30e édition de Fantastic’Art : Le cœur de Gérardmer bat à nouveau pour le fantastique

On dit que les festivals font corps avec le territoire qui les accueille. C’est peut-être encore plus vrai avec le festival du film fantastique de Gérardmer, né des cendres du festival d’Avoriaz, il y a tout juste trente ans et qui reste indissociable de l’image de la Perle des Vosges. C’est bien simple, il imprime son rythme dans toute la ville : on boit, on mange, on lit, on écoute et on regarde fantastique. En 2023, son édition anniversaire aura un petit goût de renaissance : depuis deux ans et une épidémie de Covid qui a forcé le festival à adopter des formats hybrides (une édition a eu lieu par écrans interposés, l’autre s’est faite avec des jauges réduites), les organisateurs mangeaient leur pain noir, comme bon nombre de leurs collègues de la culture. Les projections sur son écran d’ordinateur ? Pas question d’y revenir. « Un festival, c’est de la vie, des rencontres, une expérience humaine ! » pointe l’organisation qui s’y était pliée par contrainte. Cette année, la manifestation entend renouer avec ses 40 000 spectateurs qui se presseront aux projections. Mais pas que.

Un festival intergénérationnel

Puisque la réglementation sanitaire autorise que les masques tombent, tout Gérardmer respirera de nouveau Fantastic’Arts. Outre les films, on pourra ainsi y trouver un exposition arts plastiques rendant hommage à la culture fantastique à la villa Monplaisir avec une sélection d’une petite dizaine d’artistes. La liste définitive n’est pas arrêtée et les candidatures continuent à affluer à l’heure où nous écrivons ces lignes. L’Espace Tilleul sera aussi réinvesti par Le Grimoire, salon littéraire bien connu des festivaliers. Pas moins d’une trentaine d’auteurs seraient déjà confirmés et la liste devrait s’affiner jusqu’aux vacances de Noël.

Les futures graines de romanciers sont eux déjà sur le pont avec un concours de nouvelles qui fait déjà plancher les élèves de la quatrième à la terminale de Nancy, Gérardmer et alentours. Renouant encore un peu plus avec les bonnes habitudes, le festival accueillera aussi son expo bande-dessinée à la Maison de la Culture et des Loisirs. Des représentations de spectacle vivant aux couleurs du fantastique pourraient aussi être de la fête à la mairie.

Le festival du film fantastique, c’est aussi un concert qui rendra hommage aux plus belles partitions du genre (voir ci-contre) et qui se tiendra à l’Église de Gérardmer. Le parfait endroit pour communier avec d’autres passionnés, entre nouveaux venus et spectateurs plus aguerris qui forment un noyau dur de mordus de science-fiction et de frissons qui ne loupent aucun rendez-vous, « parfois même depuis trente ans » dixit l’équipe du festival. « À Gérardmer, le public vient chercher ce qu’il ne voit pas ailleurs. Le fantastique a cela de particulier qu’il est un genre transverse entre les générations ». Lequel s’est transmis à coup de VHS avant d’atteindre les salles et les plateformes de streaming aujourd’hui. Dans une période qu’on ne cesse de dire compliquée pour les salles obscures, le festival de Gérardmer a de quoi être force de proposition. « Si l’avenir du cinéma, c’est l’événementialisation des séances, nous sommes ici plutôt bien placés ». Un indicateur le prouverait sans mal : les réservations hôtelières aux abords de l’événement, visiblement, ne se démentent pas.

Michel Hazanavicius & Bérénice Béjo, une double présidence du jury

C’est peut-être bien la première fois qu’un couple officie comme président du jury en doublette d’un festival du film. À Gérardmer, c’est Michel Hazanavicius et Bérénice Bejo qui se prêteront à l’exercice et arbitreront les débats à venir pour élire les longs-métrages de la compétition les plus marquants. Bérénice Béjo avait d’ailleurs déjà fait partie du jury de Fantastic’Art en 2009. Depuis, le duo a travaillé de concert sur Coupez !, remake d’un film de zombies nippon plein de surprises sorti l’an dernier. Cette présidence est aussi une évidence pour Hazanavicius qui a commencé sa carrière avec La classe américaine, détournement de longs-métrages de la Warner Bros transformé en film non officiel devenu culte. Un certain art de la débrouille, du bidouillage, de la transgression qui a également participé à la genèse des plus grands classiques du fantastique.

Le Fantastique en concert

Parmi les événements déjà actés de cette future édition anniversaire du festival du film fantastique, se trouve un concert de musique de films. Organisé par l’école de musique de Gérardmer qui travaille depuis un an sur les morceaux, il doit se tenir le 29 janvier à l’église de Gérardmer, lieu parfait pour permettre au public de bénéficier d’une acoustique aux petits oignons. Percussions et vents seront de la partie. Une petite souris nous glisse que la partition de 2001, l’odyssée de l’espace et les envolées lyriques de Richard Strauss seront au programme, tout comme le compositeur fétiche de Tim Burton, Danny Elfman, fort de ses ballades gothiques et aériennes. On ne serait pas surpris d’y entendre les complaintes d’un certain Edward aux mains d’argent. Un medley autour de King Kong, créature mythologique par excellence, se fera également entendre. On frissonne rien qu’à son évocation.

Représentation le dimanche 29 janvier à 15 h à l’église de Gérardmer (gratuit)

30^e Festival du Film Fantastique de Gérardmer
Du 25 au 29 janvier 2023 à Gérardmer
Informations sur : festival-gerardmer.com

Tarifs :
Billet à la séance : 10 €
Pass Festival : 100€
Pass 3 jours du vendredi au dimanche : 85 €
Pass week-end : 64 €
Pass jeudi ou vendredi : 32 €
Pass samedi : 48 €

À noter : La plupart des événements attenants aux projections des films en sélection sont gratuits.

Article rédigé par :

Jonathan Blanchet

Journaliste cinéma