Tour de France dans les Vosges : Steve Chainel voit “un changement de maillot jaune mais pas de gros écarts”
Consultants depuis plusieurs saisons auprès de la chaîne Eurosport, pour le Tour de France cycliste, le Stéphanois Steve Chainel est anxieux à l’idée d’arriver dans les Vosges, vendredi 8 juillet, avec le peloton. Les premiers cols et l’arrivée à la Super Planche des Belles-Filles promet déjà un beau spectacle. Il nous apporte son analyse et ses quelques pronostiques.
Steve, vous êtes consultant pour la chaîne Eurosport, pour ce Tour de France. Quelle analyse portez-vous sur ce début de Tour ?
C’est un tour assez dynamique et pour moi plus palpitant que ce que j’attendais. Depuis quelques années, on nous parle d’un tour avec des étapes nerveuses et chaque année, on est déçu car la première semaine est souvent ennuyeuse. Les coureurs ne sont pas fous, le vainqueur est celui qui se révèle plus tard. Mais cette année, très correcte, un début de tour nerveux. Et hier, accouché d’une souris finalement.
Les favoris à Paris ne se dévoilent pas encore mais il a fallu les pavés du Nord, hier (mercredi 6 juillet, ndlr) pour voir quelques réactions de favoris et surtout les premiers écarts.
On s’est dit qu’il allait y avoir plus d’écart et finalement nous nous retrouverons avec deux perdants : Primoz Roglic et Ben O’Connor. Ce qui est sûr, c’est que l’attaque de Tadej Pogacar a accouché d’une souris mais elle a le mérite d’avoir fatigué les organismes. Je suis contant aussi de voir qu’il n’y a pas eu de grosses chutes, touchant les favoris. Le public danois était très respectueux. Il y a toujours des chutes mais ça aurait pu être bien pire. Le peloton reste, tout de même, très nerveux.
Vendredi 8 juillet, le Tour arrive dans les Vosges, pour une étape de moyenne montagne mais une arrivée très attendue sur la Super Planche des Belles-Filles. Cette étape va-t-elle être un premier tournant de ce Tour ?
Clairement, l’étape qui passe par Grosse-Pierre, le Col du Ménil et le Col des Croix n’est pas très difficile. Je pense que l’intégralité du peloton se présentera au pied de la Planche-des-Belles-Filles, sans gros écarts. Je ne voudrais pas casser les espoirs de ceux qui rêvent de voir une grande bataille se livrer dans la Planche mais ça ne se jouera qu’à la seconde. On ne verra pas d’écart de dingue. C’est psychologiquement que certains pourront être atteint en perdant 15-20 secondes. Pour moi, Tadej Pogacar reste le grand favori de cette étape. On espère un Guilaume Martin qui est loin au général et qui aura peut-être plus de facilité à sortir du peloton ou un Rigoberto Uran peut aussi attaquer de loin.
Quel scénario imaginez-vous sur l’étape en elle-même ?
Il est possible qu’une échappe se dessine dès le départ mais le parcours est tellement peu difficile que les équipes vont rouler. La Planche sera un premier test. La première arrivée au sommet donc peu de chance que l’échappée aille au bout. À l’arrivée, je pense qu’il y aura un changement de maillot jaune car Wout Van Aert devrait craquer. J’imagine aussi que les coureurs qui sont dans les premières places au général, qui ne sont pas grimpeurs, vont dégringoler au classement et que l’arrivée à la Planche sera un premier révélateur.
Une victoire française est-elle envisageable ?
Thibaut Pinot est bien placé au général (42e à 2’25 du leader) donc il aura du mal à quitter le peloton car il sera surveillé. Pour sortir plus facilement, il aurait dû perdre 20 minutes dès le départ. La victoire d’étape aurait été plus envisageable. Même commentaire pour Romain Bardet (18e, à 1’ 10) qui devrait suivre les meilleurs aisément. David Gaudu (20e, à 1’ 15) aussi peut ambitionner de gagner sur la Planche. Tout comme Pierre Roland (134e, à 14’ 42) qui pourrait, lui, partir plus facilement de loin.
Quel est votre favori pour la victoire finale à Paris ?
Tadej Pogacar est le grand favori sur ce tour. Son seul point faible, c’est son équipe. Ineos et Jumbo-Visma ont un plus gros collectif mais des individualités moins fortes. Pour le spectacle, peut être que Primoz Roglic peut le titiller. Mais je ne vois pas Pogacar avoir un coup dur. Mathieu Van Der Poel n’est que l’ombre de lui-même depuis le départ. Le seul qui peut faire plier Pogacar, c’est peut-être le Covid (rire) mais je ne lui souhaite pas bien sûr.