Jazz dans les vallées : Louis Sclavis et le ballet de clarinettes

Entre musique classique, populaire, jazz et folklore, le quintette de clarinettes Ebony-5t accueille Louis Sclavis, figure de l’improvisation, pour une soirée musicale entre audace et invention, au festival Jazz dans les vallées à Senones le 6 juin.
“Sans public, je m’étoufferais dans ma musique. C’est comme un boulanger qui façonnerait du pain sans le vendre.” Ses doigts arpentent les clés de sa clarinette depuis plus de cinquante ans et pourtant, Louis Sclavis, musicien spécialiste de l’improvisation, “trouve toujours une nouvelle fraîcheur” dans ses mélodies.
Entre tradition et modernité, la figure de proue du free jazz, cabriole d’un univers à un autre, enchaînant rencontres et expériences musicales. Lui qui ne jure que par l’improvisation lorsqu’il joue en solo, a rejoint le quintette Ebony-5t pour un spectacle qu’ils interprètent ensemble depuis maintenant six ans : “les rencontres, c’est quelque chose d’essentiel pour un musicien. Cela permet d’évoluer, de découvrir de nouveaux univers ensemble.”
Depuis leur coup de foudre musical, l’aventure humaine s’est transformée en amitié:“La collaboration a commencé parce qu’ils souhaitaient que l’on écrive un morceau ensemble”, se souvient Louis Sclavis. “On va sans doute continuer d’innover… pour la musique, mais surtout pour l’aventure humaine.”
Se retrouver face à la musique
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Entre improvisation et écriture, les artistes, tous compositeurs pour la plupart, ont mêlé leurs répertoires, “pour tirer les particularités de chacun, jouer ce que l’on n’a pas l’habitude de faire”.
Pour la représentation, Louis Sclavis a composé, d’une manière peu ordinaire: “J’ai pensé en premier lieu à l’instrument, en me basant sur la technique. Je voulais vraiment exploiter la clarinette mais aussi prendre en compte la personnalité de chacun”. Mélodies, rythmes et musiques contemporaines, le clarinettiste a associé tous les ingrédients afin de proposer “quelque chose de nouveau, d’oublier ce qui a déjà été fait”. Sur scène, les six clarinettistes formeront une homogénéité:“Le but, c’est de faire oublier l’instrument, de le surpasser pour que le public ne se retrouve finalement qu’en face de la musique”.
“La musique après tout, c’est fait pour être partagé“
Pour modeler ses compositions, le maestro avoue s’appuyer plutôt sur des moments du passé:“Le souvenir de musiques anciennes par exemple, des mélodies que l’on aime et qui viennent façonner un morceau”.
Pour Louis Sclavis, qu’il s’agisse d’un néophyte ou d’un féru de musique, tout le monde peut y trouver son compte, il n’y a aucune barrière:“La proposition musicale est faite à chacun. Même s’ils n’ont pas l’habitude, à partir du moment où les spectateurs nous font confiance, le plaisir ne sera que plus grand.” Et puis, la présence d’un musicien, sur scène, pour le clarinettiste, fait toute la différence. “On théorise une richesse”, avoue-t-il. Avec un répertoire multiforme, des paysages familiers et des mélodies rythmées, le sextuor d’amis souhaite aussi étonner. “La musique, après tout, c’est fait pour être
partagé.”
Sur la scène du festival
D’autres artistes se produiront dans les vallées. Les Master Class inaugureront le festival le 6 juin. Des musiciens venus de tout l’Est et épaulés par des professionnels proposeront un concert autour du vocabulaire jazz et de l’improvisation. L’ensemble vosgien Bernica emmènera le public dans une déambulation accompagnée de 88 saxophonistes et percussionnistes. Un moment qui promet d’être rythmé et festif avec ce rassemblement de taille. L’ensemble XXI.n entraînera les spectateurs dans son univers, plein de rêves et de perspectives. Enfin, le quatuor des Fils Canouche envoûtera le public par ses mélodies tantôt émouvantes, tantôt énergiques, venues du monde entier. Entre tango et rumbas, ambiance atypique assurée.
Infos pratiques
Festival Jazz dans les vallées. Les 6, 7 et 20 juin.
À voir sur les sites de l’abbaye et du Saulcy à Senones
Résa : 03 29 50 24 68
www.scenes2.org