête de la direction sportive, en vue du Tour 2014, j’ai énormément sillonné les Vosges. On avait proposé une arrivée à Gérardmer, une arrivée puis un départ de Mulhouse et refait la Planche des Belles-Filles. A ce moment-là, j’ai découvert le potentiel des Vosges. Je connais désormais bien ces cols pour y revenir régulièrement comme l’an passé avec le Tour féminin (1). Je n’ai pas en mémoire tous les pourcentages mais visuellement, je sais où cela peut nous mener. Dès 2014, j’avais proposé une version différente du col de Grosse Pierre. Quand on fait un kilomètre, au travers d’un col, qui passe les 12% de moyenne, cela change toute sa physionomie. Avant, on passait toujours sur la Départementale. Désormais, on coupe à travers. On a un vrai mur au milieu du col qui peut modifier toute l’étape !

Lors de vos sept participations au Tour, avez-vous gardé en souvenir un passage particulièrement délicat dans les cols vosgiens ?

Je me rappelle d’une étape entre Colmar et Montbéliard en 1997. Il y avait eu une grande explication et les Festina auraient pu mettre à genoux Jan Ullrich (le futur vainqueur). Ça roulait très vite mais je pense qu’avant, les Vosges étaient loin d’être exploitées comme on le fait maintenant. Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, a aussi des attaches en Alsace. Ça peut aider ! (Rires.)

(1)  : les deux dernières étapes s’étaient achevées aux sommets du Markstein puis de la Planche des Belles-Filles.

Podium avec Thierry Gouvenou à droite, sur le Tour de France.
Podium avec Thierry Gouvenou à droite. ©ASO / Thomas Colpaert
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