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Electronyze Me : le label vosgien d’Anthony Danane qui est en train d’exploser sur les plateformes musicales

Le 18 janvier 2023 par Jordane Rommevaux
Anthony Danane, alias Antho Cornelius, a lancé son label Dubstep il y a 7 ans, à Épinal.
© Jordane Rommevaux

Electronyze Me, c’est un label 100 % vosgien créé par le Spinalien Anthony Danane, alias Antho Cornelius, qui prône la musique électro et plus particulièrement le dubstep. Après 7 ans de travail pour faire son trou dans le microcosme de la musique électro, il est en train de cumuler les succès et s’ouvre aux plus importantes playlists des plateformes telles que Spotify. Rencontre avec ce passionné qui réalise un travail de professionnel, bénévolement.

Anthony, pouvez-vous me raconter la genèse de votre projet et le déclic qui vous a donné l’envie de créer votre propre label ?

Quand j’étais lycéen, des amis faisaient du rock. Je suis Parisien d’origine et je passais mes week-ends et temps libres à les suivre dans leurs concerts dans des bars ou petites salles de spectacles. C’était une bonne ambiance sympathique. N’ayant aucun talent dans la musique, j’ai voulu les aider à trouver d’autres salles de spectacles. Cette passion de vouloir aider à faire émerger des artistes est venue de là.

Vous étiez au départ davantage rock, donc ?

Oui très rock, métal… Puis, il y a eu l’émergence de l’électro avec l’apparition du dubstep, venu tout droit d’Angleterre. C’est un genre de musique électronique, qui se caractérise par un rythme syncopé (une note qui se prolonge sur plusieurs temps, ndlr), et une ligne de percussions accompagnée de basses. Il se lie avec différents genres musicaux, rendant un style très hybride. Ce mouvement est devenu populaire vers les années 2010 grâce à des artistes mondialement connus comme Skrillex, qui a lancé 2-3 albums qui a fait bouger le monde de l’électro. Les puristes pourraient avancer d’autres artistes mais, pour moi, c’est le précurseur.

Mais, qu’est-ce qui vous a poussé à vous consacrer davantage à la musique et à avoir l’idée de créer votre label ?

J’ai découvert ce style musical et je n’ai plus décroché. En 2014, j’ai quitté Paris pour raison personnel et je suis arrivé dans les Vosges. Comme je n’avais pas de travail dans l’immédiat, j’ai eu le temps de me consacrer davantage à ma passion pour la musique. Le but n’était pas d’en faire mon métier mais de découvrir de nouveaux artistes et d’écouter de la musique, de façon amateure. J’ai créé une page Facebook qui avait pour vocation de partager mes goûts, mes découvertes et faire la promotion des groupes que je préfère, comme un fan. Puis, voyant que je voyais que j’avais de nombreuses personnes qui me suivaient et partageaient ce que je faisais, j’ai eu l’ambition de faire un label.

Vous avez dans votre entourage des proches qui ont pu vous aidez à vous lancer ?

Pas du tout ! Et je n’ai aucune formation dans la musique. Mon seul atout était d’avoir quelques artistes dans mon réseau qui me suivaient et partageaient ce que je faisais. Mais, malgré tout, j’ai eu la chance d’avoir quelques artistes qui m’ont envoyé ce qu’ils faisaient, pour que je les partage au maximum. Et l’aventure a rapidement commencé.

Le rêve serait de pouvoir intégrer un film ou un jeu vidéo

Antho Cornelius, directeur exécutif du label Electronyze Me

Quelle était l’ambition de votre travail ?

L’idée était de réussir à nouer des partenariats avec des festivals, des marques, des radios… afin que les musiques que j’avais dans mon label puissent être découvertes et appréciées par un maximum de gens. L’idéal serait d’intégrer une musique de film ou de jeu vidéo, par exemple.

Quel est votre rôle en tant que directeur exécutif d’un label ?

Je ne suis pas un artiste, je suis celui qui va aider les artistes à se faire connaître. Mon rôle est de mettre en valeur un artiste et réussir à faire performer un de ces titres. Un artiste m’envoie sa musique, je l’écoute avec ma petite équipe qui m’entoure bénévolement et si je l’acte, je l’envoie à un distributeur et j’en fais la promotion grâce à mon réseau, que j’ai constitué depuis 7 ans. J’ai eu la chance de rencontrer de bonnes personnes.

Vous devez avoir un réseau important d’artiste dans votre répertoire ?

