Véronique Leroy : « La photographie animalière apporte une richesse qui va bien au-delà de l’image »

Photographe vosgienne, passionnée de nature et d’images, Véronique Leroy sera l’une des invitées de la 4e édition du festival photo Terre Nature, qui se tiendra à Contrexéville du 12 au 14 septembre. Après avoir longtemps mis de côté son appareil, elle s’est replongée dans la photographie en 2019 et présente aujourd’hui une nouvelle série consacrée aux bouquetins. Rencontre avec une artiste pour qui chaque cliché est une ode à la beauté du vivant.
Vous expliquez avoir mis de côté la photographie pendant 15 ans avant de la reprendre. Qu’est-ce qui vous a donné l’élan pour ressortir votre appareil photo en 2019 ?
« J’aurais bien voulu ne jamais arrêter (rires). J’ai commencé vers 25-30 ans en Bretagne, essentiellement dans le paysage. Puis je suis revenue dans les Vosges pour suivre une formation d’infirmière, et j’ai dû délaisser la photographie, on ne peut pas tout faire en même temps. Un peu avant 2019, j’ai acheté un appareil numérique (avant j’étais en argentique). La photo me permettait de décompresser et d’apprendre à vivre l’instant présent, car quand on photographie, on a une démarche très lente, on est à l’affût du moindre mouvement. Ça permet de s’évader. Je fais aussi un peu de peinture, c’est un autre moyen d’exprimer nos idées et nos valeurs. »
Votre nouvelle série est consacrée aux bouquetins. Pourquoi avoir choisi cet animal et que représente-t-il pour vous ?
« Je trouve qu’ils incarnent la beauté, la puissance, la force, la tranquillité et la sagesse. Ils ont beaucoup de résilience. Ce sont des êtres très sociaux et joueurs. Comme je débute en photographie animalière, c’est un bon sujet car ils sont assez faciles à observer et approcher. Photographier les bouquetins, c’est aussi l’occasion de progresser, de réfléchir à mes cadrages, à la façon d’exprimer ce que je veux. Je vais souvent au Creux du Vent, dans le Jura suisse, où je prends l’essentiel de mes photos. Là-bas, on peut avoir une vraie proximité avec eux. Et puis il y a aussi la magie des rencontres avec les gens qui s’arrêtent pour les observer, parfois plus d’une heure. À terme, j’aimerais élargir mes horizons, aller dans les Alpes ou au Grand Paradis, où vit une grande communauté de bouquetins. Mais pour l’instant, le Jura me convient : c’est proche, et chaque instant est unique. »
Vous avez d’abord travaillé en macro, aujourd’hui vous vous tournez davantage vers l’animalier. Qu’est-ce qui vous attire dans cette évolution ?
« La macro me plaisait car elle permettait de travailler l’abstrait, la profondeur de champ, le flou… Ça m’a aidée à créer mon empreinte photographique. Mais aujourd’hui, je me tourne vers l’animalier : comme je vais bientôt être à la retraite, j’ai plus de liberté. La photo animalière demande de se documenter en amont, de mieux connaître la vie des animaux. Elle sensibilise à l’environnement et à la biodiversité. Cela m’a permis de découvrir énormément de choses, en lisant par exemple Baptiste Morizot ou Frédéric Lenoir, qui écrivent sur le vivant. La photo animalière apporte une richesse qui va bien au-delà de l’image. Elle demande aussi beaucoup d’humilité. »
Vous êtes vosgienne : en quoi vos racines et vos paysages d’enfance nourrissent-ils votre regard de photographe ?
« C’est sans doute mon côté rebelle (rires). J’ai grandi à la campagne, dès que j’ai su marcher, on jouait dehors. Mais au fil des années, les paysages ont beaucoup changé, ils sont plus “instrumentalisés” par l’homme. Je trouve qu’il est urgent de laisser une trace et de militer pour qu’on considère la nature autrement, comme un tout. Je ne dis pas qu’il faut revenir en arrière : on peut être moderne, utiliser l’informatique ou l’IA, mais à bon escient. Internet est une chance : il permet d’accéder à des connaissances scientifiques et de mieux comprendre notre environnement. Tout cela ne devrait pas avoir besoin d’être défendu, mais on doit en parler. Et je pense que ça passe aussi par une approche philosophique. »
Que représente pour vous une participation à un festival comme Terre Nature à Contrexéville ?
« Déjà, c’est dans les Vosges, donc c’est sympa (sourire). Les festivals permettent les rencontres, les échanges, la convivialité. C’est ma deuxième édition à Contrexéville. J’aimerais que les visiteurs retiennent la poésie de mes images, qu’ils posent des questions, que ça suscite des conversations. C’est ma manière d’apporter ma contribution au vivant. Et puis montrer son travail, ça aide à évoluer, ça nous enrichit. »


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