Un Lucani peut en cacher un autre à Epinal

L’escrimeur Quentin Lucani progresse d’année en année pour devenir l’un des meilleurs épéistes de sa génération. Sa petite soeur, Lola, le suit de prêt. Découverte d’une jeune minime très prometteuse, vue par son maître d’arme.
Stéphane Jouve, vous êtes le maître d’arme du club d’Epinal depuis dix ans. Après avoir fait progresser de nombreux escrimeurs, dont Quentin Lucani, vous avez la chance d’entraîner Lola Lucani qui semble avoir le potentiel pour faire aussi bien que son frère, sinon mieux. Quel est votre secret ?
Stéphane Jouve Il n’y a aucun secret si ce n’est le travail. Jamais je n’aurais pu obtenir tant de résultats si mes élèves n’avaient pas été si opiniâtres et volontaires. Il n’y a pas de secret dans le sport comme dans la vie, il faut beaucoup d’implication personnelle pour obtenir de bons résultats. Lola est en train d’obtenir le fruit des longues heures passées à répéter les gestes et à améliorer sa technique.
Lola obtient de très bons résultats depuis quelques semaines en étant surclassée cadette. Peut-on dire qu’elle a quelque chose en plus par rapport aux autres, qu’elle est en avance par rapport à Quentin, au même âge ?
S. J. Pas vraiment, Lola n’est pas la seule minime à être surclassée et à réussir de très bons tournois. Quentin était dans la même situation qu’elle au même âge donc elle n’est pas en avance. Ça se passe bien mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Elle est encore en pleine formation. Ce qui prouve qu’elle est sur la bonne voie, c’est son investissement et sa force mentale et physique.
Depuis quand Lola pratique-t-elle l’escrime ?
S. J. Dans la famille, nous ” vivons escrime ” (Stéphane Jouve est le beau-père de Lola Lucani, ndlr). Lola entend et voit de l’escrime depuis son plus jeune âge. Elle a touché une épée, pour la première fois, à l’âge de quatre ans. Je ne l’ai jamais forcée à poursuivre dans cette discipline. C’est elle qui a souhaité continuer malgré quelques essais dans d’autres sports.
Avait-elle, dès le départ, le potentiel pour devenir une bonne escrimeuse ?
S. J. Pas du tout. On ne naît pas escrimeur mais on le devient avec le temps. Chaque élève qui débute l’escrime part avec les mêmes possibilités. La seule qualité qui peut avantager un jeune plus qu’un autre est sa capacité d’écoute et de compréhension.
Quelles sont les qualités importantes pour devenir un bon escrimeur ?
S. J. Indéniablement, ce sport réclame plus d’intellect que de physique. Depuis les nombreuses années que j’enseigne, je n’ai jamais eu un bon escrimeur qui était un cancre à l’école. La maturité cérébrale de l’enfant est importante et très utile pour progresser dans cette discipline. Après, je ne peux pas affirmer qu’un mauvais élève à l’école ne peut pas être bon en escrime mais c’est le constat que je fais.
Côté physique, sur quels aspects faites-vous travailler Lola et vos autres élèves ?
S. J. Le cardio est important donc je recommande quelques courses en footing car, pour tenir dans les matchs, il faut une bonne endurance. Je fais travailler les muscles des jambes car les mouvements du bas du corps sont importants. Enfin, j’aime préconiser les jeux avec raquettes comme le tennis ou le badminton qui nécessitent les mêmes qualités physiques et qui obligent à avoir un objet entre les mains.
Lola semble avoir un bel avenir qui se dessine. Quelles sont vos ambitions pour elle ?
S. J. Nous ne réfléchissons pas à long terme. Comme avec Quentin, il faut franchir étape par étape et accumuler de l’expérience. Elle commence, petit à petit, à faire des podiums. La prochaine étape est d’atteindre un podium aux championnats de France minimes et cadets.