Une bouffée d’air sous l’eau pour les apnéistes spinaliens

Popularisée par le film Le grand bleu, l’apnée est un sport qui nécessite beaucoup de travail et une forte concentration psychologique. Il demeure néanmois accessible à tous. Rencontre avec la monitrice du club d’Epinal, Pascale Aubry.
L’apnée reflète l’image d’un sport extrême. Comment expliquez-vous une telle réputation ?
Pascale Aubry C’est vrai que le grand public pense au film de Luc Besson (Le grand bleu, ndlr) lorsque l’on aborde la pratique de l’apnée. Mais le film ne montre que la surface émergée de ce sport qui a plusieurs variantes. Dans le long-métrage, nous suivons la carrière le Jacques Mayol, le premier grand plongeur apnéiste français. Il pratiquait l’apnée avec pour but de descendre le plus bas possible, en annonçant à l’avance la distance qu’il voulait effectuer. Il est le premier à atteindre à une profondeur de 100 mètres en 1976 et est une référence pour tous.
Quelles sont les disciplines de l’apnée ?
P. A. – Il y a trois types de pratiques beaucoup moins ” extrêmes ” que l’apnée en profondeur. La plus répandue est l’apnée statique qui nécessite de retenir sa respiration le plus longtemps possible en flottant à la surface de l’eau, dans un immobilisme total pour éviter les dépenses d’énergie inutiles et maintenir sa concentration. La seconde est l’apnée dynamique, qui oblige le pratiquant à effectuer un maximum de distance en piscine, avec une paire de palmes ou une monopalme. Enfin, l’apnée dynamique sans palme se pratique en brasse, sous l’eau.
Ces deux dernières se rapprochent davantage de la natation ?
P. A. – Oui, sauf que le nageur a une distance à parcourir le plus rapidement possible, en respirant. L’apnéiste n’a aucune obligation de distance et de rapidité. Il doit aller à son rythme pour parcourir la distance la plus longue, sans respirer. D’ailleurs, il est souvent plus judicieux d’être calme est posé pour aller le plus loin possible. En revanche, une nouvelle activité se popularise depuis peu et est très proche de la nage sportive. Il s’agit des 16 fois 25 m ou 16 fois 50 m. Et le but est de couvrir la distance le plus rapidement.
Quelles sont les différences avec les courses de natation ?
P. A. – Elle se pratique avec des palmes et le concurrent peut reprendre son souffle quand il le veut, au risque de perdre du temps. En natation, il y a interdiction de faire de l’apnée puisque, à une certaine distance après le plongeon, les nageurs doivent remonter à la surface.
Quelles sont les qualités pour devenir apnéistes ?
P. A. – Au départ, aucune qualité n’est indispensable. Tout le monde peut devenir apnéiste amateur. De 7 à 77 ans, la pratique est possible. Bien sûr, les séances seront beaucoup plus ludiques et adaptées suivant l’âge. Les enfants essayeront d’abord des jeux pour rechercher, par exemple, des objets au fond d’une piscine. Ça développera leur capacité à retenir l’air et à supporter la profondeur. Pour les novices adultes, en revanche, les exercices sont plus concrets et les progrès très rapides.
En combien de séances obtient-on des résultats intéressants ?
P. A. – Dès la première, je mets mon bras à couper que tout un chacun peut réussir à tenir plus de deux minutes sous l’eau, si vous n’avez aucun souci cardiaque ou pulmonaire. Par la suite, avec plusieurs entraînements, vous gagnez en durée. Il existe 3 paliers que l’on passe plus ou moins bien en apprenant à écouter son corps. Le premier intervient après ses deux minutes, dites de ” confort ” car tolérables par tous. C’est une sorte de spasme ou contraction du diaphragme, qui envoie un signal anormal à notre cerveau. Les plus avertis poursuivent en passant le second palier : ” l’acceptation ” de ne pas avoir de renouvellement d’oxygène. Puis vient l’ultime étape ” inconnue ” où le corps accepte tant bien que mal et essaye de conserver une activité malgré le manque d’air prolongé. C’est pour les experts.
Quel est le matériel adéquat ?
P. A. – Simplement un maillot de bain. Une combinaison de plongée peut-être utile en statique car le froid peut rapidement engourdir. Et les palmes sont indispensables pour l’apnée dynamique.
Les 4 et 5 avril, la piscine olympique d’Epinal accueillera les meilleurs spécialistes nationaux pour le championnat inter-régional. Comment se déroulera le week-end ?
P. A. – Pour la troisième année consécutive, nous renouvelons cette compétition en présence d’une quarantaine de spécialistes dont la meilleure française actuelle, Georgette Raymond (Sarrebourg) qui aura bientôt 60 ans. Nous débuterons le samedi soir, à 19 h, par l’apnée dynamique avec palme, avant le sans palme et le statique le dimanche. Nous proposerons en marge le 100 Speed, qui nécessitera de faire 100 m le plus rapidement possible, sans respirer, pour rendre la compétition toujours plus ludique.
Championnat inter-régional d’apnée
Samedi 4 et dimanche 5 avril, 8 h 30
Piscine olympique Roger Goujon, Épinal
Entrée libre
Renseignements : =http://www.epinalplongee.fr/]www.epinalplongee.fr/