« Paroles d’Hommes » aux Hivernales du Théâtre du Peuple de Bussang

Après avoir dépassé son record de fréquentation cet été avec un programme autour de Shakespeare, le Théâtre du Peuple se prépare pour ses Hivernales. Une dernière pour l’actuel directeur, Vincent Goethals, qui passera la main à l’automne 2017.
Cet été, près de 34 000 curieux ont franchi les portes du théâtre du Peuple. Un record dont est fier Vincent Goethals, son actuel directeur. Lui, qui est amoureux du registre contemporain, avait misé sur le grand écart dans la programmation.
D’un côté, une oeuvre historique shakespearienne, Le Songe d’une nuit d’été, à la fois ludique et onirique, de l’autre, une farce contemporaine décalée avec Lady First, réinterprétation libre de Lady Macbeth. L’oeuvre colorée mettait en scène les dernières heures de la femme d’un dictateur.
” C’était un vrai pari d’oser quelque chose de politique. Les gens ont été surpris, mais selon moi, le théâtre a cette mission là. On est encore trop peu de directeurs de théâtre à le faire, or le théâtre populaire peut être politique, poétique et esthétique. “
Cet engagement, cette volonté d’étonner et ce refus de la facilité sont sans doute la signature de Vincent Goethals. Et pour ses dernières Hivernales, le directeur le prouve encore.
Au programme, une pièce qui s’inscrit d’autant plus clairement dans les faits de société actuels puisqu’il s’agit de L’Enéide d’Olivier Kemeid. Cette épopée contemporaine est un récit des exilés, de ceux qui passent d’une rue à l’autre, traversent les océans et qui sont condamnés à l’errance.
” C’est une belle pièce très ancrée dans l’actualité. Une tragédie antique avec des incursions dans le quotidien. Elle demande un travail physique et musical. Et évidemment, c’est politique “, explique Vincent Goethals.
Dans cette création, les acteurs seront tous issus de l’École Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg. Ces mêmes comédiens monteront sur les planches pour la deuxième partie de la programmation : Les Histoires courtes mais vraies…Ou presque !
À travers 12 portraits, Vincent Goethals donne la parole à des habitants locaux, ” pas des vedettes locales mais des personnes qui ont quelque chose à raconter “. Le directeur a donc recueilli les témoignages d’hommes et de femmes dont il a ensuite réalisé de courtes vidéos.
” Leurs paroles d’Hommes vont donner vie à un monologue théâtralisé. L’idée est que les douze acteurs et les douze metteurs en scène à qui j’ai fait appel se les approprient pour les jouer ensuite devant le public sans avoir vu les vidéos. Une belle leçon de théâtre ! Lors de la représentation, on comparera la réalité au jeu. ”
Et parmi les metteurs en scène invités, il y aura…Simon Delétang, le prochain directeur du Théâtre du Peuple ! “Ce sera l’occasion pour lui de faire ses premiers pas à Bussang “, note Vincent Goethals. ” Je souhaite que la passation se fasse en douceur “.
Simon Delétang : ” Ce théâtre correspond à mes convictions “
Simon Delétang, pourquoi avoir postulé au Théâtre du Peuple ?
S. D. – C’est un lieu magique, unique au monde où l’on n’y vient pas par hasard. Ce théâtre demande une certaine foi. Il correspond à mes convictions. C’est un des premiers lieux où fut rêvé un théâtre d’art pour tous et par tous.Que comptez-vous y apporter ?
S. D. – Ce que je ne ferai nulle part ailleurs : avoir une vingtaine de comédiens sur scène, des animaux, imaginer des formes originales. Je veux y apporter mon énergie, mon goût pour les textes contemporains, ma fantaisie, mon désir de perpétuer cette aventure dans le respect de son fondateur en la tournant vers la modernité.Que pensez-vous du fait de mêler acteurs professionnels et amateurs ?
S. D. – Pour qu’un spectacle soit réellement populaire, il faut qu’une reconnaissance réciproque entre la salle et la scène. J’ai travaillé avec les deux séparément et je rêve déjà de la distribution de ma première création qui permettra une belle mixité.