Tour de France France 2024 à Remiremont : pour la championne Cathy Marsal “Les courses féminines sont moins cloisonnées”
Le vendredi 16 août, les projecteurs seront braqués à Remiremont. La cité accueillera le départ de la 6e étape du Tour de France femmes, à deux jours de l’arrivée au sommet de l’Alpe-d’Huez. Légende du sport français et championne du monde sur route en 1990, la Lorraine Cathy Marsal livre son regard sur l’évolution du cyclisme féminin.
Installée depuis près de vingt ans au Danemark, où elle a fondé une famille avec son épouse Stine, Cathy Marsal garde un œil attentif sur le cyclisme féminin français et s’investit, dès qu’elle le peut, auprès de l’équipe professionnelle Komugi-Grand Est, managée par son ami Laurent Goglione. Star du cyclisme féminin dans les années 90, elle avait réalisé une saison 1990 époustouflante. À même pas 20 ans – elle est née le 20 janvier 1971 -, la Mosellane avait raflé les titres mondial et national ainsi que les classements généraux des Tours du Texas, d’Italie ou encore de la CEE, successeur du Tour de France. Professionnelle jusqu’en 2004, elle a accumulé 150 succès au cours de sa carrière. Interview sans langue de bois sur le renouveau du cyclisme féminin et du Tour de France femmes
Qu’aviez-vous pensé à l’annonce du retour du Tour de France féminin en 2022, sous l’égide d’Amaury Sport Organisation ?
Comme tout le monde, j’ai accueilli la nouvelle avec plaisir. Cela faisait longtemps que ce retour était souhaité mais il aura fallu attendre trente ans ! Durant cette période, il y a eu des épreuves de remplacement comme la Grande Boucle féminine qui passait aussi par tous les cols des Alpes et des Pyrénées. En revanche, pour les épreuves organisées par ASO, il n’y a eu que le Tour de la CEE après l’arrêt du Tour féminin.
Qu’un opérateur comme ASO prenne en main le Tour de France féminin, c’était un signal fort…
Quand ils viennent, c’est avec leur nom et une organisation au top. Ils savent ce qu’ils font. ASO, c’est comme si on parlait d’un grand cru des vins de Bordeaux. Il n’y a pas besoin de les présenter. Malheureusement, je n’ai pas encore eu l’occasion de me rendre sur le Tour de France féminin, et comme l’équipe Komugi-Grand Est n’a pas été sélectionnée, ce ne sera pas encore le cas cette année. D’autant plus que je serai en vacances !
Ce retour en lumière du Tour féminin a dépoussiéré l’image qu’avait une partie du public à propos du cyclisme féminin. Comment l’avez-vous perçu Cathy Marsal?
J’en discutais récemment avec des amis. On se disait que, quand j’avais été championne du monde en 1990 à Utsunomiya (Japon), le lendemain, alors que j’étais encore sur le retour, il y avait déjà TF1, Antenne 2 et toutes les chaînes de télé de France devant la maison de mes parents. En 1990, le cyclisme féminin était très populaire et médiatisé. Ensuite, il y a eu des hauts et des bas et un gros creux entre 2005 et 2015 environ. L’intérêt est revenu ces dernières années, notamment grâce au bon niveau des Françaises.
On entendait parfois que le cyclisme féminin était ennuyeux et manquait d’aspect tactique… (Elle coupe.) Ce sont des conneries ! C’est attendre du vélo féminin, ce qu’on voit dans le cyclisme masculin. On ne peut pas comparer un même sport chez les hommes et chez les femmes. Si on ne prend en compte que l’aspect tactique, le cyclisme féminin propose de belles courses. Souvent, les courses féminines, par exemple la Flèche Wallonne ou le Tour des Flandres, sont plus intéressantes que celles des garçons. C’est moins cloisonné. Chez les hommes, les tactiques sont stéréotypées et on voit souvent la même chose. On laisse partir un groupe, on le contrôle et on finit par rattraper l’échappée dans le final…
Vous, Cathy Marsal, avez entraîné l’équipe du Danemark pendant de nombreuses années. Occuper de telles fonctions au sein du cyclisme français pourrait-il vous intéresser ou la distance est-elle rédhibitoire ?
Ce n’est pas un problème de distance. Je n’ai tout simplement pas le professorat de sport donc cela coince de ce côté pour être entraîneuse nationale. En revanche, sélectionneuse, pourquoi pas. Cela ne me déplairait pas si l’opportunité se présente… mais j’ai aussi deux enfants de 7 et 11 ans. Je ne peux pas être partout
Comme vous l’avez précisé, le Team Komugi-Grand Est ne fait pas partie des équipes invitées cette année sur le Tour de France femmes. Est-ce une déception ?
Non. Ce n’est pas du tout une déception. Lors de Paris-Roubaix, on a pu constater qu’il nous manque encore un cran par rapport au niveau du World Tour. C’est un bien pour un mal de ne pas avoir été retenu. Cela nous donne une année de plus pour s’aguerrir et devenir plus compétitives par rapport aux équipes du World Tour. Cela ne servait à rien d’aller sur le Tour féminin pour y faire de la figuration.
Pour quelles raisons aviez-vous décidé de vous investir au sein de l’équipe malgré votre éloignement géographique ?
Par amitié pour Laurent Goglione et aussi parce que c’est une équipe de ma région d’origine. Cette année, je ne suis pas directeur sportif donc c’est plus facile pour m’organiser. Je n’interviens que sur quelques missions ponctuelles.
Le Tour féminin et l’étape en chiffres
2 : Depuis son retour au premier plan, en 2022, ce sera la deuxième fois que le Tour de France féminin fera une halte dans les Vosges. Il y a deux ans, Saint-Dié-des-Vosges était ville-étape. Le jeudi 28 juillet, le peloton était arrivé dans la sous-préfecture après être parti de Bar-le-Duc le matin. Le lendemain, les cyclistes étaient reparties en direction de Rosheim dans le Bas-Rhin.
8 : Ce Tour de France femmes 2024 se compose de 8 étapes. Parties de Rotterdam (Pays-Bas) le lundi 12 août, les concurrentes arriveront à l’Alpe-d’Huez le dimanche 18 août. L’étape Remiremont – Morteau, le vendredi 16 août, sera donc la sixième de cette édition dont le kilométrage global est de 946 km.
22 : C’est le nombre d’équipes qui seront au départ de cet opus 2024. Chaque formation sera composée de 7 athlètes, soit un total de 154 cyclistes réunies à Rotterdam pour la première étape. Parmi les équipes qualifiées d’office ou invitées par les organisateurs, on compte quatre écuries tricolores : la FDJ-Suez, Cofidis Women Team, Arkéa-B & B Hotels Women et Saint-Michel-Mavic-Auber 93.
620 : En mètre, l’altitude du col du Mont de Fourche, première difficulté de l’étape entre Remiremont et Morteau. L’ascension débutera dès le 12e kilomètre. La montée est longue de 3,2 km avec une pente moyenne de 5,9 %. Une fois au sommet, le peloton dira (déjà) au revoir aux Vosges et basculera en Haute-Saône. Col de la Ferrière, Côte de Laviron, ascension de la Roche du Prêtre et Côte des Fins, tous dans le Doubs, seront aussi au menu avant l’arrivée au terme de 160 km d’effort
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