Jean-René Perry : « Revenir encore plus fort ! »

Auteur d’une première saison honorable en mondial WRC junior, le Spinalien Jean-René Perry a subi une lourde sortie de route lors du dernier rallye de sa saison. Entretien avec un pilote en reconstruction, plus motivé que jamais.
Quel plaisir de vous voir avec un grand sourire, en pleine rééducation, quelques semaines après le grave accident que vous avez eu au Criterium des Cévennes. Comment allez-vous ?
Jean-René Perry Je vais beaucoup mieux. Je pense enfin avoir digéré le choc psychologique et je me sens physiquement mieux, de jour en jour. La période de convalescence était longue pour moi, qui n’ai pas l’habitude de ne rien faire. Mais il fallait passer par là pour me soigner correctement et retrouver mes pleines sensations rapidement.
Votre saison 2016 est-elle compromise ?
J-R. P. – Non, j’ai eu la confirmation de pouvoir pratiquer normalement le rallye. Il me faut juste une bonne préparation et rééducation. Je commence progressivement avec mon kiné avant d’axer plus spécifiquement mon travail. J’ai la chance de voir le calendrier du Championnat du monde junior débuter tard dans la saison. Le premier est au Portugal, du 20 au 22 mai et je serai prêt. J’espère même faire le rallye de Champagne (1er au 3 avril).
Près de deux mois après l’accident, avez-vous assez de recul pour comprendre ce qu’il s’est passé ?
J-R. P. – Oui, dès les premiers jours après mon hospitalisation, j’ai pu revoir les images de l’intérieur de la voiture et analyser ce qui n’avait pas été, même si j’avais déjà mon opinion après l’accident étant donné que je n’ai pas perdu connaissance. Je suis arrivé trop vite sur un virage sec qui partait sur la droite et j’ai fait un ” tout droit ” dans les arbres. La voiture est tombée plus bas dans le dévers et s’est retrouvée sur toit. J’ai pu m’en extraire seul, à l’inverse de mon co-pilote Joshua Reibel.
Quelles ont été vos blessures ?
J-R. P. – Dans un premier temps, je ne ressentais rien. Ce n’est que lorsque les secours sont arrivés que j’ai senti des fourmillements dans le dos. Et les premiers examens ont révélé que je souffrais de fractures et du déplacement des deux vertèbres cervicales. C’est là que j’ai pris conscience de la gravité de l’accident et que j’ai paniqué. Heureusement, j’ai eu le soutient de Coline, ma conjointe, de ma famille et de mes proches.
Qu’avez-vous craint ?
J-R. P. – Le pire ! Si la moelle épinière était touchée, je pouvais craindre de ne plus pouvoir marcher correctement, de ne plus pouvoir piloter et que ma carrière soit fichue. Heureusement, l’opération s’est parfaitement déroulée et la chirurgienne m’a assuré que je retrouverai une vie normale. J’ai une plaque et six vis, qui devront être retirées dans un an.
Conservez-vous l’ambition d’être champion du monde ?
J-R. P. – Si mon budget me le permet, je vais courir à fond les six manches mondiales, viser, dans un premier temps, le podium et mieux si possible. L’objectif est d’être titré dans les deux ans qui viennent mais si ça arrive avant
Mon accident m’a rendu encore plus fort mentalement. Dans mon malheur, j’en tire des bénéfices.