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Ça roule pour le P.Q. !

Le 19 mai 2024 par Francoise Fontanelle
© AdobeStock

Il pèse 45 milliards de dollars américains sur le marché mondial. Il fait partie, tout comme les pâtes et la farine, des produits sur lesquels on se rue quand une crise (ou un confinement) menace. Tout rond, tout doux, on se l’arrache même au sens propre. Et si l’on parlait du papier hygiénique ? Un sujet qui mérite bien plus que ce que nous lui accordons habituellement.

Qui a inventé le P. Q. ?

Heureux empereurs chinois de la dynastie Song du Xᵉ siècle. C’est pour eux que le premier papier toilette de l’histoire de l’humanité a été inventé.

Pour le reste, depuis la nuit des temps, on fait avec ce que ce l’on a sous la main : cailloux, vêtements, végétaux, foin, terre…

À Rome, si l’on n’a pas encore de papier, on a des idées : au Iᵉʳ siècle, les nantis sont choyés et utilisent des serviettes en tissu ou en laine. À partir du XIVe siècle, outre-Manche les nobles fesses se tamponnent avec des étoupes de chanvre ou de lin. Si, au XVe siècle, le papier d’écriture détrône le parchemin, il faut attendre 1857, pour que l’idée d’en faire un usage moins littéraire émerge grâce à Joseph C. Gayetty. Produit sous l’appellation Gayetty’s Medicated Paper par la Joseph C. Gayetty Company et vendu 50 cents le paquet de 500 feuilles (chacune filigranée au nom de son inventeur), ce papier contenait une certaine quantité d’aloès et était principalement destiné à la prévention des hémorroïdes.

Ce sont les frères Irvin et Clarence Scott qui, en 1890 lui donnent sa forme moderne : un rouleau de feuilles séparables, bobiné autour d’un rouleau. Mais le succès n’est pas immédiat. Fin XIXe, la presse vit son âge d’or, les journaux (bon marché à l’époque), s’ils n’emballent pas le poisson et les épluchures de pommes de terre, finissent d’être lus et recyclés au cabinet. C’est seulement à partir des années 1960, avec la prospérité et le modernisme portés par les Trente Glorieuses, que le papier hygiénique se démocratise dans les WC en Europe. Il n’en sortira plus.

Un produit de luxe ?

On consomme 100 rouleaux en moyenne, par an et par personne (données 2018 du Statista Consumer Market Outlook). En France, c’est moins : 71 rouleaux. Le podium est occupé par le Royaume-Uni (127), l’Alle-magne (134) et les Améri- cains (141 rouleaux). On aimerait bien savoir pourquoi…

Précisons également que les hommes utiliseraient en moyenne 8,11 feuilles, contre 6,31 feuilles pour les femmes (Burke Incorporated: 2020 Toileting Dairy Fact Book).

L’accès au papier toilette est loin d’être universel. Deux tiers de la population mondiale utilisent autre chose que du papier, le plus souvent de l’eau, par manque de moyen
financier et/ou par préférence hygiénique, comme dans certains pays asiatiques (ce qui n’empêche pas chaque Japonais de consommer 91 rouleaux de P.Q. par an).

Profitons-en pour rappeler que 2,5 milliards de personnes dans le monde, n’ont pas accès à des WC.

Écolo le PQ ?

Pour fabriquer un seul et unique rouleau de papier toilette, il faut 168 litres d’eau ! Soit 18,666 chasses d’eau tirées. Côté cellulose, l’industrie du PQ abat quelque 27 000 arbres par jour. Heureusement, en Europe 40 % du P. Q. est fabriqué à partir de papier recyclé (à ceux qui font ce choix, les arbres leur disent « Merci ! »). Car si l’on parle volontiers de l’impact de certaines cultures sur la déforestation, on évoque plus rarement les 384 arbres nécessaires à notre hygiène quotidienne au cours de notre vie.

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