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De Myre à la Bataille de Nancy : l’Histoire de Nikolaos à découvrir à Neufchâteau cet Automne

Le 26 février 2023 par Francoise Fontanelle
De Myre à la Bataille de Nancy : l'Histoire de Nikolaos à découvrir à Neufchâteau cet Automne
La Bataille de Nancy par Delacroix.
© Marc Baronnet

Pour la première fois, en automne prochain, un grand spectacle immersif, sera consacré à la figure historique de Saint-Nicolas, Nikolaos. Réalisé par Damien Fontaine, produit au sein de l’église éponyme de Neufchâteau, cet évènement est l’occasion de revenir sur le personnage et le rôle de cette figure légendaire dans la bataille de Nancy dont l’issue placera ce saint à tout jamais au cœur de l’identité Lorraine. Élisabeth Pellet, chargée de communication de l’association VLJ, organisateur du spectacle, a accepté d’être notre guide.

Élisabeth Pellet, chargée de communication de l’association VLJ, organisateur du spectacle.
Élisabeth Pellet

Pourquoi l’évêque de Myre, qui a réellement vécu, est-il devenu le patron du duché de Lorraine ?

Nikolaos décède à Myre en 343. Ses ossements y ont été conservés pendant à peu près 7 siècles. C’est un chevalier lorrain, Albert de Varangéville, qui va rapporter une phalange d’un doigt du saint dans une chapelle du hameau de Port, à côté de Nancy. Dès 1093, l’évêque de Toul y fait édifier une nouvelle église pour abriter la relique, qui sera remplacée au XVe siècle par la basilique que nous connaissons aujourd’hui dans la ville qui est devenue Saint-Nicolas-de-Port. Et les Lorrains ont bien fait de le vénérer… En effet, le sire Réchicourt, lui aussi chevalier et lorrain, emprisonné vers 1240 lors de la sixième croisade, pria saint Nicolas avec ferveur pour être libéré. Alors qu’il est sur le point d’être exécuté, la légende dit qu’il se serait endormi et qu’il aurait été transporté dans son sommeil, puis qu’il se serait réveillé sur le parvis de l’église de Saint-Nicolas-de-Port. C’est depuis cette légende que le lien entre saint Nicolas et la Lorraine s’est construit.

Comment ce lien va-t-il se développer ?

Le spectacle retrace précisément cette double histoire entre le personnage historique de Nikolaos et la bataille de Nancy. Au début du XVe siècle, René II, duc de Lorraine, vénère lui aussi saint Nicolas. Or, il va aller plus loin. Lorsqu’il s’apprête à batailler avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, qui avait assiégé Nancy en octobre 1477, il jure qu’il fera de saint Nicolas le patron de son duché. Nancy est défendue par près de 2 000 soldats. Nous sommes en plein hiver, le froid sévit et le moral des troupes bourguignonnes commence à baisser. Les désertions se multiplient et le comte de Campobasso, proche de Charles le Téméraire, décide de se rallier à René II et emporte avec lui des mercenaires. Le siège de Nancy est terrible, la famine s’installe. Mais le 5 janvier 1477, René II peut livrer bataille – après avoir réussi à réunir une armée de près de 20 000 soldats grâce au renfort de mercenaires suisses et au soutien du roi de France – et vaincre les troupes de Charles le Téméraire.

Icône russe de saint Nicolas de Myre (anonyme, 1294).
Représentation de Nikolaos, Saint-Nicolas.

Y a-t-il des rapports entre le personnage historique et sa légende telle que nous la connaissons en Lorraine ?

