Emmanuel Lassalle : « J’ai failli tout plaquer en octobre »

Second du dernier Paris-Colmar, le marcheur basé à Lamarche, Emmanuel Lassalle, est passé de la gloire à la détresse en quelques mois. Il se confie sur ses heures noires, son retour en grâce aux France et son objectif de victoire au Paris-Alsace.
Félicitations pour =https://www.centpourcent-vosges.fr/sport/autres-sports/emmanuel-lassalle-vice-champion-de-france-de-marche-grand-fond-a3081.html]votre performance aux dernières 24h de Bourges. Vous prenez la seconde place et donc le statut de vice-champion de France. Un résultat qui vous satisfait ?
Emmanuel Lassalle Oui et non. Je suis satisfait d’avoir réussi ma course, sans aucune difficulté physique et d’avoir maîtrisé mon effort comme on l’avait prévu avec mon entraîneur Jeannick Landormy, sans se mettre dans le rouge. Mais, je suis perfectionniste et compétiteur donc je ne peux me satisfaire d’une seconde place. Ce qui me déçoit légèrement, c’est ma distance. Je pensais pourvoir réaliser les 200 km mais j’ai échoué à un peu plus de 7 km.
Malgré tout, la performance est remarquable car vous sortez d’une période hivernale assez difficile. Comment s’est passé l’après Paris-Colmar où vous avez pris la seconde place ?
E. L. – Il faut le reconnaître, je crois être passé par les pires moments de ma vie. Après la période euphorique qui a suivi le championnat du monde de marche grand fond, où je réussis une performance au-delà de mes espérances à Colmar, je me sentais encore bien et je n’ai pas vraiment stoppé mes entraînements. Je me suis aligné sur une course à Roubaix, en septembre, mais j’ai dû abandonner car le physique ne suivait pas. J’ai très mal vécu ce moment et ça a été la descente aux enfers.
Votre corps ne supportait plus l’accumulation des efforts ?
E. L. – Exactement, mais il n’y avait pas que l’aspect physique qui souffrait. Mon psychisme était aussi entamé et j’ai commencé à broyer du noir. Je perdais toujours plus de kilos, jusqu’à tomber à dix unités de mon poids de forme habituel. Je n’arrivais plus à rien et je devenais invivable pour mes proches ! Je me rendais compte de ma situation mais je ne pouvais rien pour en sortir. C’est étrange parce qu’on pense que ce genre de situation n’arrive qu’aux autres…
Comment avez-vous réussi à sortir de cette spirale ?
E. L. – Mon médecin du sport m’a proposé une alternative : arrêter mon activité professionnelle de CPE ou être hospitalisé en maison de repos. J’ai compris qu’il fallait appliquer les conseils et je me suis forcé à prendre du repos. De toute façon, je n’arrivais plus à faire de sport et j’ai failli tout plaquer. J’ai pris contact avec le nutritionniste Denis Riché, qui conseille de nombreux sportifs internationaux tels que Julien Absalon ou Laurane Picoche.
” Je veux gagner et rien d’autre “
Vous êtes végétalien (ni viande, ni produits animaliers) depuis quelques années. Etait-ce la raison de votre mal-être ?
E. L. – En partie. Il m’a d’abord rassuré sur le fait qu’il n’était pas incompatible d’être végétalien et sportif de haut niveau. Il a étudié mes repas quotidiens et ma consommation en course. C’est là qu’il a pointé de nombreux manques. Je ne mangeais pas assez équilibré, il y avait un manque de quantité et surtout de grosses carences. En fait, j’étais déjà carencé avant Paris-Colmar, sans le savoir. Depuis, il a rééduqué ma façon de me nourrir. À chaque repas, je m’oblige à manger une entrée, un plat de résistance et un dessert, alors que je ne mangeais qu’un gros plat principal auparavant. Autre changement important, il a supprimé le gluten dans ma nourriture et je reconnais que ça m’a fait un grand bien dans ma digestion.
Comment vous sentez-vous désormais ?
E. L. – Très bien. J’ai retrouvé mon poids de forme et mon résultat à Bourges prouve que le travail a porté ses fruits. Ce passage avec le nutritionniste a changé l’évolution de ma carrière.
Côté sportif, avez-vous déjà planifié vos entraînements pour le prochain Paris-Alsace ?
E. L. – Bien sûr, mon coach m’a envoyé mon programme pour les semaines à venir. Il consiste à enchaîner les kilomètres quotidiennement. Je vais marcher 15 à 20 heures par semaine, en privilégiant les côtes et cols qui sont mes points faibles.
Colmar a fait le choix de ne plus accueillir l’arrivée de son épreuve mythique. C’est Ribeauvillé qui lui succède. Qu’est-ce qui va changer ?
E. L. – Le programme est quasiment le même sauf que l’épreuve est organisée par la fédération désormais. Le tracé va un peu changer car après Neufchâteau, nous retrouverons Mirecourt. Un grand plaisir car lors du passage en 2013, nous avions eu un beau public. Ensuite, nous traverserons Epinal, un autre moment fort de cette édition 2015. Nous serons au trois quarts de la course et je serai en mode accélération, donc j’aurai besoin de tout le public pour me soutenir (rire).
4e en 2013, 2e en 2014, quel est l’objectif en 2015 ?
E. L. – Je veux gagner et rien d’autre. Je sais que je me mets une grosse pression mais je marche comme ça. Une autre place serait un cuisant échec. Je ne veux avoir aucun regret en arrivant à Ribeauvillé.