Après son titre de champion de France, le Spinalien Benjamin Polin vise déjà ailleurs
Benjamin Polin, un nom qu’il faut retenir. Jeudi dernier, le coureur spinalien a décroché le titre de champion de France sur 100 km à Steenwerck, pour la seconde année consécutive. Un succès retentissant pour l’athlète qui vise toujours plus haut. À commencer par l’Équipe de France, qu’il évoque en entretien.
Bonjour Benjamin. Tout d’abord, félicitations pour ce nouveau titre de champion de France. Quel est ton ressenti ?
Benjamin Polin : « Bonjour, merci pour la sollicitation. Quelques jours après, j’ai encore mal aux jambes, ce qui n’est pas habituel ( rire). Cela montre que la performance a été réussie, c’est bon signe lorsque la récupération est compliquée. Blague à part, je suis super content. Je m’étais beaucoup entraîné, ce championnat de France représentait un énorme objectif pour moi. C’était ma troisième participation et forcément, les sensations étaient différentes. J’ai toujours apprécié cet événement, ce n’est que du bonheur, encore plus avec un scénario idéal comme jeudi. Cela faisait 6 mois que je n’avais pas couru de la sorte.
Comment s’est déroulée ta course ?
B.P : « C’est une course avec un format quelque peu particulier. Chacun à sa façon de l’aborder. Pour ma part, j’ai décidé de partir prudemment, sans avoir de chrono en tête. Je souhaitais juste – aux 50 km – un passage entre 3 h 15 et 3 h 20. Ça a été réussi – 3 h 15 au chrono – donc j’en suis satisfait. Les sensations étaient très bonnes, au point de me sentir assez facile. Je redoutais en revanche le passage aux 70 km. Pour certains coureurs, c’est le point de bascule. Heureusement, ça n’a pas été le cas, au contraire, puisque c’est à ce moment que j’ai pris la tête. Se sont enchaînés 10 km ou je ne sentais plus mes jambes, tant j’étais léger et bien dans mon corps. Aux 80 km, j’avais 4 minutes d’avance sur le second. J’en ai profité pour tempérer un poil, afin de ne pas être trop en souffrance sur la dernière ligne droite. J’ai forcément perdu du temps, mais c’était le jeu. À 5 km de la fin, j’entends avoir perdu 30 secondes d’avance. Je me suis remis à mon rythme, de façon à ce qu’il soit impossible de me prendre cette place. Je conclus la seconde partie de la course avec un chrono de 3 h 20. Ce sont des chiffres qui démontrent une régularité, donc c’est bien ».
En tant que tenant du titre, il y avait une pression particulière ?
B.P : « Pas une pression, mais une envie de bien faire. En ce sens, ma motivation à réaliser une très bonne préparation était forte. Mais pour être honnête, ce côté titre et gagnant, j’arrive assez facilement à m’en détacher et décomplexer. Pour te donner un exemple, lorsque j’étais en tête, à aucun moment ces indicateurs ne rentrent dans ma tête ou ne viennent influencer ma course, donc c’est une bonne chose ».
Avec ce nouveau succès, tu te dresses comme l’un des meilleurs de ta catégorie. Comment as-tu franchi ce palier ?
B.P : « La course à pied est avant tout un sport de patience. Je pense que ma progression est simplement due à l’entraînement. Cela fait 6 ans que je m’exerce plus de 1000 heures par an. Ça représente énormément de temps, mais aujourd’hui, ça paie. Pour cette épreuve, j’avais axé ma préparation en testant ma vitesse, par le biais des cross et des semi-marathons. J’y ai mis énormément d’intensité, chose contraire à l’an dernier. Enfin, j’ai été attentif sur la récupération et l’alimentation, mais cela va de soi ».
Quels sont désormais tes objectifs ?
B.P : « Cette saison, j’aimerais refaire le 100 km de Millau, qui se déroulera le 30 septembre. Cela me laisserait tout l’été pour me faire plaisir sur le trail et le dénivelé. D’ici cette échéance, je vais kiffer sur des courses vosgiennes, comme l’Infernal ou les Crêtes. Sur du plus long terme, j’aimerais retrouver l’équipe de France. Il n’y a pas encore de championnat annoncé, donc pas de critères de sélection. J’espère que ma performance me permettra d’être directement sélectionné, sans avoir à refaire de course et de chrono’. Dans le viseur, j’ai les potentiels championnats du monde 2024. On verra lorsqu’il y aura plus d’informations ».
L’EDF, le meilleur moment de ta carrière ?
B.P : « Carrément, c’était un rêve pour moi. Quand je l’ai fait, c’était juste dingue. Partir en stage avec eux, porter ce maillot et représenter mon pays, faire un championnat du monde et concourir contre des athlètes du monde entier .. Si je m’entraîne aussi dur, c’est pour revivre ce genre de moment ».
Tu travailles dans la transition énergétique. Comment arrives-tu à concilier cela à ta carrière ?
B.P : « En effet, je travaille au syndicat d’électricité des Vosges. Je suis responsable, et mes missions sont d’accompagner les communes dans la transition énergétique. Cela passe par les infrastructures, les éclairages, les impacts environnementaux .. Ce métier fait sens à mes valeurs. Je suis attaché à mon territoire, et ça me tient à cœur de le préserver. Œuvrer aux côtés des collectivités départementales, c’est parfait pour moi. Pour ce qui est de l’organisation, j’ai la chance d’avoir une famille qui m’accompagne et m’aide. Le reste, c’est de l’optimisation de temps et de planning ».
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
B.P : « D’atteindre mes objectifs, ça serait sympa (rire) ! Plus sérieusement, de passer à côté des blessures, mais surtout de garder ce plaisir de la course, qui est la chose la plus importante ».