Oui, c’est vrai que ça devient énorme. Mais j’aime faire émerger des artistes et découvrir de nouveaux morceaux. Ça devient chronophage. Il faut un maximum de contact. Par contre, j’ai un distributeur qui vend ma musique, il m’est impossible de contacter toutes les plateformes pour valoriser les artistes. Ça serait un emploi à plein temps et je ne peux pas me le permettre. Au-delà du temps que j’y consacre déjà, il faudrait que j’abandonne mon job actuel et je crois que ma compagne ne le supporterait pas. Elle est déjà très conciliante mais là ça serait trop (rire). Le rêve serait de pouvoir intégrer un film ou un jeu vidéo. Spotify rémunère très mal puisqu’ils paient à 0,03 euros le stream. C’est compliqué d’en vivre mais, parfois, ça peut s’envoler vite. On le voit avec le rap qui a des morceaux qui cartonnent en France. Pour l’électro, c’est plus compliqué mais certains morceaux cartonnent.

Vous êtes spécialisé sur le style musical dubstep mais pourriez-vous vous orienter vers d’autres styles ?

Oui, je le pourrais. Je pourrais proposer, en plus de ce style, du rock ou du rap. Mais, pour diversifier mes offres, je préfère proposer des styles mélanger, comme ajouter du dubstep avec du classique, ou du rap. Parfois, le rendu est magnifique et surprenant. La musique doit évoluer et ne peut pas rester figée dans le temps. Pour inventer la musique du futur, inspirons-nous et allons voir ce qui se faisait dans le passé. Il peut aussi y avoir du dubstap reggae, avec un rythme beaucoup plus lent. J’aime moins ce qui est hard. Le dubstep pur et dur est plus compliqué d’être commercialisé mais ça ne va pas dire non plus qu’il ne peut pas fonctionner. Je suis toujours dans la recherche, en tant que label, de me différencier des autres.

Pour inventer la musique du futur, inspirons-nous et allons voir ce qui se faisait dans le passé

Antho Cornelius, directeur exécutif du label Electronyze Me

Il y a, en France, d’autres label dubstep ?

Il y en a quelques-uns mais je me démarque pas mal dans mon genre, malgré mon manque de temps qui m’empêche de me déplacer à Paris. Je suis un peu trop réservé et je n’aime pas trop montrer ce que je fais. Mais je sais que ce qu’il se dit, c’est que je suis le numéro 1 en France. Si on se base sur mes statistiques, je dois être à 7-8 millions d’écoutes en 7 ans, soit 1 million par an, ce qui est plutôt bien.

C’est le signe que ton travail paie !

C’est sûr et ça s’est un peu accéléré en juillet dernier car j’ai réussi à placer une musique sur une playlist éditoriale Spotify réputée. Et là, nous venons de sortir un EP avec un artiste russe et sans contact au préalable, nous avons été ajoutés sur une nouvelle playlist, qui nous fait beaucoup de stream.

C’est une première grosse étape qui vous permet d’intégrer les playlists les plus écoutées ?

Exactement ! C’est indispensable pour valoriser un artiste et ce genre de partage peut faire boule de neige sur le reste car grâce à ces ajouts, nous sommes dans le viseur des plateformes et dès que l’on sort un morceau, il a plus de chance d’être intégrée à une playlist. Ce qui est bien, c’est que nous avons intégré gratuitement ces playlists pour faire du stream. La plupart du temps, pour les intégrer, on nous demande de payer pour les intégrer et nous ne sommes que très rarement gagnant. Et, en ce début d’année, on vient de sortir un EP 3 titres ce vendredi, dont un des morceaux a été placé en playlist éditoriale sur Spotify.

Ce sont vos premiers gros succès ?

Non, en juillet 2021, nous avions sorti une musique qui avait très très bien marché, avec le groupe Kowz, originaire de Metz. Nous étions en contact depuis la période Covid. Ils ont un style Midtempo très profond et lent, avec une base orchestrale. On sort leur premier EP en mars-avril 2020 qui a un honnête succès. Puis, un an plus tard, on sort le morceau qui s’appelle Akuma et qui enregistre à ce jour plus de 700 000 écoutes sur Spotify. Jamais, je n’aurais pu penser avoir un tel succès aussi rapide. Par la suite, nous avons fait d’autres succès, plus modestes, mais des morceaux qui marchent bien également.

Je suis fan de l’hybridité des genres, dans la musique !

Antho Cornelius, directeur exécutif du label Electronyze Me

Quelle serait la suite logique pour que vous puissiez continuer à progresser ?

A terme, j’aimerais avoir un statut professionnel et pourquoi pas devenir mon propre distributeur pour placer et « vendre » mes morceaux sur les plateformes. La suite logique serait de faire venir toujours plus d’artistes et pourquoi pas travailler avec la Souris Verte. Ça serait top de pouvoir travailler avec eux à deux pas de chez moi. Pour le moment, les quelques contacts que j’ai eus avec eux n’ont pas bien pris mais je ne désespère pas. C’est peut-être le style de musique qui n’a pas plu et qui n’entre peut-être pas dans les codes. Je leur lance un petit appel du pied, on ne sait jamais s’ils veulent me contacter (rire). Et je vais poursuivre mon travail pour faire la promotion des artistes de mon label. Je vais aussi me tourner un peu vers le management puisque le groupe Kowz de Metz me fait confiance.

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