Comprendre la culpabilité

Si la culpabilité est désagréable et douloureuse, elle n’est pas toujours négative en ce qu’elle est une émotion qui permet à la personne qui la ressent de développer son autocritique et son empathie. D’ailleurs, pour Jacques Lacan elle appartient même aux affects les plus universels. Pourtant, il arrive dans certaines circonstances que la culpabilité devienne pathologique.
Les mécanismes de la culpabilité dite saine
La culpabilité naturelle est une réaction qui nous informe que nous avons eu un comportement inapproprié (avoir blessé, fait mal ou d’avoir été injuste avec quelqu’un, par exemple) ou que nous avons transgressé notre système de valeur ou enfreint les règles sociales ou morales. Un message qui nous amène à nous interroger sur nos actes afin de savoir si notre comportement a été problématique pour autrui, à questionner notre système de valeurs et nos principes, et à trouver des solutions pour y remédier ou exprimer des regrets.
Éprouver de la culpabilité, c’est faire une expérience émotionnelle qui favorise l’empathie et l’auto critique et conduit à assumer ses actes par loyauté envers soi-même. En résumé, la culpabilité, lorsqu’elle est saine, est source de progrès en ce que l’interrogation qu’elle suscite nous amène à avoir des meilleurs comportements et à remettre en question nos principes s’ils ne sont pas, ou plus, adaptés au contexte qui nous environne.
Quand la culpabilité devient problématique
- Lorsque la fréquence et l’intensité font que la culpabilité devient invasive, celle-ci peut prendre différentes formes et exprimer différentes pathologies possibles.
- C’est le cas de la culpabilité traumatique : la victime d’un abus, d’un acte arbitraire, d’un évènement douloureux et fortuit va éprouver de la culpabilité face à la situation qu’elle a dû affronter.
- La culpabilité fait également partie des symptômes de certains troubles psychologiques, comme la dépression. La personne dépressive peut éprouver une culpabilité excessive qui affaiblit son estime de soi, et développer une auto-culpabilité (tout est de sa faute).
- Les problématiques de culpabilité sont également présentes dans les troubles obsessionnels compulsifs, les phobies et les addictions. Liée à une culpabilité d’exister ou à un sentiment inconscient de culpabilité qui empêche la personne à comprendre ce qui l’empêche de vivre, elle impacte la vie psychique et agit alors comme un facteur de punition émotionnelle qui se manifeste dans des processus d’autodestruction, de névrose de destinée (répétition de schémas douloureux identiques ou de scénarios qui finissent mal.) ou d’inhibition.
- Il arrive également, chez des personnes dont la morale ou le « moi » (la conscience humaine en tant qu’elle s’expérimente elle-même) sont extrêmement restrictifs, que celles-ci en arrivent à se sentir coupable simplement en imaginant un mal qui ne s’est jamais déroulé.
La culpabilisation
La culpabilité peut également être un moyen de pression et de contrôle. Exercée de manière plus ou moins consciente, elle se manifeste lorsque quelqu’un projette sa propre culpabilité, afin de servir ses propres intérêts, sur une personne qui, ne sachant se défendre, va se sentir coupable et se soumettre. Cela se retrouve dans les formes de manipulation sectaires, religieuses ou idéologiques, mais aussi dans les relations toxiques et le triangle bourreau/victime/sauveur, par exemple.
Se libérer de la culpabilité
Dans le cas d’une culpabilité fréquente, une psychothérapie cognitive et comportementale ou une thérapie interpersonnelle peut être nécessaire. Lorsque l’on est confronté à une culpabilité pathologique (si celle-ci est l’expression d’un symptôme relatif à un trouble psychologique ou à une névrose), il est important de prendre l’avis d’un psychiatre qui sera capable de poser un diagnostic.
Un article réalisé en partenariat avec le Magazine Tandem, à consulter ICI .
