Réforme des régions : courrier express pour le milieu sportif

De la fusion entre la Lorraine, la Champagne-Ardenne et l’Alsace, souffle un vent de réorganisation au sein des instances sportives. Le ministère de la Jeunesse et des Sports vient de donner recommander l’élection des futurs présidents de ligue.
Au 1er janvier prochain, la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS) de Lorraine, Champagne-Ardenne et Alsace se dotera d’un siège unique à Strasbourg, alors que jusqu’à présent cet organisme qui représente le ministère des sports était implanté dans chaque région.
Simple révolution de palais ? Pas forcément : ce déménagement symbolique trouble l’organisation des clubs sportifs. Bien plus rapidement que prévu, les fédérations devront se calquer sur le modèle ” grande région “.
” L’État a décidé qu’il était plus judicieux de n’avoir qu’un correspondant unique par ligue sportive. Alors que l’unification entre les régions devait être progressive jusqu’à 2020. Nous venons de recevoir un courrier du Ministère de la Jeunesse et des sports obligeant toutes les ligues à s’organiser de façon élective après les olympiades de Rio, en août 2016. Chaque ligue sportive aura un président unique pour l’ensemble de la grande région, élu au 1er janvier 2017 “, confie l’homme fort du comité régional de cyclisme, Jean-Claude Claudel.
Au-delà du bouleversement d’organigramme, ce sont les subventions locales qui inquiètent. Illustration concrète dans le domaine du football : ” La ligue lorraine apporte des soutiens financiers lorsqu’un projet de travaux, de modernisation ou d’organisation de manifestation, est demandé par un club, affirme le vice-président régional et président du district des Vosges de football, Guy Antoine. Mais il ne faut pas rêver, les subventions seront moins nombreuses, tout comme celles des municipalités. “
Une affirmation corroborée par David Wagner, à la tête du comité de natation lorrain : ” Nous finançons les clubs à hauteur de 7 000 euros, via les pôles régionaux de Sarreguemines et Metz. Nous sommes, d’ailleurs, depuis deux ans dans l’attente de la finalisation du dossier d’Épinal, pour la création d’un pôle. Avec la grande région, il y a peu de chances que de nouvelles créations soient validées. D’autant qu’un pôle France existe à Strasbourg. “
Même discours au comité régional de ski, présidé par Mathieu Klethi, qui s’inquiète quant à la la pérennité des compétitions et du pôle de formation de Gérardmer. ” Nous allons devoir réduire les coûts. Faute de subventions, la Trace Vosgienne, comme d’autres épreuves d’envergure, vont certainement devoir trouver des solutions de financement privées. ”
“C’est à la fois triste et excitant…”
Malgré tout, le président est optimiste concernant le ski vosgien ” qui dispose de générations dorées. Nous possédons l’un des viviers les plus intéressants de France en saut à ski, fond ou combiné “.
Alexandre Py, le président du triathlon lorrain, se réjouit de ” passer de 2 000 licenciés dans 33 clubs à 6 000 licenciés pour une soixantaine de clubs. Nous deviendrons la quatrième région en France en nombre de licenciés. L’objectif principal est de conserver les emplois. Les aides aux clubs, actuellement mises en place pour les déplacements de sportifs sur les compétitions, sont menacées. En fait, nous ne savons pas encore où nous allons. ”
Un flou qui ne va pas se dissiper dans l’immédiat. Isabelle Delaunay, nommée directrice régionale préfigurateur de la DRJSCS, attend des ” éléments de cadrage officiels ” avant de s’exprimer.
Le tableau n’est pas tout noir. Les tournois sportifs, par exemple, seront métamorphosés pour gagner en ampleur et visibilité. Les championnats et coupes de Lorraine vont être supprimés en natation, triathlon et cyclisme, pour devenir des trophées ” grande région “, avec une nouvelle appellation.
” C’est à la fois triste et excitant de se dire que les derniers champions de Lorraine seront révélés en 2016 “, note Alexandre Py.
Dans le foot, peu de changements à prévoir, ” si ce n’est la création d’une Coupe entre régions souhaitée par l’UEFA et d’un super championnat qui se situerait entre la Division d’Honneur et le CFA 2. Ça serait l’antichambre des championnats nationaux, situé au 6e échelon français “, glisse Guy Antoine. Et un nombre de derbys à la hausse, pour réjouir les supporters.