SAS Épinal – François Mérel : “Je n’imaginais pas faire du volley mon métier !”
L’emblématique libéro d’Épinal depuis plus de dix ans a tiré sa révérence, ce week-end, à l’issue de cette saison. À bientôt 38 ans, François Mérel se consacrera désormais au coaching sur les bancs du SA Spinalien et de… l’équipe de France militaire chez les hommes.
Quand avez-vous décidé que cette saison serait la dernière comme joueur ?
En fin de saison passée, en discutant avec les dirigeants, on a estimé que ce serait le bon moment pour arrêter. Savoir que c’était ma dernière saison, c’était une bonne chose. Je ne voulais pas arrêter dans l’urgence. J’ai pu en profiter. Les gens étaient au courant. Il y a eu plein de messages sympas des adversaires tout au long de la saison.
Imaginiez-vous étirer votre carrière aussi longtemps ?
Je n’imaginais déjà pas faire du volley mon métier ! Ma carrière n’a été que du bonus et du bonheur. J’ai commencé à 17 ans et j’en ai bientôt 38. Vingt ans à haut niveau, c’est une belle carrière. J’étais un joueur moyen mais j’ai eu la chance d’évoluer en Ligue A puis en Ligue B (les deux premières divisions) quelques saisons. J’ai vécu des moments incroyables et cela a débouché sur ma carrière professionnelle.
Quand vous regardez dans le rétroviseur, avez-vous des regrets ?
Je n’ai pas envie d’en avoir. Cela ne sert pas à grand-chose. J’ai eu la carrière que je méritais voire plus. Je suis fier de mon parcours mais ce n’est pas fini ! Je vais me décaler de deux mètres sur le terrain et regarder les matchs autrement.
On évoque souvent la « petite mort » du sportif. La ressentez-vous ?
Je suis un peu triste d’arrêter. Je prenais encore plaisir à jouer mais j’avais également hâte d’être de l’autre côté. J’ai expliqué à mes joueurs ma nostalgie de ne plus être sur le terrain pour partager certains moments. J’ai aussi très envie de voir leur alchimie de l’extérieur. Dans cette position, je pourrai apporter plus de choses à l’équipe.
Dans quelles circonstances étiez-vous arrivé à Épinal ?
Je sortais d’une saison difficile en Ligue B avec Saint-Nazaire. Le club descendait en Elite et j’avais reçu des propositions en Ligue B. Ce n’était que des contrats d’un an et ma fille venait de naître. Sébastien Pellissier (les deux joueurs se sont côtoyés à Chaumont en Ligue B) m’a demandé si Épinal m’intéressait. J’ai rencontré Christian Noël (président du SA Spinalien à l’époque) et le feeling est passé. J’ai signé un an pour voir et… cela fait treize ans que je suis ici ! Avant, j’avais fait sept ans à Rennes et trois à Chaumont. Il n’y a qu’à Saint-Nazaire où je ne suis pas resté longtemps. J’ai toujours essayé de m’impliquer sur la durée dans mes clubs.
Vous faites désormais partie des meubles à Épinal !
Les meubles, je ne sais pas ! Un meuble, ça s’oublie vite ! (Rires.)
À Épinal, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.
François Mérel, volleyeur néo-retraité, coach du SAS Volley Épinal et de l’équipe de France masculine militaire
N’avez-vous jamais éprouvé de lassitude et eu des envies d’ailleurs ?
Certaines propositions ont été difficiles à refuser mais je n’ai aucun regret. Mon objectif, c’était qu’Épinal remonte en Elite (la 3e division) et que le club y soit toujours quand j’arrêterai d’y jouer. Maintenant, j’ouvre un autre chapitre. J’ai la chance d’avoir la confiance de mes dirigeants. On a appris à se connaître et mis des choses en place. Il y a eu pas mal de changements et on a fait face à des difficultés comme les finances. Tout cela nous a renforcés. On est un club familial. On ne gagne pas beaucoup d’argent à Épinal mais il n’y a pas tromperie sur la marchandise. On essaie de tout faire pour que les gars se sentent bien ici. Le joueur qui est bien à l’extérieur du volley, il donnera tout sur le terrain.
Comment est née votre vocation d’entraîneur ?
Je l’ai toujours eue. J’ai commencé tout jeune dans le club de mon père à Ancenis. À Rennes, avant d’intégrer les équipes nationales, je coachais déjà. J’ai aussi entraîné quand j’étais pro. Cela me tenait à cœur chaque fois que j’arrivais dans un club. Socialement, c’est important de comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur. J’ai toujours eu l’envie de transmettre ce qu’on m’a appris.
Entraîner une équipe pro, est-ce que cela vous intéresse ?
Un jour, peut-être. Avant, je veux voir comment je me comporte en étant seulement entraîneur. Peut-être que cela ne va pas me plaire. J’aurais aimé monter en Ligue B avec Épinal. Ça aurait été beau.
Est-ce une mission impossible ?
Ne serait-ce qu’au niveau du budget, ce serait compliqué. En Elite, on est déjà très loin des meilleures équipes. Est-ce qu’on a vocation à monter à ce niveau ? En tant que compétiteur, j’en ai envie mais les arguments des dirigeants font mouche parfois. Monter en Ligue B pour une année et mettre le club en péril ne servirait à rien. Ce qui me branche, c’est prendre des jeunes, les faire travailler et les amener au niveau pro. C’est aussi notre carte de visite. Un jour, qui sait si on ne pourra pas viser plus haut mais peut-être que je ne serai plus là ! (Rires)
Aux manettes de l’équipe de France militaire masculine
La saison prochaine, François Mérel ajoutera une corde à son arc. Courant mars, il a été nommé sélectionneur de l’équipe de France militaire chez les hommes. Cette équipe, qui dépend du Centre national des sports de la Défense, ne lui est pas inconnue. Il a déjà côtoyé plusieurs de ses joueurs et y avait découvert Tema Kainuku il y a quelques années. Depuis, le Tahitien, militaire en Lorraine, est l’un de ses hommes de base à Épinal. « C’était une opportunité, glisse le technicien. J’en ai parlé avec mes dirigeants et ce n’est pas incompatible avec mes missions au club. Ce sera tout nouveau et je pose pas mal de questions ! », reconnaît celui qui signera un contrat de réserviste.
Dans les faits, il devra se rendre disponible pour les championnats de France militaires qui opposent chaque année la Gendarmerie, l’Armée de Terre, l’Armée de l’Air et de l’Espace et la Marine. Les Mondiaux militaires seront aussi à son menu quand ils auront lieu. La dernière fois, c’était en Chine en 2019 avant que le Covid ne bouscule les calendriers sportifs. Pour prendre sa décision, François Mérel a consulté Johann Guille, le coach des filles de Sens en Elite (la 3e division) et sélectionneur de l’équipe de France militaire féminine. « Nos échanges m’ont rassuré. Représenter son pays, c’est une super expérience. C’est aussi une chance pour Épinal. Pourquoi pas organiser un stage de l’équipe de France militaire ici », envisage le néo-sélectionneur des Bleus.