On peut relever un premier lien, entre la vie de Nikolaos et la légende qui s’est construite en Lorraine autour des trois enfants perdus qui se sont réfugiés chez un boucher et qui est racontée à chaque fête de Saint-Nicolas. Ce que l’on sait de Nikolaos, c’est qu’il est né en Turquie à la fin du IIIe siècle et qu’il a bien été évêque. Ce que l’on sait aussi, c’est qu’il s’est réellement donné pour mission de veiller à la protection des enfants. En effet, à cette période la région de la Lycie (au Sud-Ouest de l’Anatolie) a subi de terribles séismes qui ont provoqué des famines épouvantables. Des centaines d’enfants se sont retrouvés orphelins et Nikolaos a beaucoup contribué à l’accueil de ces enfants, c’est pour cette raison que, déjà à l’époque, on lui a attribué le titre de protecteur des enfants. Le deuxième, dans l’histoire de Nikolaos, concerne le fait qu’un père, qui avait dilapidé toute sa fortune dans les jeux et les orgies, s’était résolu à vendre ses trois filles faute de dote. Écrasé par la culpabilité, il implore la pitié des dieux. Une nuit, alors qu’il est en prière, il entend un bruit, se précipite et découvre au pied des chausses de ses filles suspendues à la cheminée, trois tas de pièces d’or. Pensant qu’il a affaire à Mercure, le messager des dieux, il part à la poursuite d’une silhouette. Et, lorsqu’il la rattrape, il s’aperçoit qu’il s’agit de Nikolaos, qui lui demande de garder cela en secret et de changer d’habitudes en se mettant au service des autres. Les sources de ces faits ont été retrouvées par Damien Fontaine à l’occasion du spectacle, et on peut a priori penser qu’il s’agit de faits historiques, bien qu’ils remontent à un passé lointain et ont sans doute été modifiés par la transmission orale. Dans tous les cas, c’est ce que l’on relate à propos du vrai Nikolaos. Donc s’il n’a pas ressuscité trois enfants, il a bien secouru trois jeunes filles, durant la nuit et en secret, comme on raconte qu’il distribue des cadeaux dans les chaussures des enfants déposées près de la cheminée.

Sait-on comment il est devenu évêque ?

Nikolaos était extrêmement généreux. Mais on trouvait aussi étrange, dans cette société polythéiste, que ce fils, issu d’une famille riche, dilapide la fortune de son père au profit des pauvres et des malades. Un jour, il entend parler d’un rassemblement de chrétiens, dans une maison de prière, pour élire le nouvel évêque de Myre. Il s’y rend et là, un vieil homme, Santos, lui ouvre la porte et lui demande son nom. Lorsqu’il décline son identité, le visage du vieillard s’illumine. Il invite Nikolaos à le suivre et celui-ci découvre une grande assemblée qui l’applaudit, l’accueillant comme leur nouvel évêque. Et Santos de lui expliquer : « Vois-tu Nikolaos, cette nuit le seigneur m’est apparu en songe et m’a fait savoir que le premier homme qui se présenterait à la porte, lors de notre assemblée, serait notre nouvel évêque ! »

« La Bataille de Nancy 1477 » Eugène Delacroix (Musée des Beaux-Arts de Lorraine).

A t-il laissé beaucoup de traces dans l’histoire ?

Il y a beaucoup de récits sur la vie de Nikolaos, notamment sur l’histoire des navires de Népotien qui fait escale à Andriaque, une ville qui vient d’être détruite par un tremblement de terre. Ou lors de l’épisode de la persécution des chrétiens, lorsque les soldats à la solde de l’empereur Maximin Daïa arrêtent Nikolaos et ses amis. On sait aussi que Nikolaos est intervenu sur la question de la Trinité lors du rassemblement de 300 évêques chrétiens en 325 après J. C. à Nicée, à l’initiative de l’empereur Constantin. Le crédo de Nicée-Constantinople, récité à la messe, le rappelle encore aujourd’hui.

Nikolaos : Un spectacle historique inédit

Une immersion visuelle totale qui transforme la nef, le chœur et les voûtes de l’église Saint-Nicolas en vaisseau d’images, 80 acteurs et figurants sur scène, une bande de haute précision, de la musique vivante et une véritable histoire. Tels sont les challenges que Damien Fontaine, spécialiste du genre, s’est imposé pour créer ce spectacle hors normes. Monumental.

À la frontière entre son et lumière, reconstitution historique et pièce de théâtre, ce spectacle total est une œuvre immersive fascinante. Véritable peinture de lumière, les images entrent en dialogue avec la mémoire de la pierre et évolue en constante interaction avec le récit porté par les comédiens.

C’est ainsi que la magie opère pour littéralement transporter les spectateurs dans le temps et l’histoire : des confins de l’Asie mineure en l’an 300 de notre ère, à la rencontre de Nikolaos, à la bataille de Nancy qui, le 5 janvier 1477, fera basculer l’histoire de la Lorraine, lorsque René II affrontera Charles le Téméraire avec force et courage, promettant de faire de saint Nicolas le patron du duché de Lorraine.

Entre histoire, légendes et arts, c’est une expérience grandiose qui va se jouer à Neufchâteau, à l’Automne prochain.

Nikolaos – L’histoire plus forte que la légende
Tous les soirs du 23 octobre au au 11 novembre 2023, à 19 h et à 20 h 45
Église de Saint-Nicolas, rue Saint-Nicolas à Neufchâteau.
Tarifs : de 9 à 29€ (poss. Pass-famille)
Infos et réservations : www.nikolaos.fr
Et à l’Office de Tourisme de l’Ouest des Vosges

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