Antoine Leclerc : « Je veux remporter un jour les 24h du Mans »

Pilote Grand Tourisme (GT) en format endurance depuis près de 10 ans, le Spinalien Antoine Leclerc fait partie des meilleurs pilotes français dans sa discipline. Rencontre avec celui qui ambitionne de remporter les plus belles épreuves mondiales.
Antoine Leclerc, engagé dans le championnat Blancpain GT avec l’écurie McLaren, vous venez de décrocher un podium sur le dernier Grand Prix du Nürburgring (Allemagne). Du bonheur après une saison compliquée ?
Antoine Leclerc – C’est une grande satisfaction après la saison que nous venons de vivre avec la jeune équipe Art Grand Prix, qui représente les intérêts de McLaren en GT. Elle fait du bien à toute l’équipe qui a beaucoup travaillé pour améliorer la voiture, dans un des championnats les plus relevés au monde. Je cours pour un constructeur qui vient de se (re)lancer dans le GT donc au final, nous prouvons que nous pouvons rivaliser avec les meilleures écuries mondiales : Audi, BMW, Mercedes et Ferrari.
Pouvez-vous retracer la saison que vous venez de vivre avec Art GP ?
A. L. – La saison a été assez difficile à vivre car nous avons longtemps cherché les meilleurs réglages pour améliorer la voiture. Néanmoins, nous commençons sur les chapeaux de roues en décrochant un podium lors du premier Grand Prix de l’année à Monza (Italie). Par la suite, nous abandonnons aux 24 Heures de Spa (Belgique) pour une casse sur le moteur. Une grosse déception car l’épreuve belge est l’une des plus prestigieuses de la saison et surtout celle où tu inscris le plus de points au classement général. Cet échec a engendré une grosse remise en question de la part de McLaren qui engage deux véhicules sur le circuit, dont le mien que je pilote en compagnie de l’espagnol Andy Soucek et du palois Mike Parisy, deux autres pilotes pros.
Vous êtes trois pilotes pour une seule voiture ?
A. L. – Oui, le Grand Tourisme est un championnat particulier où nous effectuons des Grand Prix d’endurance à l’image des 24 Heures du Mans, qui nécessite des relais avec des co-pilotes. A l’inverse du championnat Tourisme où l’on conduit seul un véhicule commun pendant des épreuves de 30 tours, moi je suis associé à deux autres pilotes dans une voiture prestigieuse. Auparavant, j’étais dans une écurie moins importante où j’étais l’unique professionnel associé à deux amateurs. Cette année, je cours avec deux autres pros qui ont un niveau équivalent au mien.
Vous avez gravi les échelons du pilotage automobile à vitesse grand V. Comment êtes-vous devenu pilote professionnel ?
A. L. – J’ai débuté assez tard dans le milieu automobile en découvrant à 15 ans le karting à Epinal. Après de bonnes sensations, je fais ma première course trois mois plus tard. Un an après, je signe ma première victoire puis mon premier titre chez les espoirs nationaux en 1999 (trois ans après mes débuts). A 19 ans, j’intègre une formation monoplace au Mans, créée par Henri Pescarolo où sont passés de grands pilotes comme Sébastien Boudais ou Jean-Eric Vergne, actuellement pilote Toro Rosso en Fomule 1. De 2002 à 2004, je passe en formule Renault avec un budget serré, donc deux années difficiles. Puis on me propose de faire des essais et d’intégrer une écurie GT.
Un revirement de situation dans votre carrière ?
A. L. – Complètement ! C’était un choix important. Je savais qu’en quittant le circuit monoplace, je n’y reviendrais pas. Mais tout se passe bien et je signe deux podiums dès mes premières courses, sur des épreuves d’une heure à deux pilotes. J’enchaîne l’année suivante par trois autres podiums qui me font marquer des points dans le microcosme du GT. Puis mon écurie est revendue et je fais une année 2005 blanche. Fin 2006, je signe chez Lamborghini pour disputer le championnat de France GT avec un statut pro à la clé. Nous poursuivons le développement de la voiture en 2007 et en 2008, je décroche alors le précieux graal de champion de France. Un titre qui m’a fait connaître.
Vous devenez donc professionnel ?
A. L. – Oui, j’officialise mon statut pro et j’intègre le circuit international en 2010 en signant pour une écurie représentant Porsche. Première saison réussie puisque je finis troisième du championnat. J’évolue en 2011 au championnat mondial sur Ford GT pour une première année mitigée qui m’a beaucoup apporté mentalement. En 2012, début du championnat Blancpain avec une équipe composée de deux pilotes amateurs dont celui avec lequel je suis champion de France. Mais les deux pilotes ne sont pas au niveau et je décide de rejoindre mon écurie actuelle avec de grandes ambitions à plus ou moins long terme.
Vous êtes également engagé en championnat de France 2013 Pro/Am ?
A. L. – J’ai cumulé les deux casquettes cette saison. D’ailleurs à deux grands prix de la fin de saison, nous sommes cinquième du championnat et pouvons encore être champion. Ça serait une belle histoire, cinq ans après mon premier titre.
Comment expliquez-vous le peu de médiatisation de votre discipline ?
A. L. – Sur le grand échiquier du sport auto, nous sommes derrière la F1 et le rallye car les championnats sont plus lisibles et sont plus ” médiatisables ” pour la télévision. Néanmoins, les grandes courses comme Le Mans ou Spa jouissent d’une belle réputation mondiale. Mais ce sont les seules connues du grand public. Ça ne me dérange pas trop car je ne cours pas pour la notoriété. Je cours pour remporter un jour les 24 Heures du Mans.
C’est votre plus grand rêve de pilote automobile ?
A. L. – Bien sûr, Le Mans, c’est comme le GP de Monaco ou les 500 miles d’Indianapolis. C’est une course mythique que tout pilote rêve d’accrocher à son palmarès. Entre un titre mondial en GT et Le Mans, mon choix pour l’épreuve mancelle est vite fait. Après, si je réussis à exaucer mon rêve, pourquoi pas faire un jour le Dakar ou m’orienter sur le Trophée Andros.
Antoine Leclerc en quelques dates
1996 : Découverte du karting et premières courses
1997 : Première victoire en Kart
1999 : Champion régional de karting
2001 : Obtention d’un bac S et formation pilote monoplace
2002 – 2004 : Pilote formule Renault
2004 – 2006 : Championnat de France GT – 2 podiums
2007 : Championnat de France GT – 3 podiums
2008 : Champion de France – 2 victoires et 7 podiums
2009 : Vice-champion de France – 3 podiums
2010 : 3e du championnat d’Europe Sprint GT
2011 : Championnat du monde GT
2012 – 2013 : Blancpain Endurance Series – 2 podiums