La musculation comme bouée de sauvetage pour Gérard Grisward

Les Vosges ont un nouveau champion de France, depuis mars. Gérard Grisward, adepte de la force athlétique, vient de décrocher le titre national après avoir remporté sa lutte contre la mort. Rencontre avec un passionné, passionnant !
” Après trois semaines de vacances, la reprise est difficile mais ça fait du bien de retrouver les haltères “, lance le récent champion de France de force athlétique vétéran, dans la catégorie de moins de 83 kilos.
Le visage rieur et le regard malin, le Saulxuron Gérard Grisward, force le respect de toute la salle de musculation lorsqu’il enfile son maillot de corps blanc, son short bleu et ses chaussures plates réglementaires pour débuter son entraînement du jour.
” J’aime me mettre à l’aise et ne pas m’affubler d’une combinaison étroite pour soulever les poids, à l’inverse de beaucoup de pratiquants. Je veux m’entraîner comme je suis en compétition, sans artifice ou articles qui pourraient décupler ma force “, explique l’homme aux cheveux grisonnants et à la musculature impressionnante, mais pas disproportionnée.
Son bronzage trahit son récent voyage en Martinique qu’il a ” bien mérité ” après avoir remporté son premier titre de champion de France, en mars dernier, à Port-Leucate. Une première distinction obtenue à 65 ans qui a une saveur particulière pour cet ancien professeur de menuiserie au lycée professionnel de Saulxures-sur-Moselotte. Il faut dire que l’homme fort, licencié au club de Saint-Nabord, est un revanchard de la vie.
” Je n’ai jamais été un grand sportif dans ma jeunesse. J’aimais la natation mais en loisir. J’ai longtemps été handicapé par des problèmes d’occlusions intestinales qui m’ont valu quelques séjours de soins hospitaliers “, se souvient-il. Devenu président du club de football de Saulxures, à 33 ans, pour suivre les performances sportives de son fils aîné, Gérard Grisward va subir un incident qui va bouleverser sa vie.
Il poursuit : ” Alors que j’assistais à une rencontre de foot à Arches, j’ai été pris de violentes douleurs qui ont nécessité mon hospitalisation. J’ai fait une grosse occlusion associée à une infection pulmonaire très grave. J’avais le poumon blanc, rempli de pus, j’étais branché à un respirateur artificiel et à plusieurs sondes. J’ai été en état de ” mort-clinique ” à trois reprises à cause d’arrêts cardiaques. Mais je m’en suis remis en huit mois “.
Une belle victoire sur la vie qui lui a fait prendre conscience qu’il fallait entretenir son corps et prendre du plaisir dans ses passions. Accro depuis toujours à la guitare, il créera un groupe de musique avec ses enfants. Mais, c’est en observant son corps qu’il décidera de se mettre sérieusement au sport.
” Je n’ai jamais été un grand sportif “
” J’ai perdu 17 kilos en 3 mois, j’étais dans un tel état d’amaigrissement que j’ai pris les choses en main. Trois ans après ce passage difficile, j’ai reçu l’aval du chirurgien pour reprendre une activité physique et j’ai commencé avec un extenseur. En voyant mes progrès en un mois, sur mes épaules et pectoraux, j’ai eu le déclic : j’allais faire de la musculation pour reconstruire mon corps “, témoigne le Spinalien de naissance.
Ça passera par l’investissement dans plusieurs matériels tels que bancs de muscu, haltères, barres de poids. Puis viendra l’inscription en salle de sport. ” J’ai usé trois bancs avant de m’inscrire à la salle d’Eloyes, à 50 ans, précise-t-il amusé. À la fermeture, de l’établissement Loya, je me suis rapproché du club de Saint-Nabord et j’y ai fait de belles rencontres “.
C’est justement celle avec Norbert Guillier, de presque 30 ans son cadet, qui va lui révéler son potentiel. Pas compétiteur dans l’âme, c’est en observant ses résultats à l’entraînement qu’il réalisera ses possibilités.
” Je me suis aperçu que je faisais largement les minimas pour être compétitif et en observant le championnat régional organisé à Saint-Nabord en 2011, j’ai adoré l’ambiance. Depuis, j’ai tout raflé : championnat de Lorraine et interzone (grand-Est) “, souligne-t-il avec fierté.
C’est donc avec l’objectif de faire un podium qu’il a décroché l’or aux championnats de France, en battant le record national en squat : ” Barre sur les épaules, j’ai supporté une flexion à 170 kg “. Puis en battant un second record en développé couché : ” Couché sur un banc, j’ai descendu une barre à 105 kg “. Pour conclure par le soulevé de terre : ” 205 kg levés jusqu’à la hanche “, explique le champion.
Une performance remarquable qui fait du Vosgien la référence nationale en force athlétique. Désormais, un autre challenge s’ouvre à lui. ” Il va falloir confirmer et améliorer mes performances. Je ne vais pas participer aux mondiaux car je préserve mon corps et l’ambition du titre national me comble déjà amplement “, savoure l’homme, revanchard sur la vie.