À Épinal, Isabelle Sartori s’ouvre au monde grâce à la musique live
Depuis un an, notre vie est sur pause. On essaie de compenser, çà et là, en glanant des films, des documentaires ou des concerts filmés sur les plateformes de streaming. Pourtant, cela ne suffit pas. Pour Isabelle Sartori, présidente de l’association Lavoir Entendu, c’est même impensable de consommer la culture ainsi.
C’est indéniable, consommer la culture derrière un écran ne retranscrit pas les mêmes sensations qu’en vrai. Pourtant, ce genre d’événement online se développe de plus en plus ces derniers mois. Pour certains, c’est l’occasion de garder un lien avec ses salles de concert, de théâtre ou de spectacle préférées. Pour d’autres, comme Isabelle Sartori, Présidente de l’association Lavoir Entendu, ce n’est pas pensable. « Dans spectacle vivant, il y a vivant…. Je ne peux imaginer une culture exclusive sur écran, qui prive du lien, du partage, de l’immersion pour le public », explique-t-elle. La démarche du concert suppose un véritable investissement, une envie de rencontrer l’autre. La culture, à travers le spectacle vivant, participe à l’émancipation de l’individu, au développement de son sens critique, et le fait de partager des émotions, des découvertes avec les autres, fait sens.
Sortir de sa zone de confort
Isabelle Sartori estime que consommer des contenus culturels à la maison, derrière son écran, revient à se replier sur soi-même. « Il n’y a pas de partage, pas de vraie discussion. On ne vibre pas de la même manière. Pour elle, aller à un concert, c’est sortir de sa zone de confort, avec à la clé le plaisir de la découverte. Elle se souvient d’ailleurs de spectateurs, qui ont parcouru 30, 40 ou 50km sous une neige glacée pour assister à un Café Jazz. Ecouter juste pour le plaisir, au départ peut-être une musique peu familière, mais qui au fil de l’écoute raconte une histoire qui emporte, c’est cela la magie du spectacle vivant. C’est l’invitation à un voyage auquel on ne pensait pas, forcément.
Les Cafés Jazz bientôt trentenaires
C’est dans une démarche d’ouverture au monde et de découverte de nouveaux répertoires qu’Isabelle Sartori a créé les Cafés Jazz au Lavoir Théâtre en 1992. « Organiser des concerts de jazz, musique peu relayée et peu médiatisée, était un pari fou à relever, mais défricher un terrain vierge était aussi une aventure très stimulante, se souvient Isabelle. L’objectif était, et est toujours, d’ouvrir ces rendez-vous au public le plus large possible, car il n’y a pas d’âge ni de catégorie sociale pour toucher la sensibilité et la curiosité… ». Pour l’instant, elle ne préfère pas s’avancer quant à l’avenir de ses manifestations. Ce qui est sûr, c’est qu’elle espère un « retour à la normal », pour fêter en 2022 les 30 ans des Cafés Jazz, comme il se doit !
